lundi 17 février 2014

Rubrique cinéma

J'ai toujours eu un "petit faible" pour Nicole Garcia, une actrice émouvante et une réalisatrice sensible. J'ai donc vu et beaucoup apprécié son dernier film "Un beau dimanche". Son personnage central, Baptiste, est un jeune homme silencieux, solitaire et mystérieux. Instituteur itinérant dans le Sud de la France, il fuit les relations sociales et ce statut lui convient très bien. Un jour, il recueille un élève oublié par un père négligent à la sortie de l'école. Ce père irresponsable lui laisse la garde de l'enfant et Baptiste le conduit vers sa mère, serveuse dans un restaurant en bord de mer. Sandra décide de garder son petit garçon. Mais, elle a des problèmes de dette à régler, une somme importante qu'elle est loin de détenir. Un trio familial commence à se former : Baptiste s'occupe de l'enfant et commence à aimer Sandra. La jeune femme observe avec étonnement cet homme discret, distant et tellement différent des hommes qu'elle côtoie.  Elle découvre qu'il prend des cachets antidépressifs et quand il lui propose de l'aider à rembourser cette dette empoisonnante, elle accepte de partir avec lui. Baptiste traverse la France pour rejoindre sa famille, une grande famille bourgeoise et riche, avec laquelle il a rompu tous liens depuis 10 ans. C'est le moment le plus fort, le plus intense et le plus intéressant du film. Baptiste, un jeune homme brillant, programmé pour les grandes écoles et une carrière d'industriel, a tout lâché en interrompant ses études. Sa famille n'a rien compris à ce renoncement et l'ont enfermé dans une institution psychiatrique. Baptiste s'est ensuite marginalisé et a rompu avec les siens. Il retourne chez eux pour sauver Sandra, et leur demander une part de son héritage. Nicole Garcia décrit le fossé infranchissable qui s'est creusé entre le fils déclassé et le clan de ceux qui forment l'élite financière du pays, les grands décideurs économiques... Baptiste a trop changé pour supporter ce monde éternellement gagnant et arrogant. Il choisit Sandra et sa simplicité, Sandra et son innocence, Sandra qui le sauve de sa dépression chronique par l'amour retrouvé. La belle présence de Louise Bourgoin, le mal-être de Pierre Rochefort, la candeur du petit garçon servent au mieux ce beau film qui fait le procès de la famille, une famille intolérante, étouffante et clanique à l'excès...