mardi 10 octobre 2023

Escapade italienne, Naples, 2

 J'ai donc visité le Musée archéologique national en milieu d'après-midi et ces deux heures passées dans ce Palazzo degli Studi, un des palais monumentaux majeurs du centre historique m'ont semblé trop courtes. La richesse des collections provient des fouilles de Pompéi et d'Herculanum ainsi qu'aux antiquités gréco-romaines de la collection Farnèse. Quel bonheur de revoir tous ces chefs d'œuvre : l'Hercule Farnèse de 3 mètres de haut, des bronzes d'Herculanum incroyablement réalistes, des mosaïques trouvées dans les villas romaines de Campanie ainsi que les fresques surtout celles des déesses Flora, Diana, Médée et Léda. Dans une galerie, baptisée "La Grande Grèce", j'ai admiré mes vases grecs toujours aussi illustrés de personnages mythologiques, de scènes quotidiennes et de batailles homériques. Ces vases grecs constituent une magnifique collection de livres d'images fabuleuses en céramique. Des jardins intérieurs permettent de prendre l'air pendant la découverte des nombreuses salles. Le lendemain matin, j'ai subi le premier gros orage du séjour mais cela ne m'a pas gênée car je me trouvais dans le Musée de Capodimonte, installé lui aussi dans un ancien palais, édifié par Charles de Bourbon. Cette pinacothèque de premier plan expose des peintres italiens que j'aime beaucoup : Bellini, Botticelli, Le Caravage, Parmiggiano, Artimisia Gentileschi, Masaccio, Titien, etc. J'ai même revu des Brueghel, des Goya. Un festival artistique magique. Une partie des peintures du Capodimonte se trouve actuellement au Louvre jusqu'en janvier. J'ai pensé à un petit Louvre en arpentant la centaine de salles à ma disposition. L'orage s'est calmé dans l'après-midi et nous avons pris le métro pour découvrir (d'après les guides) la plus belle station d'Europe ! Cette station Toledo réserve une surprise étonnante. L'architecte catalan, Oscar Tusquets, a réalisé un univers futuriste avec des murs bleus traités comme le fond de la mer. En prenant l'escalator, un puits de lumière nous inonde de bleu, le bleu des abysses comme celui de la voie lactée. Je ne voulais pas manquer cette galerie d'art lumineuse et spectaculaire à trente mètres de profondeur. J'ai ensuite traversé les quartiers espagnols, un damier de rues obscures, étroites et à la réputation sulfureuse. Ce quartier populaire touché par le chômage et la pauvreté ne présente pas une image somptueuse de Naples et on peut se balader dans ses rues sans aucun problème d'insécurité. Pour terminer mon séjour napolitain en admirant un dernier Caravage, celui des "Sept Œuvres de la Miséricorde", dans la chapelle de bienfaisance Pio Monte de la Misericordia. Quelle toile stupéfiante où l'on voit la Vierge Marie soutenue par des anges et se pressent autour d'elle des gens du peuple napolitain. Un chef d'œuvre absolu. Naples s'inscrira désormais dans ma mémoire comme une immense ville d'art de l'Antiquité à la Renaissance en passant par le génial Caravage. Mais aussi, Naples, ce sont avant tout les hommes et les femmes de tous âges, tous adorables de gentillesse, qui vivent dans une métropole bruyante, vivante, délirante. L'Italie sans Naples ne serait pas l'Italie. Il manquerait à son identité ce grain de beauté posé sur une terre volcanique de toute beauté.