mardi 17 novembre 2020

Le goût de l'avenir

 Quel mois de novembre ! Entre le confinement imposable et les attentats effroyables, il faut raison garder... J'ai récemment lu un article signé de Geneviève Brisac et je me suis reconnue dans ses réactions après la conférence de notre Premier Ministre avec ses collègues ministres. Il ne plie pas notre grand Maitre de l'Etat, nous laissant dans une hébétude interrogative. Seules les statistiques comptent : tant de lits de réanimation, tant de cas de contamination, tant de réduction de trajets, de salariés en télétravail, etc. Un tourbillon de chiffres, un gouffre mathématique sans parler de la pratique de la "modélisation". L'écrivaine raconte sa migraine en écoutant ces relevés de compte. Moi aussi, je me sentais cernée par un malaise existentiel devant cette conférence documentée, chiffrée, préparée par des fonctionnaires robotisés. Neutralité, autorité, légitimité. Des discours secs et objectifs. Rien sur le moral des Français, rien sur les malades, aucune pensée pour les petits commerçants en faillite. L'adjudant chef s'exprimait en mode automatique. Dommage pour cette perte de compassion et d'empathie. Peut-être notre chef de gouvernement possède un cœur dans le privé mais à la télévision, il joue le rôle du Commandeur dans la pièce de Don Juan : attention aux petits malins qui veulent jouer solo, qui trichent un tout petit peu en s'écartant d'un kilomètre dans le périmètre obligatoire. Les librairies ont perdu leur clientèle sauf les plus fidèles au détriment du distributeur américain. Des pans entiers se craquèlent dans la société : personne n'applaudit les soignants épuisés, personne ne pense à Noël, les jeunes s'inquiètent pour leurs études et leur premier contrat de travail. Les Catholiques veulent assister à des vraies messes... Les commerçants manifestent partout. Et patience, il faut attendre que les hôpitaux se vident pour nous rendre un peu de liberté pour la fin de l'année. Heureusement, le vaccin va nous sauver dans trois, six mois et encore, on en sait trop rien. Je pense donc à notre avenir sans la menace de ce virus qui plane sous notre nez alors que je respecte parfaitement les précautions recommandées. J'ai vécu un petit moment d'avenir jeudi dernier avec une visio-conférence de l'atelier Philosophie de la Maison de quartier. Agnès avait réuni une dizaine de participants grâce à une application et nous avons partagé un bon moment de réflexion sur la laïcité, le blasphème, la place des religions dans notre société. Deux heures qui m'ont rappelé les rencontres conviviales autour des idées et de la philosophie. Un bain de jouvence, d'intelligence et de culture à travers nos écrans. Rien ne vaut la présence humaine en mode réel mais cette intervention sur internet a certainement provoqué en chacun de nous une hausse de notre moral parfois bien fragilisé par le confinement. Vivement l'avenir !