mardi 12 février 2019

Atelier Lectures, 3

Après les coups de cœur, nous avons évoqué l'écrivaine israélienne, Zeruya Shalev. J'ai proposé les romans "volcaniques" de cette femme courage, née en 1959 dans un kibboutz en Israël. Chaque fois que j'ouvrais une de ses œuvres, je ne pouvais plus la lâcher. Comme ses romans m'avaient particulièrement frappée, je me suis demandée si ses livres toucheraient les lectrices de l'atelier. En trois mots, j'adopterai ces expressions pour qualifier les œuvres de Zeruya Shalev : tempête psychologique, ouragan narratif, vents furieux relationnels. Les amies lectrices ont succombé à leur tour au charme indescriptible de l'écrivaine israélienne. Je commencerai par quelques éléments biographiques. Elle a grandi dans un milieu familial où l'écrit et la littérature tenaient une place exceptionnelle. Père, critique littéraire connu, oncle écrivain, cousin poète, la jeune Zeruya a baigné dans une atmosphère propice à la création. Elle pousse même son amour de la littérature en épousant un romancier… En 2004, elle est victime d'un attentat suicide, suite à l'explosion d'un bus. Dix personnes meurent dans cet attentat et elle est très gravement blessée. Elle restera immobilisée pendant plusieurs mois. L'écrivaine explique dans Libération : "Mais vivre en Israël, c'est comme vivre sous un volcan, ça rend créatif, c'est une inspiration. En ce sens, la réalité israélienne influence mes livres, ne serait-ce que parce que je vis dans une ambiance très tendue, chaque jour est plein de peurs et de dangers, à tout moment, tout peut arriver". Cette tension permanente qu'elle décrit dans cet entretien se retrouve dans ses cinq romans, de "Vie amoureuse" à "Douleur". Dans son œuvre, les femmes vivent souvent une vie sentimentale compliquée, prises dans les mailles de l'amour, des mailles serrées ou lâches, entre mari, amant, parents, enfants et adolescents sans oublier la présence essentielle des grands-parents. Lire Zeruya Shalev, c'est entrer par effraction dans un monologue intérieur fulgurant où le rythme de la phrase souvent longue nous entraîne dans une folle sarabande. Comme dans toute œuvre, lire, c'est se lire… Son lectorat se retrouve dans ses textes où les "femmes sont au bord de la crise de nerfs" comme le dirait Almodovar… La suite, demain.