jeudi 20 janvier 2011

Philosophie sentimentale

Cet essai, primé à la rentrée, est une invitation agréable pour s'introduire en douceur dans le monde parfois austère de la philosophie. Frédéric Schiffter nous offre une conversation en nous racontant des anecdotes très significatives sur quelques philosophes et écrivains qu'il apprécie tout particulièrement : Nietzsche, Pessoa, Proust, Schopenhauer, Montaigne, Chamfort, Freud, Rosset. Le style de Schiffter ne ressemble en aucun cas au style obscur, souvent incompréhensible de la prose philosophique. Cet essai peut convenir à tous ceux et celles qui n'osent pas lire de la "philosophie" par intimidation et complexe intellectuel. Ce livre vous apportera un "éclaircissement" limpide et lumineux sur ces quelques philosophes et écrivains. Dans l'introduction, j'ai relevé un passage sur Biarritz, ma deuxième résidence. Frédéric Schiffter raconte son "atterissage" dans cette ville un peu par hasard dans les années 70. Je cite ce passage : "Mon Biarritz n'est pas le Lisbonne de Pessoa, mais de ce lieu de villégiature estivale bordée au nord par le palais de la princesse, et au sud par le château du capitaine Nemo, alias le baron Albert de L'Espée,j'ai fait ma capitale, et aussi le labyrinthe balisé de mes flâneries ; son atmosphère de station balnéaire fantôme durant l'hiver ; ses vieux hôtels de luxe ; ses modestes pensions ; ses modestes maisons de pêcheurs aux murs salpêtreux ; ses imposantes demeures des années trente construites par des milliardaires cosmopolites ; ses rues et ruelles pentues ; ses lacets piétons qui serpentent le long des plages ; ses rochers et ses falaises attaqués par la houle ; ses tamaris éventrés et tordus par le vent salé mais toujours debout ; ses longs boulevards de sable mouillé qui semblent menés aux Pyrénées par marée basse ; cette ville , oû les tempêtes défraient la chronique davantage que les intempéries géopolitiques de la planète, réunissait pour l'orphelin que j'étais toutes les conditions propices à cultiver son desassossego." Ce Biarritz qu'il décrit si bien ressemble à mon Biarritz qu'il ne faut pas confondre avec une ville, hélas, aujourd'hui envahie par des touristes qui râlent à la moindre goutte de pluie ! J'aime aussi l'esprit de ce livre, teinté de désenchantement, de lucidité et d'intelligence. Il parle de cette vie "paresseuse" qu'il mène grâce à son métier de professeur de philosophie... J'aimerais bien le rencontrer ce "prof de philo" quand je me promène au bord de la mer à Biarritz et que je respire un air iodé et tonique tout en admirant la force dynamisante des vagues basques. Un jour, je le rencontrerai peut-être sur nos chemins de sable... En attendant ce moment hasardeux, je peux retrouver sa "bonne compagnie" en découvrant sa philosophie.