mercredi 29 mars 2017

Lectures romaines, 1

Dans une bonne semaine, je pars à Rome pour la deuxième fois. J'avais découvert la Ville éternelle en 2012 et j'avais été éblouie par les sites archéologiques, les places, les musées, les palais et les églises. J'ai aimé cette cité d'emblée en sortant de l'aéroport malgré le bruit de la circulation, les vespas tonitruantes, le manque de bus, les poubelles pleines, les millions de touristes (comme moi, d'ailleurs)... Je réalise mes rêves d'escapades depuis que je suis à la retraite et parfois, je regrette mon manque d'initiative vagabonde quand j'étais jeune. Parfois, je me console en me disant que mes centres d'intérêt d'hier ne correspondaient pas à ceux d'aujourd'hui. Je me passionnais davantage pour la littérature que pour l'Histoire et je n'étais pas gourmande de l'Antiquité grecque et romaine. Peut-être faut-il attendre un certain âge pour approcher avec plus de méthode, de curiosité, de compréhension, le monde de l'art dans tous ses aspects : architecture, peinture, sculpture, musique, etc. Les années vécues constituent à mes yeux une chance plutôt qu'un handicap si la santé physique permet l'exploration des villes européennes. Quand je découvre une ville pour la première fois, l'organisation des visites se déroule plus facilement. Une deuxième fois mérite une attention différente : vais-je revoir tel musée, tel quartier, telle place ? J'avais évité la foule du Vatican et j'ai réservé un coupe-file pour visiter les musées, le jardin, Saint-Pierre. Je ne retournerai pas à la villa Borghèse mais je vais découvrir des palais-musées que je n'avais pas eu le temps d'arpenter. Mais, je réserve ma priorité pour la Rome antique. J'ai donc lu l'indispensable "Civilisation romaine" de Pierre Grimal. J'ai aussi emprunté "l'histoire de la Rome antique" de Yann Le Bohec dans la collection "Que sais-je". J'ai appris des anecdotes savoureuses dans l'ouvrage de Paul Werner, "La vie à Rome aux temps antiques". La vie quotidienne des Romains m'intéresse beaucoup plus que la vie des empereurs romains, à part Marc Aurèle et Hadrien... Depuis un bon mois, en plus de mes lectures de romans, je "grapille" quelques instants dans la journée pour ouvrir un guide, un ouvrage historique, un livre d'art... Les livres m'ouvrent l'appétit, mais parfois, je frôle l'indigestion... Rome possède tant de merveilles et je ne veux en manquer aucune. Je mène donc mon enquête sur Rome et en ouvrant les pages de tous ces livres, je suis déjà partie...

lundi 27 mars 2017

"Chanson douce"

"Chanson douce" de Leïla Slimani se lit avec un intérêt flottant : ce roman pourrait s'intituler chanson folle, cruelle, horrible... Le prix Goncourt décerné l'année dernière à cette écrivaine franco-marocaine avait quelque peu étonné les critiques car "Chanson douce" était son deuxième roman après un surprenant "Dans le jardin de l'ogre". Plus de 600 000 lecteurs et lectrices ont découvert cet ouvrage particulièrement sombre. Un couple de "bobos" parisiens recrute une nounou "parfaite", recommandée par une de leurs amis. Myriam, avocate de profession, s'ennuie chez elle et l'éducation de ses enfants ne suffit pas à son bonheur familial. Elle se fait recruter dans un grand cabinet d'avocats. Son mari travaille dans la production musicale. Dès la première page, la nounou a tué les deux enfants du couple. Quelles sont les raisons de cet acte effroyable ? L'écrivaine raconte la vie de cette nounou qui conquiert la confiance des parents débordés par leur travail. Louise va conquérir les enfants en jouant beaucoup avec eux. Elle s'infiltre peu à peu dans leur intimité et se rend complétement indispensable. Louise n'a plus de famille. Sa fille s'est enfuie du foyer, son mari violent est mort. Elle vit dans un quartier "difficile" dans une solitude sociale inquiétante. Louise erre dans les rues comme une âme morte. Le couple de parisiens aisés l'invite même en Grèce pour accompagner les enfants. Les parents ne cherchent pas à connaître cette femme et ne soupçonnent aucun trouble chez elle. Pourtant, Louise veut vivre avec cette famille parfaite qui ne voit pas son attitude fusionnelle. Pourtant, au fil des pages, Louise s'énerve en cachette contre les enfants et espionne les parents. Sa violence intérieure se manifeste dans quelques actes qui paraissent anodins aux parents. Louise ne fait pas partie de leur monde rassurant, confortable, normal. La nounou habite de l'autre côté de la vie avec sa misère affective et sociale. Des indices commencent à inquiéter Myriam car les manies perfectionnistes de Louise s'avèrent plus voyantes. Dans un éclair de lucidité, Myriam veut la congédier. La nounou comprend qu'elle va perdre sa place, la seule place au monde que cette famille lui avait accordée. Elle ne supporte pas son renvoi, une exclusion injuste pour elle. Sa vengeance et sa rancœur basculent dans une folie meurtrière. Ce roman difficile provoque un malaise latent. Leïla Slimani, avec un style tranchant, revendique "une forme d'inconfort littéraire". Pari réussi...

vendredi 24 mars 2017

"Douleur"

Dès que j'ai appris que le dernier roman de Zeruya Shalev était sorti en librairie, je me suis précipitée chez Garin pour l'acquérir. Je me demandais si son dernier opus égalerait ou surpasserait le magnifique "Que reste-t-il de nos vies ?". J'avoue, d'emblée, que "Douleur", même s'il ne possède pas la même densité que le précèdent, a comblé mon attente. Dès la première page, Zeruya Shalev nous emporte dans ses vagues de phrases, de mots, dans lesquelles le lecteur(trice) retrouve le goût d'une prose incomparable, traversée de sensations, de sentiments, de sens. Ce bain bénéfique, salutaire dans les pages de "Douleur" secoue, trouble et enchante. Iris, la narratrice, se sent transpercée par la "douleur". Dix ans avant, elle a subi un traumatisme effrayant dans un attentat à Jérusalem après avoir déposé ses enfants à l'école. Elle est restée à l'hôpital pendant un an et elle en garde des séquelles physiques et morales. Son mari, Micky, se refugie dans le jeu des échecs sur internet. Son fils, Omer, vit son adolescence dans sa tribu d'ados et sa fille, Alma, refuse de poursuivre ses études. Iris est une femme très occupée par son métier stressant et passionnant car elle dirige une école. Mais, ses douleurs corporelles l'obligent à retourner chez un médecin spécialiste. Trente ans après, elle reconnaît son premier et grand amour dans le regard de cet homme. Est-il Ethan, son Ethan qu'elle aimait follement et qui l'a quittée brutalement sans jamais avoir de nouvelles de lui ? Le médecin ne s'attarde pas après la consultation et Iris, bouleversée par cette rencontre, va traverser une crise qui va la rajeunir de trente ans... Pourtant, ils se retrouvent clandestinement et Iris devient sa maitresse. Dans sa famille, rien ne va plus. Alma, employée dans un restaurant, devient de plus en plus distante avec sa mère car son patron la manipule et cette emprise mentale inquiète Iris. Entre un amour retrouvé et le naufrage de sa famille, Iris doit choisir. La loyauté ou la passion ? Une nouvelle vie ou la vie de famille ? Il faut absolument lire ce beau roman incandescent pour connaître la réponse...  Zeruya Shalev a vécu un attentat en Israël en 2004. Iris lui ressemble certainement et leurs douleurs à chacune finissent par s'atténuer grâce au temps et surtout à la littérature... Une femme écrivain à suivre, une grande et belle voix que j'aime beaucoup écouter...  

mercredi 22 mars 2017

Rubrique Cinéma

J'ai découvert hier après-midi le film de James Gray, "The Lost City of Z" avec Charlie Humman, Robert Pattison et Tom Holland. Le cinéaste américain a adapté l'histoire vraie d'un des plus grands explorateurs du XXe siècle : Percival Harrison Fawcett. Ce colonel de l'armée britannique se fait remarquer par sa bravoure, sa force et son intelligence. Mais, il n'appartient pas à l'élite du pays car son père semble avoir trahi sa famille. Il cherche donc la reconnaissance de sa hiérarchie. Il forme un couple uni avec sa femme qui attend leur premier enfant. En 1906, la Société géographique royale d'Angleterre lui propose une mission scientifique en Amazonie afin de cartographier les frontières entre la Bolivie et le Brésil. A partir de ce moment, sa vie bascule dans une quête incessante et symbolique. Lors de sa première exploration, il découvre dans la jungle, des traces d'une ancienne civilisation précolombienne. Ces morceaux de poterie apportent une preuve fragile pour prouver l'existence d'une cité mythique, une des cités d'or en Amazonie. La jungle amazonienne représentait à cette époque un no man's land inconnu et effrayant. L'explorateur et ses comparses affrontent l'hostilité des indiens, du climat tropical et des bestioles piquantes.  Il parvient avec son équipe à cartographier l'Amazonie et revient à Londres. Sa femme l'encourage à poursuivre sa mission et la naissance de deux autres enfants n'entravera pas son rêve : trouver cette cité disparue. De 1906 à 1916, Fawcett effectuera plusieurs missions sans atteindre son objectif. Après la guerre de 14-18, il est gravement blessé et retourne à la vie "normale". Pourtant, cette vision d'une cité perdue taraude son esprit et son fils ainé avec lequel il entretenait une relation difficile, l'influence pour retrouver cet Eldorado amazonien. Je ne raconterai pas la fin de l'histoire... Ce film d'aventures montre l'ambiguïté du personnage central, où se mêlent en lui, une ambition irraisonnée pour sa place dans l'élite sociale et une quête passionnée pour dévoiler un pan de l'histoire humaine. Sa fascination des indiens dévoile la question de l'altérité dans une Angleterre victorienne sûre de sa supériorité. Son rêve de découvrir cette cité traverse le film avec une ferveur communicative. Qui n'a jamais rêvé d'être archéologue ? Ce film retrace sans effet spectaculaire, la quête du savoir scientifique, une passion humaine plus que légitime et un réponse éventuelle à la question de nos origines... Un grand film à voir à l'Astrée...

lundi 20 mars 2017

Jeudi des Livres, 3

La littérature nordique mérite un troisième billet grâce à Evelyne, très liée à l'Islande pour des raisons familiales. Elle a visité cette île à plusieurs reprises, une île du bout du monde, volcanique, neigeuse et froide. Pour compléter sa connaissance de ce pays si lointain, elle a lu quelques écrivains islandais pour mieux appréhender cette culture particulière. Le peuple islandais (à peine 360 000 habitants) descend des Vikings et la moitié d'entre eux vit dans leur capitale, Reykjavik. Evelyne a présenté trois auteurs islandais : Arnaldur Indridason, Jon Kalman Stefansson et Kristin Marja Baldursdottir. Le premier cité est très apprécié des amateurs de romans policiers avec un personnage fétiche, le commissaire Erlendur, opiniâtre, sérieux, grave et éprouvant de l'empathie pour tous les "laissés pour compte" de la société islandaise. Dans le livre, "Les nuits de Reykjavik", l'écrivain raconte la première enquête du jeune Erlendur. Un portrait intimiste et mélancolique du policier se dessine dans le texte pour comprendre son obsession des disparus, due à un traumatisme dans son enfance. Les romans policiers d'Indridason font partie du label "qualité extrême" de la littérature scandinave... Jon Kalman Stefansson, né en 1963, a reçu les plus hautes distinctions littéraires de son pays. Sa trilogie composée de "Entre ciel et terre", "La tristesse des anges" et "Le cœur de l'homme", raconte l'histoire de Barour, pêcheur de morue au XIXe siècle. Sa vie est austère, dure, solitaire et quand il découvre par hasard le livre perdu de Milton, il cherche à travers le pays le propriétaire de cet ouvrage pour le lui restituer. Je cite cet écrivain :« Certains mots sont probablement aptes à changer le monde, ils ont le pouvoir de nous consoler et de sécher nos larmes. Certains mots sont des balles de fusil, d’autres des notes de violon. Certains sont capables de faire fondre la glace qui nous enserre le coeur et il est même possible de les dépêcher comme des cohortes de sauveteurs quand les jours sont contraires ». Une trilogie à découvrir. Evelyne a évoqué la saga "Karitas" de Kristin Marja Baldursdottir avec "Sans titre", "L'esquisse d'un rêve", "Chaos sur la toile". Karitas est une jeune femme modeste, vouée à saler le poisson comme ses sœurs. Elle refuse ce destin et devient peintre. Ce destin de femme libre se déroule au XXe dans une Islande traditionnelle et l'écrivaine a rendu hommage aux pionnières du féminisme. La littérature scandinave a déjà conquis un vaste public, et continuera longtemps à nous intéresser...

vendredi 17 mars 2017

Jeudi des Livres, 2

J'ai proposé un intermède poétique avant d'aborder la deuxième partie de la rencontre. Le Printemps des Poètes rend hommage à l'Afrique et ce rendez-vous annuel depuis 19 ans (et pourtant peu mentionné dans les médias),  se fête surtout dans les bibliothèques et dans les librairies. Pendant cette récréation, Evelyne a lu une fable piquante et ironique de Jean de La Fontaine, "La jeune veuve". Geneviève avait choisi Ronsard, "Mignonne, allons voir si la rose..." Janine nous a fait découvrir un poème cocasse de Boris Vian, "La puce". Régine a remis à l'honneur Pierre Reverdy, hélas trop oublié de nos jours et j'ai choisi mon cher Pessoa. Lire à voix haute permet d'entendre notre belle langue française et je proposerai dorénavant que nous lisions deux poèmes par séance. Après cette bouffée de poésie, nous avons donc abordé la littérature scandinave (y compris la Hollande). Geneviève a beaucoup aimé le roman d'Anne Enquist, "Contrepoint". Ce texte combine une partition musicale de Bach avec un journal intime de la narratrice en deuil. Elle vient de perdre sa fille et malgré son désespoir, la musique l'aide à survivre à cette épreuve. Chaque chapitre s'ouvre sur une portée et à chaque variation, correspond un fragment biographique. Un très beau livre comme d'ailleurs tous les titres de cette romancière, poète et psychanalyste, éditée chez Actes Sud. J'avais déjà évoqué mon enthousiasme pour son dernier opus, "Quatuor". Janine a choisi la Suède avec Katarina Mazetti, "Le Viking qui voulait épouser la fille de soie". Ce roman historique, très bien documenté, se passe au Xe siècle et raconte la saga de deux familles antagonistes. Le talent romanesque de l'écrivaine, douée pour les comédies dont "Le mec de la tombe d'à côté", change de style pour nous embarquer dans l'univers nordiste hautement exotique de ce peuple clanique dont l'imaginaire évoque les drakkars, les batailles, des guerriers et des guerrières, des brouillards glacés, la conquête des mers et des richesses. Janelou a découvert l'univers de la norvégienne, Herbjorg Wassmo, très populaire dans les pays scandinaves. "La gloire de Dina" appartient à la trilogie qui comprend "Le fils de la providence" et "L'héritage de Karna", éditée dans les années 90 chez Actes Sud. Dina, une petite fille malmenée, se construit seule et devient une femme indépendante dans une Norvège du XIXe siècle. Cette épopée réaliste révèle un portrait de femme rebelle et passionnée. Hollande, Suède et Norvège, trois littératures qui se ressemblent comme trois flocons de neige... La suite, lundi.

jeudi 16 mars 2017

Jeudi des Livres, 1

Le jeudi des Livres de mars s'est déroulé dans une excellente ambiance amicale autour des coups de cœur, de la poésie et de la littérature scandinave. Mylène a découvert le talent fulgurant de Zeruya Shalev et de son roman, "Ce qui reste de nos vies", édité en Folio. Ce livre prend la forme d'un journal intime où la narratrice raconte avec une profondeur psychologique et une force romanesque la crise familiale qu'elle traverse avec un mari infidèle, des enfants qui grandissent trop vite, une mère complexe. Son obsession d'adopter un jeune enfant pour prolonger sa vie de mère met en danger l'équilibre fragile des liens familiaux. Une écrivaine à lire sans perdre de temps... Janelou a choisi Sylvain Tesson, "Les chemins noirs", où la traversée d'une France rurale oubliée signe sa guérison et sa renaissance. "La marche comme une reconquête de soi", écrit-il dans cet ouvrage très réussi. Trois lectrices (Véronique, Geneviève et Janelou)  ont évoqué le même coup de coeur : "Chanson douce" de Leïla Slimani, prix Goncourt 2016. Louise, la nourrice parfaite, vampirise la famille de bobos parisiens jusqu'au drame final, annoncé dès la première page du roman. Ce roman terrible dérange et fascine car il brasse plusieurs thèmes : la conception de l'éducation, les rapports de domination, les préjugés de classe, les clivages culturels. Danièle a présenté un roman de Margaret Drabble, "Quand monte le flot sombre", édité cette année chez Christian Bourgois. Cet ouvrage sur la vieillesse se déroule en Angleterre et aux Canaries. Cette écrivaine anglaise possède comme beaucoup de "ses sœurs en écriture", l'art de décrire notre époque en utilisant une ironie distante et élégante. La fin de vie peut être un naufrage pour certains et une résurrection pour d'autres. Ce sujet grave pourrait rebuter les lecteurs(trices). Bien au contraire, ce roman met à vif les tourments de l'âge, révèle les vérités du bien vieillir ou du mal vieillir... "Quand monte le flot sombre" est un vers de D.-H. Lawrence. Geneviève a évoqué "Profession du père" de S. Chalandon, déjà mentionné dans ce blog. Janine a terminé la partie coups de cœur avec l'incontournable Elena Ferrante dont le troisième tome de la saga "L'amie prodigieuse", vient de sortir en janvier. "Celle qui fuit et celle qui reste" poursuit l'histoire de ces deux amies dans l'âge adulte. Leur relation, basée sur leur fascination mutuelle, se disloque, renaît dans une ville chaotique et passionnante, Naples... Voilà pour la partie coups de cœur, la suite demain.

mardi 14 mars 2017

"Maudit soit le fleuve du temps"

La littérature scandinave m'a toujours attirée et j'ai proposé au groupe de lectrices qui se retrouvent une fois par mois, quelques romans de cette planète littéraire qui se compose de la Norvège, de la Suède, de la Finlande. J'ai emprunté pour cette occasion un roman de Per Petterson, "Maudit soit le fleuve du temps", édité chez Gallimard en 2010. Cet écrivain norvégien a rencontré le succès avec "Pas facile de voler des chevaux" en 2006 et il a reçu le Grand Prix du Conseil nordique. Quand on commence à lire un roman scandinave, le lecteur(trice) se retrouve dans une ambiance familière et ne ressent pas de difficulté à s'intégrer dans une histoire venue du Nord. Peut-être que notre esprit européen joue son rôle et l'universalité des sentiments et des situations facilite la lecture de nos cousins du Nord. Arvid, le personnage principal, âgé de 37 ans, vit une crise personnelle : il divorce après quinze ans de mariage. Son couple s'effondre malgré la présence de ses deux petites filles. Il apprend aussi que sa mère est atteinte d'un cancer et celle-ci quitte Oslo pour une petite ile du Danemark où elle retrouve sa maison d'enfance. Arvid décide alors de la rejoindre pour reprendre contact avec cette mère silencieuse, peu communicative. Elle accepte avec réticence la présence de son fils et ils vont tenter d'établir un nouveau lien en ces temps fragiles de crise. Les scènes du présent se mêlent aux souvenirs du narrateur : son enfance dans un quartier ouvrier, son engagement politique du côté de l'extrême gauche, sa vie d'ouvrier "maoïste", son premier amour perdu, l'échec de son mariage. Il se dégage dans ce texte-bilan de vie une petite musique mélancolique sur les dégâts du temps concernant les rêves utopiques de la jeunesse, les illusions amoureuses, les relations parents-enfants souvent délicates. Il manque peut-être à ce roman une construction plus claire car les périodes temporelles se télescopent en créant parfois une lecture à tâtons... Per Petterson retient sa plume toute pudique, sans pathos pour décrire les accidents de la vie, les malaises existentiels de chaque personnage. Une voix à découvrir...

lundi 13 mars 2017

"Le chaste monde"

J'avais déjà évoqué dans ce blog, Régine Detambel et son essai très jubilatoire sur les bienfaits de la lecture, "Les livres prennent soin de vous. Pour une bibliothérapie créative." Je recommande ce livre qui vient de sortir dans la collection Babel d'Actes Sud. J'ai emprunté récemment son "Chaste monde" paru en 2015. Le sujet a attiré mon attention : l'histoire d'un jeune allemand, Axel von Kemp, en 1789, botaniste, ami de Goethe, épris de liberté et d'amours particulières. Ce jeune homme se morfond dans son domaine entre une mère abusive et un père mort trop tôt. Régine Detambel s'est inspirée du grand explorateur et scientifique allemand, Alexander von Humboldt. Ses rêves de voyages exotiques naissent dans le roman de Daniel Defoe, "Robinson Crusoé" : "On le croyait ici et calme. Il était surtout ailleurs, en des régions bouleversantes, inconnues de tous." Sa passion de la géographie, de la nature, des animaux, du moindre insecte au plus géant l'anime. Tous les phénomènes naturels inexpliqués  l'intriguent, l'appellent, l'interpellent. Il s'imagine une vie scientifique fabuleuse et ce jeune homme s'extirpe de son Allemagne pour conquérir sa liberté, une liberté intellectuelle et aussi sexuelle. Il obtient des crédits du roi d'Espagne pour découvrir des mines en Amérique du Sud. Il a rencontré une femme singulière, Lottie, qui l'accompagne dans ses périples américains. Ils s'aiment d'un amour chaste (rappel du titre) car Axel a toujours préféré les amours masculines. Ils quittent le Vieux Monde pour un continent vibrant d'insectes, de moustiques, de serpents et d'horribles bestioles. Ils rencontrent des Indiens, des aventuriers, des drôles de personnages hauts en couleurs. Il est impossible de résumer un texte aussi volcanique, charnel, corporel, passionnel, fiévreux. Régine Detambel manie la langue française en mêlant la rigueur encyclopédiste (qui rappelle l'époque géniale du XVIII, siècle des Lumières, siècle des découvertes scientifiques et techniques) avec la ferveur d'un langage au plus près des sensations, des émotions et des sentiments. Cette littérature voyageuse n'est pas toujours facile à suivre car le texte dévore littéralement le lecteur(trice) par une abondance de détails infimes, de descriptions naturalistes et d'aventures surréalistes dans un décor flamboyant, saturé de bruits, d'odeurs et d'images. Régine Detambel ne semble pas cultiver l'ennui : elle célèbre dans ce roman l'inépuisable aventure de la vie...

vendredi 10 mars 2017

Le Magazine littéraire

Le Magazine littéraire de mars propose un numéro éclectique : François Cheng, Romain Gary et Philippe Djian... Les mondes de ces trois écrivains n'ont rien de commun, si ce n'est le goût des mots et des histoires. La littérature ressemble à un vaste monde et tous les lecteurs(trices) peuvent aborder des rives lointaines, des pays proches, des montagnes ardues, des collines douces, des lacs tranquilles, des océans déchaînées, des mers apaisées... La mondialisation littéraire "heureuse" a toujours existé et existera jusqu'à la fin des temps. La revue aborde cette culture plurielle et ouverte à beaucoup de sensibilités. François Cheng nous vient de Chine, a été naturalisé en 1973, appartient à l'Académie française et s'est constitué un public fidèle. Son dernier ouvrage, "De l'âme" remporte un succès de librairie incontestable. Dans un entretien, il affirme que "l'esprit raisonne et l'âme résonne". Son taoïsme, teinté de christianisme ne l'empêchent pas d'écrire que "la vie est une aventure personnelle. (...) Il n'y a pas d'autre aventure que la vie, de l'inattendu à l'inespéré, la mort en fait partie." Ce philosophe de 88 ans, maître de sagesse, correspond aujourd'hui à une envie d'apaisement et de réconciliation dans un monde complexe et inquiétant. A l'opposé, deux écrivains moins sereins qui se ressemblent malgré les années qui les séparent. Philippe Djian publie son nouveau roman, "Marlène" chez Gallimard. J'avoue que cet écrivain rocker ne m'a jamais convaincue... Son style brouillon, son univers romanesque avec des personnages quelque peu déjantés, des intrigues tordues, m'éloignent de lui... Mais comme ses fans l'adorent, je peux m'éclipser. Je préfère relire et redécouvrir Romain Gary. Pour quelles raisons, le Magazine l'évoque-t-il ? Alexis Brocas parle de lui comme "un bal masqué à lui tout seul". Deux ouvrages sont sortis sur Gary, celui de Myriam Anissimov, "Les yeux bordés de reconnaissance" et celui de Laurent Seksik, "Romain Gary s'en va-t-en guerre". Cet écrivain facétieux, alias Emile Ajar, n'a jamais franchi les portes de la critique universitaire et cette injustice commence à s'atténuer. Il était trop médiatisé, trop franc-tireur, pas assez novateur. La revue le remet à l'honneur et lui accorde une place très importante dans la littérature française. Des critiques de livres, des portraits d'essayistes, des informations complètent les dossiers centraux. Un numéro à découvrir pour tous(tes) les curieux(ses) du monde littéraire... 

jeudi 9 mars 2017

Rubrique Librairies

J'ai toujours mentionné voire célébré les bibliothèques et les librairies dans ce blog. Dès que je rentre dans un de ces lieux du livre, j'éprouve un bien-être physique, accompagné d'une jubilation intellectuelle. En feuilletant le Magazine littéraire de mars, j'ai remarqué un billet de François Bon sur la fermeture de la librairie Corti à Paris, dans le quartier du Luxembourg. J'ai lu l'article dans l'excellent blog de cet écrivain, "Tiers-Livre". De temps en temps, je visite quelques blogs d'écrivains mais celui-ci est particulièrement remarquable. Dans cet article, (qui a déclenché dans ma mémoire une scène déjà vécue, effet "madeleine" de Proust), François Bon raconte une visite chez Corti. Il écrit : "Je revois l’impressionnant vieux monsieur maigre, avec sa pipe, tapi dans l’ombre et qui vous regardait si bizarrement, en contre-plongée, quand on posait sur le comptoir les livres qu’on voulait acheter..." L'écrivain emporte les livres achetés comme "des trésors". Ces ouvrages élégants à la couverture blanche possèdent une particularité rare : il fallait saisir un coupe-papier pour découper les pages et ce geste artisanal signifiait qu'il fallait mériter la lecture de l'ouvrage. La qualité du fonds Corti est considérable : Gaston Bachelard, Roger Caillois, André Breton et surtout Julien Gracq qui refusait d'être publié en livre de poche. Je possède quelques Gracq dans l'édition Corti et je les préfère à la Pléiade. Lors de mes séjours à Paris, je ne manquais jamais les librairies que je considérais comme mes temples de littérature : La Hune, les PUF, Compagnie, Gibert, et évidemment, Corti, situé dans la rue de Médicis. J'ai croisé ce Monsieur Corti dans les années 80 et je me souviens de sa prestance impressionnante et de sa présence intimidante... J'ai choisi un ouvrage sur Nerval, poète romantique génial et j'ai réglé la note sans dire un mot. J'étais jeune à l'époque et je n'ai pas osé lui adresser la parole... François Bon regrette la fermeture de cette librairie "mythique" mais il informe le lecteur qu'une nouvelle librairie ouvrira ses portes en février regroupant le fonds Corti et d'autres éditeurs indépendants. Dès que je retournerai à Paris, je prendrai le chemin du Luxembourg pour retrouver le charme suranné de cette librairie parisienne et surtout le fonds Corti...

lundi 6 mars 2017

"Beauté"

Philippe Sollers a lui-même résumé son roman sur la couverture : "Dans le chaos actuel, le narrateur de ce roman est amoureux de Lisa, une jeune pianiste exceptionnelle. C'est la beauté." Un roman de Philippe Sollers ne ressemble à aucune fiction traditionnelle. Ce personnage "mythique" de Saint Germain des Prés, "mage" de la plus prestigieuse maison d'édition de la planète littérature, (je veux parler de Gallimard) écrit beaucoup, peut-être trop... Je le lis depuis de nombreuses années (il est né en 1936) et il s'est sculpté un personnage sulfureux, audacieux, iconoclaste. Des lecteurs(trices) l'adorent comme d'autres l'abhorrent. Il attire des critiques acerbes : il serait insupportablement léger, snob, parisien (et pire, bordelais). J'ai parcouru quelques informations sur le Net à son sujet et j'ai été même étonnée d'apprendre qu'il avait autant de détracteurs. Sa liberté de ton, son humour décalé, sa culture immense dérangent, heurtent, agacent. Il vaut mieux éviter ses détracteurs et ouvrir un des ouvrages sans préjugés et sans à priori. Et j'ai ouvert "Beauté". Le personnage (l'écrivain) écrit : "C'est une virtuose du piano, je me débrouille avec les mots. On aime par-dessus tout le silence." Les deux amants s'embarquent pour Egine, en Grèce et se retrouvent devant le temple d'Athéna Aphaia. Avec humour, il raconte l'irruption d'un coup de foudre, coup du destin, interprété comme la présence de Zeus, dieu des dieux. Ce pèlerinage amoureux scelle leur relation et le narrateur va tout au long des pages évoquer Lisa et sa beauté. Elle voyage beaucoup à travers l'Europe et il la rejoint ou l'attend. Comme dans tous ses livres, Philippe Sollers raconte ses goûts littéraires, ses passions artistiques et musicales. Tout est beauté pour lui : les femmes, les temples, les dieux grecs, un air d'opéra, un texte de Pindare, une scène de l'Odyssée, le ciel, les arbres, la mer... Son livre est truffé d'anecdotes, tirées de la mythologie grecque (un peu comme Quignard...). J'ai croisé avec plaisir Hölderlin à Bordeaux à qui, il consacre de nombreuses pages. Il évoque Rimbaud, Quignard, Céline, Bataille, et tant d'autres. Sa culture littéraire n'est pas du tout écrasante et pédante. Bien au contraire, ses citations d'écrivains, ses allusions philosophiques, ses "racontades" musicales enchantent le lecteur(trice). Philippe Sollers, homme du passé (très grec), n'oublie pas le tumulte contemporain et les événements politiques en France, en particulier les attentats. L'écrivain a rencontré son Athena-Lisa et la musique l'a ensorcelé... Ce roman polyphonique rend hommage à la Grèce antique, à la musique et à la littérature,  et je ne pouvais que me sentir bien dans ce monde "sollérien"...

vendredi 3 mars 2017

"La philosophie comme manière de vivre"

J'avais lu, de Pierre Hadot, "Qu'est-ce que la philosophie antique" pour approfondir ma connaissance des Grecs anciens et j'avais remarqué la simplicité de son style, la clarté de ses commentaires, l'intelligence de sa pensée. Ce livre m'avait beaucoup aidée à approcher la philosophie antique. J'ai donc découvert en février, "La philosophie comme manière de vivre", ouvrage publié en livre de poche en 2001. Ce livre comporte des entretiens avec Jeannie Carlier et Arnold I.Davidson. Pierre Hadot lance la question suivante : "Le principal problème qui se pose au philosophe, c'est fondamentalement de savoir ce qu'est philosopher." Les deux premiers entretiens retracent l'itinéraire personnel du philosophe : son enfance dans une famille catholique, sa formation théologique, sa prêtrise, sa rencontre avec sa femme allemande, sa carrière au Collège de France. Pierre Hadot médiatise dans le meilleur sens du terme (rôle de passeur, de transmetteur) la philosophie antique dans toutes ses dimensions : sa pérennité, sa mise en question sur ses valeurs, son utilité pour mieux vivre aujourd'hui. La philosophie pour Pierre Hadot ne se confond pas avec des constructions de systèmes. Il revendique une "philosophie comme une manière de vivre". Dans l'introduction, j'ai apprécié la notion de "sentiment océanique" dont parlait Romain Rolland. Le philosophe écrit : "J'ai été envahi par une angoisse à la fois terrifiante et délicieuse, provoquée par le sentiment de la présence du monde, ou du Tout, et de moi dans ce monde, je crois que je suis philosophe depuis ce temps-là". Les Anciens ont exprimé leur admiration devant le cosmos, que les Grecs nomment aussi beauté, vécue comme un dépassement de son "moi partiel et partial"  afin de s'élever à une vision "d'en haut". Pierre Hadot nous ouvre les portes de la philosophie antique et nous confie cette vérité profonde et pourtant évidente : "Et si philosopher, c'est apprendre à mourir, il faut aussi apprendre à vivre le moment présent, vivre comme si l'on voyait le monde pour la dernière fois, mais aussi pour la première fois". Cet ouvrage essentiel pour comprendre "l'âme antique" se lit sans problème si le lecteur est un peu familier d'histoire de la philosophie et je n'ai résumé qu'un centième de tout ce qu'il contient...

jeudi 2 mars 2017

Philosophie magazine

La revue Philosophie magazine de février propose un sujet d'actualité : "De quoi la gauche est-elle malade ?". Plusieurs intervenants donnent des explications sur la crise que traversent les différentes mouvances de la gauche éclatée et déchirée en quatre grandes galaxies selon Jacques Juillard : les Gauches jacobine, libérale, collectiviste et libertaire.  Dans un long entretien, Marcel Gauchet et Eric Fassin tentent de définir l'avenir du socialisme en France avec de nouvelles bases imposées par le nouveau monde néolibéral. Beaucoup de constats et d'interrogations pour éclairer le lecteur(trice). Dans ce numéro, Ruwen Ogien évoque son cancer en "dégonflant sans se payer de mots, une certaine idée de la maladie". Le philosophe écrit dans son dernier ouvrage "Mes mille et une nuits" : "Ni la maladie, ni les souffrances physiques n'ont de justification morale". Tous les mois, la revue met en exergue un philosophe avec un petit carnet détachable comportant des extraits de son œuvre. Descartes a donc été choisi et son influence, déclinée dans un article très intéressant. On retrouve aussi des billets divers sur l'actualité, commentés avec un regard philosophique. Des critiques de livres dans le domaine des sciences humaines parachèvent l'excellence du sommaire. En mars, la revue change de maquette pour une plus grande lisibilité. L'arborescence des sujets semble plus agréable et se structure ainsi : un entretien exclusif (Noam Chomsky), Déchiffrer l'actualité, Prendre la tangente (Sylvain Tesson), le dossier central, Cheminer avec les Idées (Blaise Pascal), des critiques de livres. La revue  poursuit donc son interrogation sur le climat actuel : "Peut-on aller bien dans un monde qui va mal ?" Cette question lancinante et éternelle est analysée sous divers angles d'attaque : "se mettre au vert, plonger dans le cœur noir du monde, faire la sieste, affirmer la liberté de choix, opposer un monde au monde". Mikaël Foessel, philosophe, apporte une réponse (je ne la dévoilerai pas...). Un article sur le "chez-soi" m'a beaucoup intéressée et j'ai retenu cet extrait de Mona Chollet sur la notion de refuge qu'elle défend comme "des  plages de temps où l'on est plus là pour personne". Un numéro de mars vraiment réussi...

mercredi 1 mars 2017

Rubrique cinéma

Le temps maussade d'aujourd'hui m'a influencée pour me rendre à l'Astrée où j'ai vu un film américain de Mike Mills, "20TH Century Women" (Femmes du XXe siècle). Le cinéaste avait entrepris de raconter son enfance avec le portrait de son père dans "Beginners" en 2011. Le deuxième volet de son autobiographie filmée concerne sa mère, interprétée par Annette Benning. Cette femme divorcée, d'une cinquantaine d'années, élève son fils de quatorze ans en souhaitant pour lui "le meilleur des mondes possibles".  Mais, cette chronique familiale se déroule en 1979, au seuil d'une modernité percutante et libérale. Tout commence à changer : le gentil rock and roll devient le punk rock, la société n'est plus structurée comme avant, la consommation s'affole, les femmes se révoltent et veulent leur indépendance, les ordinateurs apparaissent, les relations amoureuses se multiplient... La mère, ingénieur de métier, vit dans une grande maison où elle loue deux chambres à un ancien hippie, amateur de voitures, et à une artiste photographe un peu loufoque. Le jeune adolescent reproche à sa mère d'être célibataire et de se complaire dans cette situation. La mésentente entre mère et fils entraîne celle-ci à passer un pacte d'accompagnement : son fils doit être suivi par sa locataire et sa meilleure amie. Comme elle ne peut plus communiquer avec lui, ces deux femmes vont remplacer cette mère qui ne veut pas renoncer à renouer des liens avec cet adolescent (pourtant bien sage...). Les scènes de sorties nocturnes s'enchaînent au son de la punk (assez éprouvant en bande sonore). Les confidences sur la sexualité féminine servent d'initiation transgressive. Chaque personnage, au fond, révèle une fragilité psychologique et un mal être existentiel et chacun cherche un équilibre dans un monde bouillonnant. Il ne se passe presque rien dans ce film et pourtant, la magie du cinéma capte l'attention des spectateurs. Le cinéaste, en choisissant ce moment clé de leur vie, raconte aussi leur avenir. Le portrait de la mère est une grande réussite pour sa force vitale, son humour décapant, son esprit bohème. Son fils lui déclare malgré tout son amour filial en lui disant que ce n'était pas la peine d'appeler à l'aide car il se sentait toujours bien avec elle...Un beau film, original et surprenant, mêlant des archives télévisuelles à l'histoire familiale. L'adolescent est devenu cinéaste et sa mère a vécu avec un compagnon jusqu'à la fin de sa vie... en 1999.