vendredi 10 octobre 2014

Patrick Modiano

Quand j'ai appris la nouvelle vers 13h, j'étais assez étonnée de voir décerner le prix Nobel de littérature à Patrick Modiano, le quinzième écrivain français à recevoir cette consécration universelle. Après Le Clézio en 2008, son frère en littérature, (en mentionnant leur âge, une génération née après la guerre de 39), la littérature française  n'est pas moribonde et se porte très bien. J'ai lu pratiquement toute son œuvre depuis 1968 : de "La Place de l'Etoile" à "Rue des boutiques obscures" (prix Goncourt en 1978), de la "Villa triste" à "Livret de famille", du "Vestiaire de l'enfance" à "Des inconnues", de "Fleurs de ruine" à "Dora Bruder", tous ces titres parlent d'eux-mêmes et décrivent la planète modianesque. J'ai lu son entretien dans Télérama et je cite dans ce passage les thèmes qui obsèdent l'écrivain : "la disparition, les problèmes d'identité, l'amnésie, le retour vers un passé énigmatique." Plus loin, il évoque son enfance dans un milieu trouble, dans un Paris occupé et une France d'après-guerre. Un journaliste qualifie Modiano, "d'archéologue de la mémoire", et son œuvre entière repose sur cette "recherche du temps perdu", avec un style très impressionniste. Quand on commence à lire un de ses romans, on ressent un charme désuet, nostalgique et il nous entraîne dans une déambulation urbaine où des personnages insaisissables ont vécu dans des quartiers fantasmatiques. Toujours dans cet excellent article de Télérama, Patrick Modiano évoque le travail de l'écriture : "Ce que j'aime dans l'écriture, c'est plutôt la rêverie qui la précède. (...) il y a un côté anachronique dans l'écriture, la lenteur qu'elle suppose, alors même que tout va tellement vite aujourd'hui, tout s'est accéléré autour de l'écrivain, qui, lui, continue à son rythme". Je suis donc agréablement surprise de ce prix Nobel 2014 et cette distinction permettra à de nombreux lecteurs(trices) de découvrir un classique contemporain, un homme modeste et vrai et quand on le voit dans les médias, où il exprime son étonnement d'avoir été choisi,  je me dis que la littérature est enfin à l'honneur (et aussi l'éditeur Gallimard)...