mercredi 31 mars 2010

Romance nerveuse

Ma dernière lecture de la semaine : j'ai lu jusqu'au bout ce roman avec un plaisir teinté d'interrogation. Camille Laurens a pourtant décrit une situation amoureuse à "bout de nerfs". Comme son roman semble ressembler à sa vie, ce que l'on nomme de l'autofiction, elle décrit sa relation avec un paparazzi parisien (plus jeune qu'elle) déjanté et loufoque, immature et goujat... Les situations crues et les événements amoureux sont décrits avec un détachement d'une lucidité désarmante et humoristique. Elle finira par le quitter (ouf !). J'ai trouvé à la fin du roman cet extrait : "Alors, il y a des livres -n'est-ce donc rien ?- dont la lecture comme l'écriture,loin de nous embarquer ailleurs, nous tirent vers le miroir, vers un lieu où, nous voyant soudain à l'arrêt, saisis dans le cadre,ombres,cernes, rides gravés sur le visage vif-argent de l'enfance,nous pouvons simplement, simplement comprendre notre douleur."
Camille Laurens que j'ai rencontrée dans le cadre d'un festival de littérature est une écrivaine attachante, d'une sensiblité à fleur de peau et d'une écriture originale. A suivre...

Le goût de la lecture

J'aime cette petite collection par son format des éditions Mercure de France. On y trouve une série de titres "le goût de..." : des pays, des villes, de certains animaux, des sentiments. Cette collection fourre-tout d'un coût modique (5,50 euros) propose un titre que j'ai disposé dans ma bibliothèque "le goût de la lecture". Michèle Gazier,un écrivain qui fait partie de mes lectures (car j'aime sa voix discrète et son univers romanesque) a réuni des textes d'écrivains sur la lecture et ses bienfaits thérapeutiques. C'est un hymne à ce passe-temps simple, gratuit, qui ne demande pas un gros investissement et qui demeure un des loisirs à la portée de tous ! Profitons-en tant qu'il y aura des livres...

mardi 30 mars 2010

Paris, 1982

Je parlais dans mon billet précédent de Julien Gracq. Quand je pense qu'il n'a jamais eu le prix Nobel de littérature... Cet écrivain est toujours resté fidèle à son éditeur José Corti, que j'ai rencontré à Paris en 1982. Je vivais à Paris une année sabbatique après la fermeture de ma librairie et j'ai arpenté pendant quelques mois les lieux mythiques de la littérature française. La librairie des éditions Corti faisait partie de ces monuments incontournables. J'ai poussé la porte de sa librairie et j'ai vu ce vieux Monsieur à l'époque, charmant, répondant à mon bonjour tout timide. J'ai acheté un livre et je suis repartie, toute émue. Je voue à à Julien Gracq (et à cette maison d'édition dont l'emblême est "rien de commun") une admiration sans fin et son roman "Le Rivage des Syrtes" publié en 1951 n'a jamais été édité en livre de poche. Je conserve chez moi l'édition originale comme un vrai trésor et la prose de Gracq a un goût et un parfum uniques. Il ne se passe rien dans le livre ou si peu mais quel style, quelle langue ! à lire ou à re-lire tous les 5 ans !

En lisant, en écrivant

J'ai une image récurrente dans ma mémoire en ces temps de politique "médiocre"... J'ai vécu les années Mitterrand et j'en garde un souvenir apaisant et agréable surtout concernant le milieu de la culture et des bibliothèques. Je me souviens de son amour des livres et de la littérature, de ses déambulations dans les rues de Paris pour retrouver ses librairies préférées. Il a pris la décision de la construction de la BNF et j'ai retrouvé dans ma mémoire "littéraire" une photographie de lui dans un avion : il lisait et semblait savourer le livre de Julien Gracq "En lisant,'en écrivant". Il s'est même déplacé pour rendre visite à Julien Gracq dans son Anjou natal... J'imagine mal notre président actuel rendre visite à Jean-Marie Le Clezio ou à Pascal Quignard !!!! Quel dommage...

lundi 29 mars 2010

Aphorismes

J'ai lu ce week-end un recueil de Pessoa "en bref". J'ai relevé quelques aphorismes à méditer :
"il n'y a pas de normes. Tous les hommes sont des exceptions à une règle qui n'existe pas"
"Sois pluriel comme l'univers"
"Ce qu'il faut, c'est que chacun se multiplie par lui-même"
"Ne craignez pas que la société croule sous un excès d'altruisme. Aucun danger de ce côté-là"
"Toutes les phrases du livre de la vie, si on les lit jusqu'à la fin, s'achèvent sur une interrogation"

Mon Nobel de littérature

Le prix Nobel est décerné tous les ans en automme. Cette année, une femme écrivain Herta Muller l'a obtenu. Le public ne la connait pas et je ne l'avais pas lu, non plus. Si le jury me demandait mon avis, je citerai cent fois... Antonio Tabucchi, un écrivain italien fabuleux dont un roman est à lire d'urgence, "Pereira prétend" aux éditions Bourgois. Ce roman raconte la résistance d'un journaliste au salazarisme, fascime portugais et la quête de vérité, d'honnêteté et de courage de ce personnage est un exemple pour tous. Tabucchi a rendu célèbre Pessoa en écrivant des livres originaux sur cet immense poète portugais. Dans mon panthéon personnel, Antonio Tabucchi tient une des premières places et ses réflexions philosophiques sur le temps qui passe mérite toute notre attention ! Le Nobel a quand même honoré Doris Lessing en 2007, très grande dame de la littérature anglaise (j'y reviendrai) et Le Clézio en 2008.

vendredi 26 mars 2010

Une femme écrivain à suivre

Je suis à la trace les sorties de romans en lisant les revues et en consultant les sites qui parlent des dernières parutions. En mars, le site Decître annonce le troisième tome de la suite de "La main du diable" d'Anne-Marie Garat. Le deuxième était sorti en 2009 "L'enfant des ténèbres" et donc le troisième est annoncé "Pense à demain" que je vais me réserver pour les vacances d'été. Attention ces romans contiennent plus de 900 pages à... dévorer ! Quand je parlais de la sélection des écrivains français "à l'honneur" pour une certaine revue, le nom d'Anne-Marie Garat n'est pas cité, ni celui de Nancy Huston, ni celui de Pierrette Fleutiaux, (des auteurs d'Actes-Sud !!!). Quel dommage, car ces trois femmes écrivains que j'apprécie beaucoup, représentent un univers romanesque de grande qualité, ni mièvre, ni violent avec une qualité d'écriture incontestable pour chacune.
Je reviens à la suite de "Dans la main du diable" : fresque historique du début du XXème siècle, personnages forts, courageux, émouvants, écriture flamboyante et belle, descriptions magnifiques, intrigues romanesques prenantes, un condensé de littérature à la portée de tous lecteurs ayant envie de lire à n'en plus finir !
Je suis en attente de lire ce troisième tome avec bonheur et en espérant qu'il sera aussi savoureux que les deux premiers !

Maisons d'écrivains

Je cherche souvent dans mes voyages des traces de littérature. A Lisbonne, j'ai retrouvé évidemment l'immense et génial Pessoa at j'avais l'impression de le rencontrer
dans chaque coin de rue. L'hôtel du centre ville que j'ai choisi, jouxtait un bar que Pessoa fréquentait et une statue en bronze symbolisait sa présence perpétuelle.
J'aime ces atmosphères très littéraires et le but de mes expéditions réside souvent dans ces rêves de retrouver des écrivains que j'aime. J'ai feuilleté récemment un livre sur ce sujet et il existe un site internet consacré aux maisons d'écrivains.
A Chambéry, ma ville adoptive, j'effectue une visite annuelle aux Charmettes, maison ancienne où Jean-Jacques Rousseau venait se reposer et écrire, se promener dans le jardin, cultiver ses plantes aromatiques, philosopher avec Madame de Warens, sa chère amie. Cette maison de campagne, située à deux pas de la ville, dégage un parfum délicieux du passé, de ce 18ème siècle qui nous aura tout donné en droits politiques. J'imagine la silhouette de Rousseau et je sens sa présence en filigrane dans ce lieu silencieux, rare, et magique ! En attendant d'aller faire un tour dans ce lieu précieux, relisez les "rêveries du promeneur solitaire"...

jeudi 25 mars 2010

Hors-série des Inrockuptibles sur la littérature française

J'ai découvert hier un hors-série sur les nouvelles littératures françaises, élaboré par la revue très branchée des Inrockuptibles, que je lis très peu car souvent trop rock et autres pour les jeunes (j'ai déjà un certain âge... avec des goûts musicaux archaïques, la musique classique)! Donc, cette revue s'est penchée sur la question des valeurs sûres en littérature depuis 2000 et ce, à l'occasion du Salon annuel du livre à Paris comme tous les mois de mars depuis 30 ans (et je de grands souvenirs à ce sujet, ayant vévu les débuts du salon du livre quand je travaillais à Paris dans une maison d'édition). Revenons à la revue : où sont nos Proust, Gide, Giono, Colette, Martin du Gard, Aymé, Cocteau, Sartre, Camus, Beauvoir, Yourcenar, Gracq, et tant d'autres (voir le catalogue de la collection La Pléïade) ?
L'équipe de la revue en question a retenu comme "classiques" contemporains : Houellebecq, Toussaint, Cadiot, Ndiaye, Garcia, Jauffret, Mauvignier, Reinhartd, Darrieussecq, Carrère ! Ils ont la quarantaine pour la plupart, édités souvent chez Minuit et j'avoue qu'ils ne font pas partie de mes lectures courantes et si je décide de les lire, leur lecture provoque un malaise "existentiel" surtout pour Houellebecq... Il faut tout de même faire un effort car ils ont un mérite essentiel, c'est de nous faire découvrir les facettes sombres de la vie, de la société contemporaine, du temps d'aujourd'hui qui n'est pas une époque d'optimisme généralisé... Le public semble les bouder car ils ne font pas de grands tirages et la critique littéraire parisienne les adore !
Il y a de temps en temps un grand fossé entre le public et les critiques de livres. C'est pour cela que je me "force" à suivre leurs conseils et je suis souvent déçue en découvrant ces auteurs mentionnés par la revue !

mardi 23 mars 2010

Livres à la télévision

Quelle place pour les livres et la littérature à la télévision ? Pour ma part, je ne vois qu'une émission qui mérite vraiment d'être suivie : c'est "LA GRANDE LIBRAIRIE" diffusée le jeudi soir à 20h35 sur la 5 et rediffusée le dimanche à 9h du matin.
Pour les amateurs de romans et d'essais, François Busnel l'animateur et journaliste-critique littéraire me fait penser à Bernard Pivot et son célèbre et mythique "apostrophes" que je regardais le vendredi soir sur la 2. Le décor en piles de livres de poche , le plateau d'invités souvent éclectique et riche, les questions pertinentes et essentielles du journaliste font de cette émission un rendez-vous hebdomadaire très agréable et je me demande souvent : cela va-t-il durer ? Le public est loin de se précipiter sur ce créneau et je crains beaucoup sa disparition.
Je me souviens d'une excellente émission sur la 5 qui s'appelait le bateau-livre animé par Frédéric Ferney et qui a disparu de nos écrans depuis 3 ans au moins !
Il faut regarder "la grande librairie" pour sauvegarder la place de la littérature à la télé... Sinon, la littérature et les livres disparaîtront du petit écran à tout jamais !

lundi 22 mars 2010

La poésie, encore

Je travaille dans une bibliothèque universitaire quatre jours par semaine, et le mercredi et samedi, il m'arrive de fréquenter les bibliothèques municipales. (!!!)
Cette semaine, j'ai remarqué le grand effort des BM de Chambéry pour célébrer le Printemps des poètes : tables de présentation de livres de poésie, panneaux, affiches, rencontres... Je dis bravo à toutes ces initiatives courageuses car la poésie reste un jardin secret pour beaucoup !
J'ai re-découvert la vieille collection "poètes d'aujourd'hui" de Seghers qui a publié une centaine de titres pour faire connaître au grand public aussi bien les classiques que nos contemporains. Quel éditeur aujourd'hui se risquerait dans une telle aventure ? Aucun ! Donc, savourons nos anthologies avec gourmandise et sortons-les de nos rayons comme l'ont fait quelques bibliothécaires de Chambéry.
j'ai choisi un Pessoa des années 60 et je suis tombée en le feuilletant sur ce beau poème :
"Je sais éprouver l'hébahissement
de l'enfant qui, dès sa naissance,
s'aviserait qu'il est né vraiment...
Je me sens né à chaque instant
à l'éternelle nouveauté du monde."

J'ai donc acheté en librairie le recueil de Pessoa "Le gardeur de troupeaux" aux éditions Gallimard dans l'extraordinaire collection Poésie/Gallimard, collection unique en France, livres blancs, beaux petites livres qui trouvent facilement une place privilégiée dans toute bibliothèque, de la plus petite chez soi à la plus grande !

Roman à lire

Je viens de terminer ce week-end un "pavé", roman américain de Willy Lamb, aux éditions Belfond, "La grâce et le chagrin", vrai roman "populaire" dans le bon sens du terme : un personnage principal que l'on suit tout au long du roman, l'histoire de sa famille et de ses secrets, le tourbillon de l'histoire américaine avec ses événements révélateurs (le massacre de Columbine), des personnages secondaires très attachants, des tourments, des bonheurs, du chagrin et de la grâce au final. Bref, un très bon livre pour se plonger dans un mouvement "romanesque" non mièvre et puissant.
Je rencontre rarement ce souffle dans les romans français qui s'abstraient des actualités politiques et sociales, et même historiques. Les écrivains américains parlent de la société, de notre société avec les difficultés du "vivre ensemble"...
Et j'ai suivi avec beaucoup d'intérêt les destins de femmes dans ce roman (histoire de sa grand-mère, abolitionniste, de sa tante, directrice de prison pour femmes)."La grâce et le chagrin", un très bon roman à lire pendant vos vacances prochaines !

vendredi 19 mars 2010

Hommage à Vieira da Silva

Le tableau qui figure en tête du blog est un tableau de l'artiste contemporaine portugaise Vieira da Silva (1908-1992). Je reviendrai sur cette immense dame de la peinture lyrique abstraite, amie de René Char, et illustratrice de livres dont "l'ode maritime" de Pessoa. Je collectionne tout sur elle : livres, catalogues d'exposition, livres illustrés. Cette peintre me fascine depuis trente ans au moins et j'ai même effectué un voyage à Lisbonne pour visiter sa fondation et voir ses tableaux en "vrai". J'éprouve toujours une grande émotion en me plongeant dans ses blanc, gris,ou rouge, ses lignes horizontales, verticales, son sens de l'espace et ses bibliothèques (dont le tableau ci-dessus).
J'aime sa peinture non tapageuse, non torturée, apaisante et fuyante. Le musée de Grenoble en possède deux. Et quand on s'approche d'une immense toile blanche et grise, Vieira Da Silva a déposé au milieu une toute petite tâche rouge : le coeur saignant de sa toile ou une fantaisie de sa part ?

jeudi 18 mars 2010

Actes Sud, éditeur modèle

Je reviens sur ma liste des romans que j'ai appréciés en 2009 : quelques titres sont sortis aux éditions Actes Sud. Cet éditeur d'Arles est un miracle dans le monde impitoyable de l'édition : il n'est pas parisien, il n'est pas grassement commercial (pas de livres-kleenex, pas de témoignages écrits par une vedette de la télé, pas de livres pratiques sur le karaté ou la cuisine, etc) et pourtant cette maison d'édition apparue dans les années 80 s'en sort divinement bien !
Hubert Nyssen le "directeur" et créateur de cette prestigieuse maison a découvert Berberova, Auster, Nancy Huston, et son catalogue contient des titres incontournables pour les amateurs de littérature.
j'ai regardé sur la 5 une émission sur Hubert Nyssen, émission passionnante et émouvante sur cet homme "éclairé" et amoureux des textes et des idées. Pour ma part, je surveille sur leur site internet les sorties de ces livres dont la couverture illustrée et la qualité du papier sont remarquables.
Je lis les carnets d'Hubert Nysssen sur son blog que vous trouverez facilement sur le site de sa maison d'édition. On le suit jour après jour dans ces carnets qui retracent sa vie d'éditeur, ses rencontres, sa vie quotidienne avec ses souffrances physiques liées à l'âge et on se promène à Arles et dans ses environs pour notre bonheur !

mardi 16 mars 2010

la bibliothèque de Taormine

Je suis comme vous l'avez constaté dans mon blog une bibliothécaire... Je ne sais pas si ce métier est toujours d'actualité mais il faut bien encore s'occuper des livres qui sortent chez les éditeurs et qui ensuite ont une vie éternelle dans nos bibliothèques. Malgré quelques opérations de "désherbage" pour faire de la place pour d'autres invités, les livres ont une durée de vie incroyable dans nos murs...
En pensant aux bibliothèques, j'ai visité en 2005 une petite bibliothèque... de rêve !
Les touristes étaient tous agglutinés dans les places et les rues de ce village sicilien en bord de mer, un "Saint-Trop'" avec une vue panoramique sur la mer. Je me suis approchée d'un bâtiment public, une ancienne petite chapelle et je suis rentrée : c'était la petite bibliothèque municipale de Taormine. Des fresques anciennes circulaient le long des murs, des étagères en bois étaient remplies de livres, des tables en bois attendaient leurs lecteurs, des fenêtres donnaient sur la mer et pas un seul touriste à l'horizon ! J'ai rêvé un moment que j'en étais la responsable, que tous les jours , j'avais la mer à mes pieds, le calme et le silence et cette chapelle transformée en bibliothèque m' a semblé la plus belle de toutes celles que j'avais visitées, la BNF à Paris y compris !

Extrait du jour à méditer

De Pascal Bruckner dans son ouvrage "L'euphorie perpétuelle"
"Le luxe aujourd'hui réside dans tout ce qui se fait rare : la communion avec la nature, le silence, la méditation, la lenteur retrouvée, le plaisir de vivre à contretemps, l'oisiveté studieuse, la jouissance des oeuvres majeures de l'esprit, autant de privilèges qui ne s'achètent pas parce qu'ils sont littéralement hors de prix.(...) Se dépouiller peut-être, préférer sa liberté au confort, à un statut social arbitraire mais pour une vie plus vaste, pour retourner à l'essentiel au lieu d'accumuler argent et objets comme un barrage dérisoire contre l'angoisse et la mort."
Je suggère que ce texte soit au programme des "politiques" qui ne nous "enchantent" guère...

lundi 15 mars 2010

Le printemps des poètes

En mars, revient le printemps des poètes. Cette année, la manifestation met à l'honneur Andrée Chédid et des femmes poètes pas très connues du grand public.
Lire de la poésie demeure un acte singulier et rare aujourd'hui : les élèves heureusement grâce à leurs chers professeur de français continuent de lire Rimbaud, Hugo, Lamartine, bref les classiques.
Parmi nos contemporains, j'avoue une grande attention et une grande admiration pour... René Char : je lis ces poèmes souvent "incompréhensibles" et c'est cette dimension mystérieuse qui m'attire ! je cherche à comprendre car si tout est dit trop simplement, à quoi bon le lire ?
C'est un poète-philosophe lumineux, ami de Camus et de tant d'artistes et plus je le lis, plus je le considère comme notre plus grand contemporain en poésie.
J'aime d'autres poètes : Jean Follain, Francis Ponge, Jean Tardieu, Pierre Reverdy, poètes des années 50 en France et louant la beauté du quotidien, des objets, de la vie simple. Mais Char, c'est un sommet pour moi et comme je ne suis pas une randonneuse experte, je m'accroche à ces pages et de temps en temps, je vois des paysages de mots à couper le souffle !

Alberto Manguel, un fou de livres

J'ai rencontré cet étrange écrivain lors d'une conférence qu'il donnait à Chambéry dans les années 90 et il m'avait dédicacé son ouvrage qui venait de sortir "Histoire de la lecture" chez Actes-Sud. Quand je lui ai avoué que j'étais une "modeste" bibliothécaire, il a écrit "pour M..., qui organise la mémoire du monde".
Mes métiers de libraire et de bibliothécaire m'ont permis évidemment d'organiser la mémoire du monde, de rencontrer des livres et des auteurs (j'y reviendrai plus tard dans mon blog) et surtout d'admirer des figures originales et atypiques. Les excercices d'admiration semblent plus que démodés de nos jours : il vaut mieux persifler et se moquer, dénigrer et ironiser en ces temps culturels un peu légers. J'aime parler de ces hommes et de ces femmes "éclaireurs" et "passeurs" de vie. Lisez donc Alberto Manguel et ses livres très originaux et très "savants" sur la lecture, sur les bibliothèques (La Bibliothèque, la nuit). Il possède chez lui plus de 30 000 ouvrages, et quand on voit des photos de sa grange aménagée en bibliothèque, on se croirait dans une abbaye du Moyen Age !

vendredi 12 mars 2010

Comment ranger sa bibliothèque ?

je suis souvent étonnée quand je découvre l'absence de livres dans les maisons ou appartements... Comment font-ils pour vivre sans livres ? C'est un mystère !
Mon salon possède un mur de livres, une muraille de mots, de phrases, de papier : ces ouvrages réunis composent un univers de couleurs chaudes et rassurantes.
Les Gallimard en enfilade, les guides de voyages réunis, les écrivains singuliers sur une étagère, ma collection des Robert Morel (éditeur provençal des année 60 que je collectionne), mes Pléaïdes qui m'attendent pour une lecture de "retraitée", des livres placés de face pour admirer les couvertures richement illustrées, tous ces livres (au moins 500 depuis que j'ai allégé ma maison en vendant, donnant, offrant des centaines d'autres livres) deviennent un décor chaleureux, intelligent, consolant et stimulant. Et quand je pense que certaines personnes (même des professionnels du livre)s'imaginent que nous allons les remplacer par des ordinateurs de poche... Que vont devenir nos murs ? Allons-nous afficher des kindles, des ipads sur nos murs ? Avouons que l'on va mourir d'ennui si nos murs et... nos âmes perdent cette chaleureuse compagnie !

jeudi 11 mars 2010

Palmarès 2009

Je vais donner mon palmarès des meilleurs livres de 2009 dans ce blog.
Mais avant de travailler sur ce palmarès , connaissez-vous la liste des meilleurs livres de la revue Lire sortie en janvier 2010 ?
Souvent, cette liste m'apporte de bonnes idées de lecture !
En 2010 : le jury a retenu dans la catégorie des romans :
* "et que le vaste monde poursuive sa course folle" de Colum McCann
* "D'autres vies que la mienne" d'Emmanuel Carrère
* "Exit le fantôme" de Philip Roth
* "L'énigme du retour" de Dany Laferrière
* "Chez nous" de Marilynne Robinson
* "Démon" de Thierry Hesse
* "La solitude des nombres premiers" de Paolo Giordano
* "Le temps vieillit vite" d'Antonio Tabucchi.

Dans cette liste, j'en ai lu cinq sur huit et vraiment le comité avait raison de les choisir !

Si j'avais fait partie du comité de sélection, j'aurais proposé en plus des cinq romans déjà lus :
* "la couronne verte" de L. Kasische
* "Une éducation libertine" de Jean-Baptiste Del Amo (Premier roman)
* "Avant que la pluie ne tombe" de Jonathan Coe
* "Le pont des soupirs" de Richard Russo
* "Retrouvailles" d'Anne Enright
* "Le sens de la famille" de Homes
* "Refaire le monde" de Julia Glass
* "Pierres de mémoire" de Kate O'Riordan
* "Portrait de l'artiste en hors la loi" de Fiona Capp
* "Chansons sans paroles" d'Ann Parker

Je remarque dans cette liste de 10 titres de romans que j'ai appréciés en 2009 un point commun : à part le roman extraordinaire de Jean-Baptiste Del Amo, je lis de la littérature étrangère à dominante anglo-saxonne ! est-ce un hasard ?

Je reviendrai sur mes coups de coeur de l'année 2009 en précisant certaines anecdotes concernant cette liste...

Revue de presse

En feuilletant la revue hebdomadaire Le monde 2, j'ai découvert un article sur Marguerite Yourcenar. Il est rare de trouver des articles de littérature dans cette revue assez nouvelle dans le panorama des hebdos français. En fait, cet article très complet coincide avec la journée internationale des femmes et Marguerite Yourcenar est entrée à l'Académie française en 1980 (30 ans déjà) en tant que "grand écrivain" et elle fut la première femme à bousculer la tradition phallocratique de cette vénérable institution ! Donc, cet article est à lire et il vous donnera envie de découvrir cette écrivaine singulière et secrète qui vous transporte dans des temps du passé comme s'il s'agissait d'un présent éternel ! à lire surtout "les mémoires d'Hadrien", "L'oeuvre au noir" et ses souvenirs autobiographiques "Le Labyrinthe du monde" en 3 tomes. C'est une oeuvre exigeante, mais très abordable et lire Yourcenar, c'est se transporter dans un ailleurs temporel fascinant !

mardi 9 mars 2010

Souvenir d'Albert Camus

Récemment, le Président de la République voulait honorer la mémoire d'Albert Camus en proposant le Panthéon, aux côtés de Victor Hugo, Jean Moulin, Pierre et Marie Curie, etc. Pourquoi pas ? Il le mérite évidemment et cet événement aurait créé un engouement encore plus solide pour les jeunes en particulier ! Mais, un souvenir a surgi dans ma mémoire : dans les année 80, je visitais le Lubéron et j' ai tenu à m'arrêter sur la tombe d'Albert Camus à Lourmarin. J'ai pris la direction de sa tombe après avoir rencontré le gardien du cimetière et j'ai découvert, éberluée, un espace d'une simplicité et d'une sobriété étonnantes pour ce grand écrivain : il était là avec sa femme Francine et devant mes yeux, une couverture de lavande ( ou de laurier-rose) et je me suis dit que vraiment, Albert Camus ne voulait pas déménager dans la capitale malgrè les honneurs et qu'il préférait de loin, le calme, la sérénité et la beauté de Lourmarin...

lundi 8 mars 2010

Revue de presse

En feuilletant la presse hebdomadaire, je suis tombée sur un article concernant le dernier ouvrage de Régis Debray, intellectuel français très attachant dans le panorama des idées depuis 50 ans ! Cet intellectuel ronchon, en colère sur notre déliquescence actuelle dénonce l'effet zapping de la culture et défend mordicus les valeurs de l'écrit et de la lecture. Grand républicain, obsédé par la sauvegarde de cet immense conquête "civilisationnelle" que l'on nomme "éducation", Régis Debray nous livre un message tonique et optimiste dans cet article du Point du 3/03/2010: "Pour sauvegarder votre capacité à être vous-même, faites de l'histoire, sortez de vos frontières et lisez des livres : plus vous maîtriserez les mots, plus vous jouirez des images."

Pascal Quignard

"Le livre est un morceau de silence dans les mains du lecteur : celui qui écrit se tait, celui qui lit ne rompt pas le silence."

jeudi 4 mars 2010

Des bibliothèques pleins de fantômes

Ce livre de Jacques Bonnet sur les bibliothèques singulières possède en exergue une phrase de Charles Nodier "Après le plaisir de posséder des livres , il n'y en a guère de plus doux que d'en parler". C'est le but exclusif de mon blog !
Cet ouvrage fourmille d'anecdotes érudites et aussi humoristiques sur ces fous et folles qui ne vivent que par les livres et les bibliothèques. Plongez-vous dans ce petit livre original et exquis ! Cela devient rare de nos jours...

phrase du jour

"Les livres sont essentiellement inutiles, c'est pour ça qu'on les aime tant"

presse littéraire

Je lis beaucoup mais comment choisir des bons romans ?
quelques pistes faciles :
la rubrique livres de Télérama, le cahier livres de Libération du jeudi, le Monde des Livres du vendredi, la revue Lire, Le Magazine littéraire, la Quinzaine littéraire, le Matricule des Anges, les rubriques littéraires des hebdos (Le nouvel Observateur, Le point, L'express)
Je butine les informations dans ces revues que je feuillette très souvent pendant le week-end et je trouve là des pistes de lecture. C'est un loisir très agréable de chasseur de primes ! et je note dans un carnet toutes mes trouvailles que je cherche dans les bibliothèques municipales, les librairies locales et internet et que je ne trouve pas toujours !
Que lisent les bibliothécaires chargés des acquisitions en bibliothèque ? J'espère qu'elles ne se contentent pas que de... livres-hebdo !

le 8 mars, journée internationale des femmes

le 8 mars n'est pas un jour comme les autres : c'est un jour anti-fête des mères !
C'est la journée des féministes, des femmes qui ne supportent pas l'injustice, les inégalités sociales, les femmes battues, violées, bref les femmes vaincues.
alors, il faut vivre résolument en "féministe" et je pense à deux femmes qui m'ont profondément influencée : Virginia Woolf et son essai "une chambre à soi", magnifique plaidoyer sur la femme créatrice et empêchée de l'être par manque d'espace à soi et la grande Simone de Beauvoir qui par ses romans et essais m'a appris le combat féministe.
je reviendrai dans ce blog sur la littérature dite "féminine" en évoquant les écrivaines à connaître et à lire ou relire.

lundi 1 mars 2010

le Festival du premier roman de Chambéry

Deux par mois, à la BU de Jacob, un groupe de lecture se retrouve (6 étudiant(es) et 2 bibliothécaires) pour échanger sur des premiers romans. En 2009-2010, la récolte s'est avérée un peu "maigre". Pour ma part, je n'ai pas eu un seul vrai coup de coeur.
Ce week-end, j'ai lu un roman d'Ariane Bois "Et le jour pour eux sera comme la nuit" sur le thème d'un suicide du fils aîné de la famille et les conséquences de cet acte inexplicable et tragique dans cette famille anéantie. Ce roman aborde la question du deuil, de la personnalité mystérieuse du jeune homme. Tout au long du roman, les personnages se posent sans cesse la question "aurais-je pu éviter cette catastrophe ?"
C'est donc un premier roman attachant, bien écrit sans trop de pathos.

marque-pages ?

j'ai baptisé ce blog "marque-pages" après avoir hésité : biblioteca, livraisons, des livres et nous.
Et un objet courant, simple et familier a surgi dans ma tête : un marque-pages ! Je les collectionne depuis longtemps et il y en a un que j'aime particulièrement. Il est en cuir, il vient d'Oxford et surtout c'est un cadeau de mon fils !