jeudi 31 mars 2011

L'amour est une île

Claudie Gallay a trouvé un titre "romanesque" à souhait. Ce n'est pas un roman "à l'eau de rose" et même s'il traite de l'amour avec un grand A, les personnages, Jogar, la comédienne célèbre et Odon, le metteur en scène, pourtant amoureux l'un de l'autre, n'arriveront pas à se retrouver à Avignon à l'occasion d'un retour sur scène de Mathilde, dit la Jogar. Entre eux un secret un peu honteux, un plagiat d'un texte de Paul Selliès, écrivain maudit. La soeur déjantée de Paul Selliès est un des personnages forts et sans concession du roman. Elle découvrira au fil du texte la vérité sur son frère qui n'a pas attendu le coup de fil positif de son futur éditeur, Odon Schnabel. Un écrivain débutant peut se révèler d'une fragilité dramatique : Paul Selliès se supprimera. Le livre aborde largement le thème du Festival d'Avignon et de la grève des intermittents du spectacle. Claudie Gallay compose une concerto avec ses phrases et ses chapitres très courts et elle utilise la technique stylistique du théâtre pour nous plonger dans l'ambiance festive, fièvreuse et fabuseuse du Festival, ce festival unique au monde. L'amour circule, le désamour entre les êtres, aussi. Des beaux portraits de femmes hantent le roman (surtout Isabelle qui retrace le passé mythique d'Avignon avec Gérard Philippe et Marie, la jeune soeur de l'écrivain disparu). Ce roman avait été remarqué à la rentrée littéraire de septembre 2010 et il mérite toute l'attention des lecteurs qui aiment le théâtre, des personnages attachants, fragiles et forts à la fois, une atmosphère magique comme celle d'Avignon, sa chaleur étouffante l'été et son culte des spectacles vivants.
Claudie Gallay fait partie encore de cette très bonne et très belle maison d'éditions : Actes Sud !
A lire de Claudie Gallay : "Seule Venise" (collection poche Babel), et surtout "Dans l'or du temps" collection Babel

mardi 29 mars 2011

Rubrique cinéma

En mars, j'avoue que le printemps me pousse à déserter les salles de cinéma et je préfère paresser dans mon petit jardin pour observer le cerisier qui pointe ses adorables fleurs blanches et l'explosion solaire des forsythias... Le cinéma en mars se résume en deux séances : un film américain du circuit indépendant, une petite production qui passe en salle confidentielle et une comédie française, "Ma part du gâteau". Le premier, "Winter's bones" raconte l'histoire d'une adolescente, qui se bat pour retrouver la trace de son père. Ayant fait de la prison pour trafic de drogue, il ne donne plus signe de vie depuis sa sortie. La jeune ado prend sa fratrie en charge ainsi que sa mère très malade. Si son père ne se présente pas devant un tribunal, la maison familiale sera saisie. Il faut aussi qu'elle prouve la mort de son père pour mettre fin à cette saisie. Le film est très glauque, dans une atmosphère hivernale très sombre d'un coin perdu de l'Amérique... L'histoire se terminera mieux qu'elle n'a commencé. La scène de la découverte des "os de son père" assassiné pour réglement de comptes saisit le spectateur d'effroi. Le personnage principal est par contre extraodinaire de générosité, d'altruisme pour sauver sa famille et sa maison. Beau film surprenant mais glacial... Heureusement, la jeune fille représente l'espoir et un avenir meilleur.
Le deuxième film est une comédie française, une critique sociale : "Ma part du gâteau" de Cédric Klapisch. On rit et on sourit avec Karin Viard, ouvrière licenciée à Dunkerque. Elle trouve un emploi de femme de ménage chez un trader caricatural de machisme, d'inhumanité, d'égoïsme et de vampirisme financier... France, le personnage de Karin Viard, essaie de le rendre un peu plus sympathique en l'éduquant mais quand elle se rend compte du cynisme du trader (c'est lui qui a ruiné et délocalisé l'usine), elle enlève son enfant pour se venger... Générosité du prolétaire face à la cécité sociale des "spéculateurs" qui jouent avec la vie des "travailleurs", la mondialisation, dénoncée et l'argent roi, vilipendé : le fim fait du bien aux spectateurs et les acteurs sont crédibles dans leur rôle respectif. Un bon moment de détente...

lundi 28 mars 2011

Les insurrections singulières

Ce titre de roman recèle un mystère que le lecteur a envie de découvrir... C'est l'histoire d'Antoine, mal dans sa peau, ayant raté ses études. Il travaille à l'usine et renoue avec son identité ouvrière. Mais, Antoine ressent un malaise et une inquiétude sur son "devenir". Pour lui, travailler dans une usine, c'est mourir à petits feux... Il a observé ses parents ouvriers, leur vie de couple "durable", simple et aimante. Lui veut un autre destin. Après une rupture douloureuse, Antoine revient chez ses parents et rencontre un bouquiniste, passionné de livres rares et qui va jouer un rôle majeur dans sa vie. Antoine ne lisait pas, avait peur de ce monde inconnu et voilà notre personnage transformé par cette amitié : "Il est parti au camion, en est revenu avec une petite caisse en bois, façon vieille malle de voyage. Il la tenait bien serrée contre lui. (...) Il a ouvert avec précaution. Ils étaient là, bien rangés, ses livres, chacun enveloppé de papier cristal. C'étaint ses éditions rares. Celles qu'il ne sortait du camion que si un vrai connaisseur le lui demandait. Ce n'était pas rien, de me montrer son trésor. Je mesurais le geste, de me montrer son trésor. (...) D'abord l'admiration, une fois retirées les protections transparentes, devant les exemplaires magnifiques que j'avais sous les yeux. Puis, cet étrange effet : poser mes doigts sur les reliures en veau patiné, les dorures à l'or fin. Le sentiment d'avoir droit enfin, d'un coup, à ce qui est rare, à ce qui est beau." Antoine découvre une dimension, une "insurrection singulière", celle de découvrir après l'amour, le goût des livres... Il se sent en "décalage" avec les autres et grâce à Marcel, le libraire, Antoine va entreprendre un voyage au Brésil qui va le libérer de sa rage, de sa colère. Les mots vont naître, les sentiments vont re-naître, sa vie va reprendre un cours en harmonie avec ses rêves d'origine. Ce qui est remarquable dans ce roman de Jeanne Benameur, c'est le style mi-réaliste, mi-poétique du récit comme une longue mélopée traversée de pépites coléreuses sur la condition humaine, celle des perdants, des modestes, des vaincus. Un beau roman à découvrir et une femme-écrivain qui possède un style unique, qui peut déranger des lecteurs mais qui frappe, cogne, et réveille...
Encore un livre des Editions Actes Sud ! Et quel titre ! "Les révolutions sont d'abord intérieures. Et parce que "On n'a pas l'éternité devant nous. Juste la vie." (Extrait du résumé de la 4ème couverture)

vendredi 25 mars 2011

Un best-seller scandinave

En général, j'évite d'employer des mots anglais car j'estime que notre belle langue française est assez riche pour parler des choses et des êtres. Best-seller, ouvrage en tête de liste des ventes en librairie, succès auprès du grand public, exemplaire réservé en bibliothèque par de multiples lecteurs, objet convoité sur les sites internet de "marchandage" : un livre que je n'ai pas l'habitude de lire. Si j'observe la liste du Nouvel Observateur, je remarque les cinq premiers titres, les livres-stars du Virgin Megastore : "Dôme" de Stephen King, "Faute de preuves" de Coben, "Le Caveau de famille" de Katarina Mazetti, encore "le Dôme", tome 2, et le cinquième, "L'enfant allemand" de Camilla Läckberg. Sur les cinq premiers de la liste, quatre ouvrages sont des romans policiers...
J'ai lu le Camilla Lackberg, ce policier s'inscrit dans la vague "scandinave" de la collection Actes noirs d'Actes Sud. Les lecteurs éprouvent le besoin de "prendre l'air" en ces temps un peu sombres de l'actualité. Alors, je m'octroie aussi des moments de pure distraction, de délassement intellectuel. L'intrigue est assez simple, ce n'est pas glauque, ce n'est pas malsain, le sang ne dégouline pas comme dans certains policiers. Les personnages ressemblent un peu à tout le monde, vivent comme tout le monde, se posent des questions comme tout le monde, etc. Et on en vient au culte du secret, un secret ancien de 60 ans d'âge, pendant la Seconde Guerre Mondiale, et des meurtres à répétition. Un style vif et efficace, une atmosphère conviviale, des histoires de couples recomposées, des secrets de famille, des policiers sympas et brouillons : ces ingrédients composent un roman policier honnête qui se lit avec plaisir. La collection Actes noirs fait partie du panorama littéraire, genre polar. On y trouve le label de qualité de cette maison d'édition que j'apprécie toujours autant.

jeudi 24 mars 2011

Milan Kundera "pléïadisé"

La presse littéraire nous annonce la sortie des oeuvres de Milan Kundera dans la collection littéraire la plus prestigieuse, la Pléïade".
Certains critiques se posent la question de la légitimité "littéraire" de Milan Kundera pour paraître dans cette collection qui consacre pour "l'éternité" une oeuvre littéraire portant le label "classiques contemporains". Dans la revue Transfuge de ce mois, un grand dossier analyse cette "pléïadisation" pour Kundera, qui à 81 ans, se voit publier "de son vivant" aux côtés de Sartre, Giono, Mauriac, Yourcenar, etc.
Je me contenterai pour ma part de parler de ses romans et de ses essais qui ont accompagné ma vie de lectrice. Je l'ai donc lu dès ses premiers romans édités chez Gallimard en 1967 et j'ai toujours suivi ce "maître" à chaque publication, romans et essais. Cet accompagnement fidèle et régulier m'ont "éduquée" et m'ont souvent rendue plus lucide sur le monde communiste et les relations humaines en génèral. Dans le cahier Livres de Libération, le journaliste Philippe Lançon rend compte de cet effet Pléïade complétement mérité pour Kundera. Je vous livre cette phrase de Milan Kundera qui résume une de ses obsessions, l'âge lyrique : "Un lyrique s'identifie toujours à ses sentiments. L'attitude antilyrique, c'est la méfiance face à ses propres sentiments et face à ceux des autres. L'attitude antilyrique, c'est la conviction qu'il y a une distance infinie entre ce qu'on pense de soi-même et ce qu'on est en réalité ; une distance infinie entre ce que les choses veulent être ou pensent être ce qu'elles sont. Saisir ce décalage, c'est briser l'illusion lyrique. Saisir ce décalage, c'est l'art de l'ironie. Et l'ironie, c'est la perspective du roman."
Les essais de Milan Kundera sur la notion de roman européen et de culture européenne sont à lire sans tarder. Il me semble nécessaire de lire et de relire cet écrivain qui a toujours signifié pour moi l'excellence de la pensée européenne. J'étais tchèque comme lui jusqu'en 1981, date de sa naturalisation française accordée avec joie par François Mitterrand... Je compte acquérir ces deux Pléïades en librairie pour me replonger dans cette oeuvre si importante pour tous les amoureux de littérature. Et quand je pense que cet écrivain majeur n'a toujours pas reçu le Prix Nobel de Littérature... C'est incompréhensible !
je vous renvoie au bon article de Wikipédia et vous rappelle la chronologie de ses parutions :
1967 : La Plaisanterie
1968 : Risibles amours
1973 : La vie est ailleurs
1976 : La Valse aux adieux
1978 : Le Livre du rire et de l'oubli
1984 : L'Insoutenable Légèreté de l'être
1990 : L'Immortalité
1995 : La Lenteur
1998 : L'Identité
2003 : L'Ignorance

Essais
1986 : L'Art du roman
1993 : Les Testaments trahis
1993 : D'en bas tu humeras des roses, illustrations d'Ernest Breleur
2005 : Le Rideau
2009 : Une rencontre

Bonnes, très bonnes lectures et re-lectures...

mardi 22 mars 2011

Le cabinet de lecture

Ce joli titre concerne une petite collection des Editions L'Escampette, collection originale et trés sympathique, dirigée par Alberto Manguel, écrivain et grand spécialiste du livre et de la lecture. Un récit de Doris Lessing, grande dame, très grande dame des Lettres anglaises, prix Nobel de littérature en 2007 a attiré mon attention en librairie : "C'est ainsi qu'un jeune noir du Zimbabwe a volé un manuel de physique supérieure". L'écrivaine rend un hommage vibrant à la lecture, aux livres et aux bibliothécaires. Au Zimbabwe, les enfants noirs n'avaient rien à lire et tout un système social s'est mis en place pour construire des écoles et des bibliothèques dans chaque village. Mais Doris Lessing raconte que les livres manquaient cruellement. Les livres sont des clés essentielles pour s'ouvrir au monde et au progrès. Elle cite une anecdote significative dans ce désir de posséder un livre à soi quand un jeune enfant qui ne savait pas lire, vole alors un livre de physique, symbole du savoir et de la culture. Doris Lessing constate que cette soif de lire s'est considérablement estompée aujourd'hui dans nos sociétés occidentales. Elle regrette cet état de fait et dénonce la fin de cette époque : "Nous sommes en train de vivre la fin d'une culture, une rupture aussi radicale avec le passé qu'à l'époque où la révolution de l'imprimerie mit des livres entre les mains des personnes qui auparavant avaient su que les maisons instruites, riches, religieuses, possédaient des livres." Pour Doris Lessing, l'inculture de nos hommes politiques ne pose pas de problème... Elle va plus loin en regrettant la présence des "gestionnaires-bibliothécaires" dans les bibliothèques anglaises qui n'ont jamais lu un livre de leur vie !
Ce récit nous parle de la présence précieuse et irremplaçable du livre comme objet de libération et de progrés social. Une certaine nostalgie se dégage du récit : il faut dire que Doris Lessing, née en 1919, perçoit un changement irréversible dans le domaine de la lecture et se demande si lire par exemple des "classiques" a encore un sens aujourd'hui...
Alberto Manguel signe la conclusion en écrivant : "Lire est une pratique qui permet non seulement de comprendre mais d'agir, concrètement et effectivement, dans le monde physique et intellectuel. Les paroles transmises qui décrivent l'expérience humaine, commune à tous, offrent la possibilité de modifier cette expérience et ce monde. "

lundi 21 mars 2011

La foi d'un écrivain

En "feuilletant" des étagères de livres à la médiathèque de Chambéry, je suis tombée sur cet essai littéraire de Joyce Carol Oates, écrivaine américaine que j'apprécie énormément et qui devrait obtenir le Nobel de littérature en 2011 si je faisais partie du jury... Elle nous confie dans ce récit sa "foi" dans l'écriture et la littérature : "La raison pour laquelle certaines personnes semblent consacrer leur existence à interpréter ce qu'ils vivent en termes de structure et de langage doit rester mystérieux. Ce n'est pas une solution de remplacement à la vie encore moins une évasion, c'est la vie : mais revêtue d'une luminosité particulière, comme si, tout ensemble, on habitait et n'habitait pas le temps présent." Plus loin, elle nous confirme : "L'art de lire ne diffère guère de l'art d'écrire : ses plaisirs et ses peines les plus intenses demeurent personnelles et ne peuvent être communiquées. nos affinités secrètes restent mystérieuses, même pour nous... Nous tombons amoureux de certaines oeuvres d'art, comme nous tombons amoureux de certaines personnes, sans raisons claires." Joyce Carol Oates nous cite beaucoup d'anecdotes sur les écrivains classiques surtout américains et anglais et le lecteur se "cultive" avec plaisir. Ce livre est un hommage passionnant à la littérature écrit par une femme passionnée... Je pourrais citer des dizaines de phrases concernant ce récit de formation "littéraire" d'un écrivain... Le destin singulier d'une femme ou d'un homme qui passent leur vie à imaginer des personnages et des situations se transforme en don "mystérieux" pour les lecteurs, amoureux de mots et d'idées.
Ceux qui aiment écrire et qui veulent comprendre l'art de la création littéraire doivent lire cet essai sans modération !

vendredi 18 mars 2011

Lydia Flem (suite)

J'ai mentionné Lydia Flem dans un de mes billets de février où j'ai résumé son livre, "comment j'ai vidé la maison de mes parents" qui m'avait beaucoup touchée. En 2009, Lydia Flem retrouve le chemin des confidences familiales, "Comment je me suis séparée de ma fille et de mon quasi-fils". Avec son talent si particulier, Lydia Flem nous raconte le moment douloureux de la séparation quand son enfant doit prendre son "envol"... Lydia Flem écrit : "Toute séparation est une forme de deuil. Se séparer, c'est toujours perdre quelque chose, quelqu'un ; mais perdre, c'est aussi gagner : gagner une vitalité, une liberté, une identité neuves. Dans tous les rites d'initiation, la parte symbolise la renaissance. Mourir pour naître à une nouvelle vie. La séparation peut être une chance, pas seulement un départ, mais un nouveau départ." Plus loin, elle nous confie :"Chacun, chacune, vacille, ploie, toujours proche du déséquilibre, cherchant à maintenir, envers et contre tout - contre soi-même surtout - la danse fragile de l'existence." Tout le récit, écrit dans une langue d'une clarté soyeuse, nous apporte une sérénité tranquille... Lydia Flem met sa propre vie de famille en scène dans ses moments quotidiens de la séparation. Le message s'avère "tonique" : il faut accepter cette séparation qui deviendra salutaire et pour les parents, libérés des responsabilités traditionnelles parents-enfants et pour les enfants qui deviendront adultes en vivant des épreuves loin de leur cocon familial. A la fin du récit, elle nous dit : "Celui qui reste sur le quai remet son mouchoir au fond de la poche, le regard perdu au loin sur l'enchevêtrement des rails de chemin de fer, sur le sillage du bateau, les nuages. Pivoter sur soi-même, faire demi-tour. Mettre un pied devant l'autre. Poursuivre. Commencer."
Lydia Flem nous offre un livre-cadeau, plein d'humanité et d'espoir pour tous les parents du monde qui appréhendent le départ de leurs enfants, loin du nid familial...

jeudi 17 mars 2011

Spécial Libération

Comme tous les jeudis, j'achète Libé pour son cahier Livres et aujourd'hui, jeudi 17 mars, 45 écrivains racontent l'actualité. Danièle Sallenave signe un éditorial remarquable sur la situation au Japon qui nous remplit d'effroi. Ce monde hautement "moderne" sur le plan technique se révèle impuissant face au tsunami, aux tremblements de terre et à la menace angoissante du nucléaire non maîtrisé. Je regarde beaucoup les infos télévisées mais il faut les compléter par les journaux qui nous renseignent beaucoup mieux que les médias audivisuels. Ce numéro spécial de Libération est un rendez-vous annuel qui marque aussi l'ouverture du Salon du livre à Paris du 17 mars au 21 mars. En ces temps très sombres (Japon, Lybie, crise en France et en Europe), nos écrivains nous livrent dans ces pages, des réactions sensibles, des regards originaux, des interrogations troublantes, des questions essentielles. Leur regard différent de celui des journalistes, profond et pertinent, donne à l'actualité un intérêt encore plus intense. Les écrivains font preuve d'une présence au monde et aux malheurs du monde et confirme leur solidarité, leur générosité et leur sensibilité décuplée. Ils ne vivent pas hors du monde et le fait de s'adonner à la littérature ne les confine pas dans une tour d'ivoire. Il ne faut surtout pas manquer ce numéro spécial... Une analyse de l'actualité par des écrivains devient un exercice journalistique d'une très grande qualité, avec une profondeur de vue qui change des automatismes professionnels trop utilisés par les journalistes. Un beau poème de Dany Laferrière nous rappelle aussi le drame du séisme d'Haïti. Voici un extrait du poème :
"Les petits avions flottant.
Les camions poids lourds
qui tanguent.
On dirait des mégots
dans un cendrier rempli
d'eau sale."

mardi 15 mars 2011

Ce qu'aimer veut dire

Ce très beau titre du récit autobiographiqe de Mathieu Lindon mérite le détour. L'auteur rend un hommage "amoureux" au grand philosophe Michel Foucault, mort du sida. La vie de Mathieu Lindon a vraiment démarré le jour de sa rencontre avec le philosophe. Il nous parle aussi d'Hervé Guibert, écrivain majeur des années 80, mort du sida, lui aussi... Je n'avais jamais lu Mathieu Lindon, dont l'oeuvre littéraire semble très particulière. L'intérêt du livre réside dans l'évocation constante du père de Mathieu Lindon qui n'est autre que le célèbre éditeur des Editions de Minuit, Jérôme Lindon. Entre la figure du père "naturel" et la présence puissante et symbolique du philosophe, l'auteur construit un récit émouvant, intimiste et nostalgique sur ces années intenses où nos intellectuels étaient des "maîtres"... En terminant ces confidences familiales, amicales et amoureuses, on peut saluer son courage de nous avoir dévoilé le quotidien "chaotique" de ces hommes s'adonnant à la drogue et au sexe avec conviction. Le lecteur partage toute l'admiration de Mathieu Lindon pour son mentor Foucault, et surtout pour son père, éditeur modèle, intégre et passionné de littérature sans concession. Je garde dans ma propre bibliothèque un fascicule sur ces Editions fondamentales dans le paysage français de l'édition, publié en 1945, écrit par Jacques Debû-Bridel et qui relate l'historique de cette maison si extraordinaire... Un héritage d'amour pour Mathieu Lindon qui écrit :"Il faut du temps pour comprendre ce qu'aimer veut dire !"

lundi 14 mars 2011

L'écologie en bas de chez moi

Ce récit de Iegor Gran m'a beaucoup amusée. Enfin, quelqu'un se permet de se moquer gentiment des "écolos" intégristes... Vous savez, ceux qui vous donnent perpétuellement des leçons : il faut plier les cartons, il faut prendre des douches, il faut faire du vélo, il faut manger bio, il faut, il faut... Le narrateur se lâche : il en a assez de Yann Arthus-Bertrand et de ses trémolos sur la planète. Il se méfie de ses voisins, donneurs de leçons écolos. Le grand sujet du livre, c'est la rengaine incontournable du concept de "développement durable" que la société nous assène à longueur de journée : les médias, les entreprises, les villes, tout le monde ne parle que de développement durable... Ce récit d'humeur et d'humour est une critique de tous les "écolos" purs et durs, qui font peur et ne font que donner la chair de poule car pour certains d'entre eux, l'Apocalypse se rapproche... Les "gestes pour la planète" exaspèrent l'auteur. Quand il nous parle des livres, voilà ce qu'il dit :
"Ma nature malfaisante ne s'arrête pas au carton. Il y a le papier, le papier des livres.J'aime les livres. Non seulement ils se recyclent moins bien que le papier journal, mais leur empreinte carbone est terrifiante. Il faut les imprimer, les transporter aux quatre coins de la France, renvoyer les invendus, passer au pilon : carbone, carbone, carbone, carbone. Ils salissent tout sur leur passage... Les livres compromettent la survie des générations futures, et c'est pour ça que je les aime. J'aime les livres. Quand on pense à tous ces arbres que l'on a réduits en chair à pâté. Et l'encre, dérivée du pétrole, que les imprimeurs déversent par tonnes dans les écrits comme celui-ci. (...) La culture du livre, à commencer par sa fabrication, le savoir-faire des relieurs, des imprimeurs, pour ne prendre que cette culture-là, est plus précieuse que l'ours polaire, priez pour lui."
Iegor Gran conclut ainsi :"Car le b.a.-ba de l'humanisme, c'est de voir en chaque être humain une richesse pour le monde et non une bouche à nourrir, un tube qui produit du CO2, un ver intestinal de la nature."
Si vous aussi, vous vous sentez quelque peu agacé par le manque total d'humour des écologistes extrêmistes, lisez ce livre, il vous fera réfléchir sur cette nouvelle tendance du "politiquement correct" concernant la dimension écologique de tous nos actes.
On se sent "culpabilisé" parfois par le fait que l'on n'en fait pas assez pour notre belle planète. Iegor Gran nous aide à "relativiser" le sentiment de culpabilité que nous éprouvons parfois quand on ne vit pas totalement en conformité avec les nouvelles règles d'une vie quotidienne écologique : circuler en voiture, prendre des bains, voyager en avion, ne pas acheter bio ou peu, utiliser le solaire, etc. Ce récit est un pavé dans la mare... écologiquement correcte !

jeudi 10 mars 2011

La vie très privée de Mr Sim

Le titre du dernier Jonathan Coe résume à merveille l'histoire de ce personnage Monsieur Sim, employé de commerce au début du roman. Il est en "dépression" car sa femme l'a quitté et il se retrouve seul, sa fille ayant choisi sa mère. Il trouve un travail de représentant de brosses à dents "durables"... Ce roman se lit avec une certaine jubilation. C'est un livre qui marquera mon année de lectures en 2011. Max Sim se met en quête d'un peu d'intimité dans sa vie personnelle. Il veut vivre de vraies relations humaines et le roman est parsemé de rencontres cocasses. Il fera le point sur son mariage raté, découvrira la face cachée de son père exilé en Australie, dialoguera avec un GPS dont il tombe quasiment amoureux car cette voix humaine mécanisée le fascine. Jonathan Coe a ce talent immense de nous parler de cette dérive "numérique" dans nos sociétés contemporaines "facebookées" à outrance... Je relève ce passage qui donne ce ton si ironique au roman. Sa volonté de vouloir communiquer "naturellement" se transforme sans cesse en échec. Il souhaite comme tout un chacun de la compagnie pour amortir le choc de la solitude. A l'heure des nouvelles technologies, plus personne ne communique vraiment. Le roman décrit cette donnée nouvelle : "En cet instant d'ailleurs, je me sentais sans doute plus seul que jamais dans ma vie, et ce qui m'en avait fait prendre conscience, c'était le spectacle de cette Chinoise avec sa fille, en train de jouer aux cartes à leur table. Elles semblaient si heureuses en compagnie l'une de l'autre, il y avait une telle complicité entre elles. Elles ne parlaient pas beaucoup, et quand elles parlaient, c'était de leur partie de cartes, autant que je pouvais en juger. Mais peu importait, tout se passait dans leur regard, leur sourire, cette façon de rire tout le temps, de se pencher l'une vers l'autre. A côté d'elles, aucun des dîneurs n'avait l'air de profiter de l'instant. Certes, ils parlaient et riaent, eux aussi. Mais ils ne paraissaient pas absorbés les uns dans les autres comme la Chinoise et sa fille. Il y avait un couple assis en face de moi, manisfestement sorti en amoureux : le type n'arrêtait pas de regarder l'heure à sa montre, et la fille les textos de son mobile. Derrière moi se trouvait une famille de quatre personnes : les deux petits garçons jouaient sur leurs consoles Nitendo, et le mari et la femme ne s'étaient pas adressé la parole depuis dix minutes."
Ce passage pourrait rejoindre le titre du roman : cette intimité recherchée est un lien précieux qu'il a perdu et qu'il ne retrouve que dans cette relation entre la mère et sa fille qui jouent aux cartes. Jonathan Coe dénonce avec un humour vivifiant cette "inattention" aux autres, dans le cadre familial ou amical.
De la première à la dernière page, ce roman nous "charme" et nous éprouvons de la sympathie envers ce Max Sim, qui se met à parler à un GPS, faute de compagnie.
Va-t-il s'en sortir ? Rencontrera-t-il quelqu'un, un humain et non une machine ?
Je ne dévoile pas la fin du roman... A vous de la découvrir... Un grand roman !

mercredi 9 mars 2011

Simone de Beauvoir

Au lendemain de la journée internationale des femmes, je vais laisser vibrer ma fibre féministe en vous parlant de Simone de Beauvoir. Dans les années 70, j'ai lu son oeuvre autobiographique : "Mémoires d'une jeune fille rangée", "La force de l'âge", "La force des choses", "Tout compte fait", "La cérémonie des adieux". Découvrir une femme intellectuelle, libérée, intelligente, cultivée, engagée à gauche, féministe surtout, était une aventure militante car Simone de Beauvoir nous a ouvert les yeux avec son essai "Le deuxième sexe" et après ces lectures "révolutionnaires", toute lectrice devenait une autre femme et ce fut pour moi le déclic qui m'a introduite dans le monde des féministes, monde à l'époque moqué, occulté par les médias, empêché d'exister. Mais l'histoire nous a donné raison : le féminisme est étudié comme un mouvement qui a transformé la société. Les romans de Simone de Beauvoir sont aussi passionnants : "Les Mandarins" et "Les belles images" m'avaient beaucoup intéressée. Le Monde a publié cette semaine un numéro spécial sur Simone de Beauvoir avec des articles sur sa vie, son oeuvre et son influence. J'ai donc acquis ce numéro spécial que je vais lire et conserver précieusement. Cette femme philosophe et écrivain a marqué des générations de filles et de femmes et pour célébrer les 25 ans de sa disparition (1986), les éditions Gallimard devraient nous proposer Simone de Beauvoir en "Pléiade"... Sartre, son honorable compagnon doit se sentir seul sans son "Castor"... J'aimerais connaître les raisons pour lesquelles Simone de Beauvoir ne figure pas dans ce Panthéon des Lettres avec Marguerite Yourcenar et Colette. On parle de Marguerite Duras pour la Pléiade. Pourquoi pas Simone de Beauvoir ? Mystère... Il faut lire aussi la très belle biographie de Danièle Sallenave, "Castor de guerre" paru en 2008 chez Gallimard.
Je voulais prolonger l'effet "Journée internationale des femmes" en écrivant un billet sur cette écrivaine féministe qui a changé la vie de millions de femmes à travers le monde.

mardi 8 mars 2011

le 8 mars, les femmes en fête

Comme tous les 8 mars, c'est la journée des femmes... Aujourd'hui, attention, vous avez le droit de parler des femmes, de nos combats, de nos victoires, de nos échecs, de nos attentes. En tant que femme et surtout féministe, j'ai participé à des luttes essentielles pour nos droits dans les années 70 et 80 : égalité homme-femme, droit à l'avortement, partage des tâches ménagères, le viol considéré comme un crime, représentativité politique, parité, etc. Quand je pense que nous avons obtenu le droit de vote seulement en 1945, nos enfants ont peine à le croire. Les femmes auront l'égalité réelle quand les hommes prendront enfin leur part de ménage, d'éducation des enfants, des soins envers leurs parents, et quand 50 % de femmes seront dans les instances politiques, dans les institutions, au Parlement et au sommet de l'Etat. Cette époque me semble encore utopique. Pour marquer cette journée, j'ai lu avec émotion un livre paru en 2010 "Photo-Femmes-Féminisme, 1860-2010, collection de la bibliothèque Marguerite Durand". Cette exposition est devenue un livre incontournable pour les femmes qui ont lutté dans leur jeunesse. On peut admirer ces deux cents photos sur des artistes, des pionnières, des militantes historiques du féminisme, des écrivaines, des peintres, des femmes qui ont osé se libérer, des scandaleuses pour l'époque... La préface est écrite par Michelle Perrot, la plus grande historienne à mes yeux qui souligne la place de la photographie pour tracer cette histoire si majeure en fait.
Merci à la directrice de la Bibliothèque, Annie Metz... J'ai visité cette bibliothèque en 1982 quand elle était peu connue. Je n'avais pas encore obtenu mon diplôme de bibliothécaire et je crois bien que si j'étais restée à Paris, mon rêve aurait été de travailler dans cette bibliothèque d'histoire des femmes.
Ma journée des femmes, c'est une pensée pour toutes les femmes qui introduisent dans le monde si brutal des "hommes" un peu d'amour, de douceur et de générosité, sans oublier l' énergie, le sens de la vie quotidienne, la modestie, (manque de confiance en soi ?). Imaginer un monde sans femmes serait cauchemardesque !
Si vous voulez tout connaître de nos luttes, de notre goût de la liberté et de la dignité, ouvrez ce livre et devenez féministe, mot qui rime avec démocratie, liberté et égalité !

lundi 7 mars 2011

Le Printemps des Poètes

Cette manifestation annuelle commence aujourd'hui jusqu'au 21 mars. Le site interne de cette fête propose des manifestations dans toute la France. Le thème retenu en 2011 porte le titre suivant : "Paysages infinis ou comment "Se reconnaître ainsi tributaire des infinis visages du monde, c'est sans doute, comme le voulait Hölderlin, habiter en poète sur la terre." écrit Jean-Pierre Siméon, directeur artistique. Le public boude souvent la poésie, la jugeant souvent trop "fleur bleue", ridicule et emphatique. Moi-même, je me méfie des poètes "amateurs" qui répètent des clichés éculés sur l'amour, la nature, la beauté. Je ne lis plus beaucoup de poésies mais j'en ai lu énormément quand j'étais plus jeune comme si la poésie rimait avec jeunesse... J'ai gardé dans ma bibliothèque quelques poètes que j'aime : Jean Follain, Pierre Reverdy, Georges Perros, Pessoa, et surtout l'immense René Char. René Char, un monument de la poésie, tellement écrasant pour les autres poètes ! On peut lire dix fois un poème de René Char et chercher toujours sa signification. Alors, je goûte les mots, le rythme, la structure du poème et je me laisse surprendre. La Pléiade de ses oeuvres complètes est sur mon bureau : je l'ouvre au hasard et je lis par exemple :
"Nous sommes pareils à des crapauds qui dans l'austère nuit des marais s'appellent et ne se voient pas, ployant à leur cri d'amour toute la fatalité de l'univers."
"C'est l'enthousiasme qui soulève le poids des années. C'est la supercherie qui relate la fatigue du siècle."
"J'envie cet enfant qui se penche sur l'écriture du soleil, puis s'enfuit vers l'école, balayant de son coquelicot pensums et récompenses."
Extraits des "Feuillets d'Hypnos".
L'oeuvre poétique de René Char se transforme en sensations, en images, tous nos sens sont en alerte. Plus je le lis, plus je découvre la beauté de la langue française.
Si vous ne devez n'acheter qu'une Pléiade dans votre vie de lecteur, prenez l'oeuvre complète de René Char : 1103 pages de poésies, textes divers et fragments, un morceau de soleil à l'état pur, une évasion garantie...

jeudi 3 mars 2011

Eloge de la presse

Le rituel du début de mois, c'est l'achat de quelques mensuels que je feuillette ensuite au fil des jours. J'ai souvent mentionné la lecture des revues littéraires et je ne manque jamais "Philosophie Magazine". Au sommaire de ce mois de mars : Stéphane Hessel, le plus célèbre des nonagénaires, un dialogue entre Martine Aubry et Bernard Stiegler, et un grand dossier sur "Etes-vous normal ?" : tout un programme. La revue propose aussi une grande enquête sur Soren Kierkegaard. En marge de mes lectures d'essais et de romans, j'établis un rite mensuel composé de l'acquisition de ces trois revues que je conserve évidemment pour lire les articles sur des thèmes ou des auteurs qui coincident avec mes intérêts du moment. Je pourrais les emprunter à la bibliothèque mais j'aime les avoir à ma portée de mains et d'esprit. Si vous pensez que la revue Philosophie magazine ne fait pas partie de votre horizon quotidien, vous êtes victime de "préjugé". Cette revue est facile à lire, comme on lit un hebdo généraliste et elle aborde des questions d'actualité en profondeur. Une distance est nécessaire pour lire et il faut prendre son "temps" pour savourer ces informations dites "lentes". On parle du "slow food" : je qualifierai la presse papier comme le slow food des infos. Les médias télévisuels nous font vivre l'immédiateté sans profondeur et sans recul. Il nous faut conserver cet art de lire car la lecture hors écran apporte cette quiétude, ce calme rare et unique, ce concentré d'énergie intellectuelle. On ressent sa présence au monde avec plus d'acuité. Le flot sans interruption peut noyer tout citoyen lambda. La presse-papier (journaux, revues) nous apporte ce recul indispensable pour se forger une opinion personnelle. Il faut souhaiter une longue vie à tous ces espaces qui vendent encore des journaux et des revues, des kiosques aux maisons de la presse. Récemment, j'ai constaté la disparition d'une maison de la presse dans une grande galerie marchande à Chambéry et on ne trouve plus que des magasins franchisés de vêtements, de téléphonie, de décoration et d'alimentation. Seule, la pharmacie tient encore... La lecture de la presse sur papier semble perdre du terrain. Il est vrai aussi que les prix des journaux commencent à peser sur les budgets, surtout pour les jeunes générations. Je ne veux pas me contenter de lire la presse sur Ipad. J'espère que les deux possibilités de lecture cohabiteront longtemps, longtemps, longtemps...

mercredi 2 mars 2011

Revue de presse

Les magazines littéraires de ce mois de mars, "Lire" et le "Magazine littéraire" ont eu la même idée : mettre à l'honneur les littératures nordiques. Le salon du livre qui se tient à Paris du 18 au 21 mars est à l'initiative du projet. Ainsi, le Danemark, la Finlande, l'Islande, la Norvège et la Suède constituent cet ensemble vivifiant : les littératures nordiques. Pour ma part, je suis une lectrice fidèle de ces écrivains si proches de nous : le Danois Grondahl qui sort son huitième roman, "Quatre jours en mars", l'Islandais Arnaldur Indridason, la norvégienne Anne B. Ragde, la suédoise Camilla Lackberg, le grand Mankell... et l'incontournable Stieg Larsson et sa saga politico-policière "Millénium".
Ces deux revues nous donnent vraiment envie de nous plonger dans ce monde littéraire nordique et tous les guides touristiques ne remplaceront jamais la planète "littérature" pour entreprendre un voyage au plus près des hommes et des femmes de ces pays européens qui nous fascinent par leur tolérance, leur mode de vie et leur sens de la nature.