vendredi 27 janvier 2017

Jeudi des Livres, 5

Pour illustrer le génie littéraire de Virginia Woolf, (je dis bien "génie"),  j'ai donc choisi un roman que j'ai relu quasiment trente ans après... "Vers le phare", (titre exact au lieu de "Promenade vers le phare"), représente un sommet dans son œuvre, composée d'une vingtaine de titres. J'ai donc pris mes deux Pléiades des Œuvres Romanesques, éditées en 2012. J'attendais avec impatience l'intégration de Virginia Woolf dans cette collection prestigieuse car Gallimard tardait trop dans ce projet. Son coffret des deux volumes comprend ses onze romans et des nouvelles inédites. L'avantage d'une Pléiade réside dans son papier bible qui permet d'imprimer dans un exemplaire plus de cinq romans avec les notes indispensables pour mieux comprendre le projet initial, la matrice de chaque texte. "Vers le phare" met en scène une famille, les Ramsay et leur groupe d'amis dans une maison de vacances proche de la mer. Virginia Woolf s'empare de la conscience de chaque personnage pour décrire leur "moi" au plus profond : les pensées, les intuitions, les impressions, ressenties par chacun d'entre eux. Madame Ramsay symbolise la mère protectrice, aimante, bienveillante alors que son mari joue parfaitement le rôle attendu du chef de famille, du patriarche imposant et sévère. Ses enfants le craignent et le respectent. Le sujet du roman semble infinitésimal : le fils Ramsay rêve d'aller au phare en bateau avec sa mère mais le refus du père tue la joie du garçon. Le roman en trois parties s'ouvre sur cette réunion familiale et amicale, puis un drame intervient, et on retrouve les personnages, dix ans après. Plus je redécouvrais le roman, plus je ressentais une admiration pour Virginia Woolf qui me rappelait l'univers de Marcel Proust (qu'elle lisait beaucoup). Madame Ramsay et Lili Briscoe sont les porte-paroles de l'écrivaine. La mère de famille disparaît du paysage familial et l'artiste peintre assiste à la promenade vers le phare, mais cette balade au goût amer arrive trop tard. Seule, Lily Briscoe termine sa toile dans un geste créateur sublime dans lequel je vois la plume de Virginia Woolf, pour qui le réel et l'art fusionnent dans une unité enfin atteinte... Ce roman est un chef d'œuvre et il m'a fallu du temps, de la maturité, pour peut-être, sentir, ressentir à la fois l'immense souffrance de cette femme avec sa "folie" intermittente et l'amour de la vie que l'on peut lire dans toutes les pages de son roman. Le phare symbolise aussi la lumière et Virginia Woolf a cherché cette lumière à travers l'écriture...

mercredi 25 janvier 2017

Jeudi des Livres, 4

Pour entrer dans l'univers de Virginia Woolf, il vaut mieux contourner l'ensemble des romans et choisir un ouvrage plus accessible. J'ai conseillé "Une chambre à soi", publiée dans la collection 10/18 et traduit par Clara Malraux. Cet essai, composé en 1929, fait partie des nombreux écrits non-fictionnels de l'écrivaine et correspond à un constat lucide et implacable de la condition des femmes à l'époque victorienne et patriarcale. Il faut se souvenir que les femmes ne pouvaient pas s'inscrire à l'université, voter, avoir une indépendance économique, sans parler de la disposition de leur corps... Virginia (je n'écris que son prénom, tellement je la considère comme une sœur, une amie, une mère spirituelle...) pose la question scandaleuse de la pauvreté des femmes et surtout de leur absence dans la création littéraire. Avec un humour dévastateur et caustique, elle se moque allégrement des hommes qui ont écrit des milliers de livres sur les femmes  sans vraiment les connaître. Ces pages détiennent encore aujourd'hui une vérité et une force prémonitoires. Elle sait par expérience qu'elles, comme le dira Freud, demeurent le "continent noir" de l'Histoire. Virginia Woolf imagine une sœur dans la vie de Shakespeare : "Elle avait l'imagination la plus vive, le même don que son frère pour la musique des mots. (...) Elle se tint devant l'entrée des artistes." Le monde des hommes faisait obstacle et se moquait des velléités créatrices des femmes. Virginia Woolf utilise les termes "hostilité, indifférence du monde à leur égard". Sa colère monte au fil des pages devant cette injustice criante et cruelle. Plus loin, elle écrit alors que les bibliothèques sont interdits aux femmes (on revient de loin...), "Fermez vos bibliothèques, si cela vous plaît, mais il n'est ni porte, ni serrure, ni verrou que vous puissiez dresser contre la liberté de mon esprit !". Virginia Woolf a démontré par sa vie et par son œuvre, sa liberté de créatrice, sa passion des mots et de la littérature. Son ouvrage, "Une chambre à soi", n'est pas du tout démodé, décalé, hors sujet... Bien au contraire, aucun acquis sociétal pour les femmes n'est gravé dans le marbre... Mais, comme le suggère l'écrivaine, si une femme veut écrire, elle peut réaliser son rêve sans imiter les hommes et en apportant sa touche personnelle irremplaçable et unique... Ce pamphlet féministe remue, bouscule, décrit une injustice majeure faite aux femmes pendant des siècles : leur pauvreté qui a empêché l'émergence de la création littéraire dans un lieu bien à elle.

lundi 23 janvier 2017

Jeudi des Livres, 3

Quand Geneviève a proposé Virginia Woolf, j'ai vite accepté tellement son œuvre me fascine depuis des décennies. Mais, lire Virginia Woolf présente un inconvénient : comment aborder ses romans qui souvent, semblent assez opaques à de nombreux lecteurs ? J'ai donc pris des précautions car, pour rencontrer un écrivain de cette dimension universelle, la porte est assez étroite... J'ai choisi un essai, "Une chambre à soi" et une biographie de Viviane Forrester. Avant d'ouvrir un roman "woolfien", il faut se renseigner sur la vie de cette femme singulière et unique. Elle est née en 1882 à Londres dans une famille d'intellectuels de la haute société anglaise. Son père, Leslie Stephen, historien imposant et sévère, se marie une deuxième fois avec la mère de Virginia. La jeune adolescente vit dans une famille "recomposée" avec une fratrie nombreuse. Virginia perd sa mère à l'âge de treize ans et sa demi-sœur, Stella, deux ans après. Elle s'effondre psychiquement et elle est brièvement internée. Elle étudie seule, sans aller à l'école et se nourrit de livres de la bibliothèque de son père. La lecture tient une immense place dans sa vie.  A la mort de ce père tyrannique, Virginia s'installe avec sa sœur Vanessa dans une maison londonienne et fréquente un groupe de jeunes intellectuels, le "Bloomsbury Group". En 1912, elle se marie avec Leonard Woolf et fonde une maison d'édition, "La Hogarth Press" qui publiera de nombreux écrivains dont Freud. Pendant tous ces années, elle mène une vie trépidante à Londres et une vie calme à la campagne pour s'adonner à l'écriture qui devient une obsession vitale et la protège de la folie qu'elle sent monter en elle. Elle rencontre Vita Sackville en 1922 et elles auront une liaison passionnelle qui donnera naissance au seul roman baroque et historique de son œuvre : "Orlando".  Les troubles psychiques s'accélèrent au fil du temps et Virginia Woolf se suicide en 1941 en se noyant dans la rivière proche de sa maison. Ce destin hors du commun a toujours ému ses lectrices (en majorité) et une littérature biographique importante évoque la folie suicidaire de cette femme fragile dans sa vie et puissante dans son œuvre. La biographie très littéraire de Viviane Forrester dévoile les secrets intimes de Virginia Woolf et raconte la maladie de l'écrivaine, le rôle protecteur et ambigu de son mari, l'entourage familial et amical, le retrait volontaire du monde pour mieux le décrire. Qui était vraiment cette femme écrivain  ? Elle conserve tout un halo de mystère et pourtant, lire ses romans et ses essais apporte quelques réponses. Elle écrit : "Je sens qu'en écrivant, je fais ce qui est beaucoup plus nécessaire que tout le reste" et une autre citation révélatrice : "Notre affaire, c'est d'aller des mots anciens dans un ordre nouveau, afin qu'ils survivent et qu'ils créent la beauté, qu'ils disent la vérité." Je consacrerai deux autres billets dans la semaine sur "Une chambre à soi" et "Vers le phare"...

vendredi 20 janvier 2017

Jeudi des Livres, 2

Véronique a présenté deux romans : "Mensonge" de Valérie Zenatti et "Fleur de Tonnerre" de Jean Teulé. Le premier cité raconte l'histoire de l'auteur, elle-même, qui s'approprie l'identité de l'écrivain Aharon Appelfeld pour avouer ensuite la sienne en relatant ses souvenirs d'enfance, la culture juive, les cérémonies religieuses, Nice, et son amitié avec cet écrivain majeur qu'est Aharon Appelfeld. Le deuxième livre de Jean Teulé l'a beaucoup amusée par le personnage de cette femme charmante, une des plus grands meurtrières de tous les temps. Elle s'appelait Hélène et fut décapitée en 1852 à Rennes. Marie-Christine a évoqué "Les portes de l'enfer" de Laurent Gaudé (encore lui...) dont on connaît ses qualités : un style puissant, un sujet captivant, une situation hautement dramatique. Elle a aussi parlé de "La petite fille de Monsieur Linh", publié en 2005 et d'un roman déjà évoqué dans nos rencontres précédentes, "Soudain, seuls", d'Isabelle Autissier, la navigatrice émérite devenue écrivain. Danièle a opté pour trois coups de cœur :  "Continuer" de Laurent Mauvignier ou les retrouvailles à cheval d'une mère courage avec son fils perturbé, "Sous les ailes de l'hippocampe" de François Suchel et "L'axe du loup" de Sylvain Tesson. François Suchel  détient une grande originalité dans son métier, pilote de ligne, ce qui ne l'empêche pas d'écrire sur ses traversées de pays en pays. Vue du ciel, la terre prend une tournure différente et cet ouvrage démontre que notre planète est bien malmenée par les hommes... Voilà pour la partie "coups de cœur" : je remarque qu'à part le prix Goncourt de 2016, les lectrices n'ont pas évoqué les romans en tête de liste des ventes. Cela me fait souvent plaisir de découvrir des auteurs méconnus, des titres un peu décalés, comme si tous ces livres constituaient une pochette surprise que nous achetions quand on était enfant et que l'on déchirait avec une précipitation fiévreuse. Lire ressemble à ce geste de notre enfance enthousiaste : que va-t-on trouver dans toutes ces pages ? De belles et bonnes histoires pour nous rendre la vie plus passionnante...

jeudi 19 janvier 2017

Jeudi des Livres, 1

Comme en décembre, le groupe de lectrices n'était pas au complet cet après-midi... Mais, la rencontre, la quatrième de ces jeudis des livres depuis la rentrée,  a bien eu lieu malgré le froid intense, les problèmes de santé et autres empêchements. Nous avons abordé en première partie, le sujet central, Virginia Woolf qui mérite au minimum de deux à trois billets dans ce blog. Je commencerai donc par relater les coups de cœur des lectrices présentes. Régine a démarré avec trois coups de cœur dont deux coups de poing en présentant "Danser les ombres" de Laurent Gaudé, publié chez Actes Sud. L'histoire se passe à Haïti pendant le tremblement de terre et les vivants se mêlent aux disparus de la catastrophe. L'écrivain raconte avec son style inimitable, la vie foisonnante de l'île et la vitalité des habitants, habitués au malheur et à la misère. Le thème de la reconstruction a vraiment intéressé Régine qui nous a aussi conseillé un roman peu connu, "L'orangeraie" de Larry Tremblay, prix des libraires au Québec en 2013, une histoire tragique sur le sacrifice d'un enfant martyr dans un pays en guerre au Moyen Orient. La famille doit sacrifier un de leurs fils pour le bien de la communauté. Comment réagir à cette proposition horrible ? Il faut lire ce roman, paru en Folio,  pour connaître la suite. Régine a conclu son choix avec une très bonne biographie de Karen Blixen, "Baronne Blixen" de Dominique de Saint Pern.  Dany a beaucoup aimé "Sur les chemins noirs" de Sylvain Tesson. Cette traversée de la France du Sud au Nord par des sentiers secrets intervient après l'accident de l'auteur, tombé d'un toit. Une renaissance de lui-même et une découverte d'un pays méconnu. Dany a aussi lu avec un grand plaisir "Le détroit du loup" d'Olivier Truc et "Sur la route de Madison" de Robert-James Waller. Elle a terminé sa présentation avec le dernier Prix Goncourt de 2016, "Chanson douce" de Leila Slimani, un roman prenant, déroutant et percutant à lire absolument. Une famille de bobos parisiens ne voit pas la bienveillance malfaisante de leur nounou en mal d'être qui va commettre l'irréparable. La suite des coups de cœur, demain...

mardi 17 janvier 2017

Rubrique Philosophie

Le grand avantage des bibliothèques réside dans la constitution d'un fonds pérenne de livres. En librairie, se côtoient des nouveautés et des livres de poche et on ne trouve pas d'ouvrages datant du siècle dernier, à part quelques raretés. A la médiathèque de Chambéry, il existe aussi un fonds invisible aux yeux des lecteurs(trices) et les ouvrages n'apparaissent que sur le catalogue informatisé. Je regrette parfois que la majorité des documents soit consultable sur place, ce qui est frustrant quand on ne dispose pas assez de temps pour lire sur place. J'ai eu la bonne surprise de rencontrer sur une étagère un "vieux livre" de 1990, un exploit ! Les bibliothécaires ont du avoir pitié de ce titre : il s'agit d'un ouvrage d'Epicure, publié chez un éditeur malheureusement disparu qui se nommait Hermann. J'avais acheté dans cette maison d'édition le célèbre "Banquet" de Platon, illustré par ma peintre préférée, Vieira da Silva. Cet "Epicure" contient une très intéressante introduction de Jean Pierre Faye, une préface de Maurice Solovine, une vie du philosophe par Diogène Laerce (du IIIe siècle après J.-C.) et ses textes dont il reste que trois lettres (à Hérodote, à Pythoclès, à Ménécée). Un lecteur a griffonné sur les pages (qui est ce mystérieux amateur d'Epicure ?) et cela ne me gêne pas, bien au contraire... Je partage avec cet inconnu mon accord pour telle maxime et telle pensée. Je ne vais pas raconter la vie toute philosophique de cet homme, né à Samos, d'un père grammairien et d'une mère magicienne... Avec des parents de cet acabit, le destin d'Epicure ne m'étonne guère... Je préfère vous livrer quelques phrases de cet inventeur de la sobriété heureuse, de l'amitié bienveillante et d'une conception "atomiste" de la vie : "Chacun de nous quitte la vie avec le sentiment qu'il vient à peine de naître", "Il est inutile de demander aux dieux ce qu'on peut se procurer par soi-même", "Quand on se suffit à soi-même, on arrive à posséder le bien inestimable qu'est la liberté", "Cache ta vie". Le livre sur les doctrines et les maximes d'Epicure, n'a pas été "désherbé" par une bibliothécaire, peut-être sensible à la sagesse épicurienne... Tant mieux pour les lecteurs de la médiathèque...     

lundi 16 janvier 2017

"Les Larmes"

Dès que ce roman de Pascal Quignard est sorti en librairie, je suis allée le chercher chez Garin. J'ai attendu un certain temps avant de l'ouvrir car, il faut une certaine disponibilité d'esprit pour entreprendre sa lecture pointilliste. Cet ouvrage atypique appartient à l'univers hautement quignardien : une mosaïque de fragments, de textes courts, de légendes, de rêves, d'intuitions, de repères historiques, en fait, une littérature enchantée. La trame de ce poème-roman ou roman poétique est parfois difficile à suivre sur un plan linéaire. Je vais essayer de résumer la ligne romanesque : il était une fois deux jumeaux, Nithard et Hartnid, fils de Berthe et d'Angilbert, petits-fils de Charlemagne, nés au début du IX siècle. Ils sont pourtant très différents : l'un, Nithard, devient scribe, chroniqueur de la geste des Francs. Il conseille son cousin, Charles le Chauve, abbé de Saint-Riquier. Son frère, Hartnid, "voyageait. Il voguait. Il chevauchait. Il ne restait pas en place. (...) Son nom n'était que le contraire d'un nom et il était alors complétement indifférent au monde qui n'était que le fantôme du monde." Le premier jumeau se mêle des affaires terrestres car il sera l'instigateur des Serments de Strasbourg, avec Charles le Chauve et Louis le Germanique. Ce fait historique donne naissance à la langue française, issue du latin, le 14 février 842 : "C'est alors que le vendredi 14 février, à la fin de la matinée, dans le froid, une étrange brume se lève sur les lèvres. On appelle cela, le français". Cette date mythique est pour Pascal Quignard l'origine de notre langue et il révèle tel un conteur magique, la naissance de la première œuvre de la littérature française, la "Séquence de Sainte Eulalie" en la datant du mercredi 12 février 881 à Valenciennes ! Hartnid choisit une vie de vagabondage et traque le visage sublimé d'une femme aimée. La période historique très ancienne, celle des Carolingiens, apporte un dépaysement total, un temps lointain et insondable beaucoup plus méconnue que celui d'Athènes et de Rome. Ce roman légendaire demande une deuxième lecture, une troisième, et plus, si nécessaire. Pascal Quignard exige une lecture lente, renouvelée, révélée... Je n'ai peut-être pas tout saisi du projet de ce roman mais, j'aime qu'une œuvre me résiste, m'échappe et m'intrigue... La littérature n'est pas une science, mais un état d'âme !  

vendredi 13 janvier 2017

Rubrique Philosophie

J'avais évoqué la place de la philosophie dans ma vie de retraitée car j'assiste depuis deux ans à un cours d'un ex-professeur de philosophie à l'AQCV (Maison de quartier du centre ville). Lundi dernier, j'ai suivi une nouvelle cession, proposée par un professeur de l'Université de Savoie, Monsieur Bouvier dans le cadre de l'USTL (Université savoisienne du Temps Libre...). J'avoue que ce premier cours m'a vraiment impressionnée par la qualité indiscutable de l'intervenant. Il a exposé sa maquette sur six cessions en expliquant sa méthode d'enseignement : quarante cinq minutes de cours, dix minutes de questions de la salle, pause courte et le même rythme dans la deuxième heure de cours. Le thème du cours, l'individualisme, va se décliner ainsi : introduction générale, l'individu d'un point de vue sociologique et anthropologique, la philosophie du sujet, l'analyse de Tocqueville, l'ère du vide : l'individu postmoderne, de l'individu à la tribu. J'ai écouté avec une extrême attention ce cours et j'ai vécu un festival d'idées et de références : d'Edgar Morin à Marc Aurèle, de Max Weber à Descartes, de Marcel Gauchet à Norbert Elias. Notre intervenant a mentionné Raymond Carver et de son ouvrage, "Les vitamines du bonheur". Cette incidence littéraire m'a donné envie de relire cet écrivain américain, l'écrivain de la solitude, de l'angoisse, un double d'Edward Hopper, le peintre de la déréliction urbaine contemporaine. Ce thème de l'individualisme m'intéresse beaucoup et bien que j'avais lu des livres concernant ce sujet, j'avoue qu'un cours structuré, illustré, érudit m'apporte une rigueur intellectuelle et une ouverture sur des textes plus complexes. Je recopie quelques fragments du cours : "les sociétés traditionnelles nous normalisent, nous encadrent, nous canalisent", "l'individu s'émancipe du passé", "le monde contemporain est désenchanté". J'ai bien aimé la façon de résumer le monde grec ancien et enchanté : "Quand un Grec ancien apercevait une jolie femme sur une plage, il se demandait si c'était une femme ou une déesse"... La méthode d'enseignement, basée sur la rigueur, la clarté, la culture repose aussi sur la discipline, consentie et partagée par la soixantaine de participants car certains "messieurs" adorent prendre la parole pour se valoriser alors que la gente féminine écoute sagement sans oser contredire ce professeur, issu de l'université. Deux heures intenses et passionnantes pour aimer la philosophie.

jeudi 12 janvier 2017

Eloge du carnet

Un carnet, même tout petit, peut avoir une grande utilité. Quand je visite des capitales européennes, je pars souvent avec une valise cabine et ce bagage ne peut accueillir en son sein que des petits objets. Je rapporte donc des marque-pages que l'on trouve dans les librairies des musées, des crayons et des stylos estampillés, des petits catalogues et surtout un objet fétiche, le carnet. J'en conserve dans un panier que je glisse dans ma bibliothèque pour servir de marque-mémoire de mes beaux séjours de l'année. Je traque en priorité les carnets avec des effigies littéraires. Ainsi, j'ai déniché à Amsterdam un carnet noir élastiqué avec la photo d'Albert Camus et sa célèbre cigarette (en France, pas de photo pro-tabaggique...). Depuis, ce carnet me sert d'aide mémoire et j'inscris tous les titres de livres que je lis dans l'année. J'adore établir des listes concernant ma vie "culturelle" : films, séries, livres... J'aime acquérir des carnets de toutes dimensions, de toutes textures et surtout avec un élastique pour maintenir les pages fermées. Cela me rappelle le carnet Moleskine noir si cher à Hemingway et à Bruce Chatwin, objet mythique des voyageurs et des aventuriers. Par curiosité, je suis allée sur le site internet de Moleskine et j'ai bien remarqué le marketing ultra-chic semblable à la gamme des stylos Mont-Blanc... Ma collection est bien plus éclectique, modique et modeste. J'ai trouvé un moleskine noir à l'université de Coimbra et je m'en sers comme agenda. J'utilise d'autres carnets dénichés à Athènes dans les musées avec les figures de Socrate, Platon, Aristote. J'écris dans ces pages athéniennes les pensées les plus percutantes de ces philosophes. A Lisbonne, je me suis procurée des petits carnets à spirale avec le portrait coloré de Pessoa. Les carnets servent à tous les actes quotidiens : les courses alimentaires, les rendez-vous divers, etc. Comme j'assiste à un grand nombre de cours, je glisse dans mon sac, un carnet pour prendre des notes. Ce petit objet anodin passerait inaperçu pour beaucoup mais, pour moi, il possède un attrait irrésistible et j'avais envie de lui donner ses lettres de noblesse. Du répertoire à l'agenda, du carnet de bord au carnet de voyage, j 'ai adopté depuis longtemps ce petit compagnon de papier qui m'est devenu indispensable.  

mardi 10 janvier 2017

La librairie d'Emmaüs

En ce début d'année, j'ai pris le chemin d'Emmaüs, du côté de La Motte-Servolex. J'avais mis de l'ordre dans mes bibliothèques qui débordent de livres et comme je ne dispose pas de mur supplémentaire (salon, cuisine,  chambre et même salle de bain sont déjà conquis par mes chers bouquins...), je trie régulièrement mes étagères pour retirer certains titres que je vais déposer à Emmaüs. Je prépare la venue de nouveaux compagnons et dès ce mois de janvier, j'avais envie de fouiller la librairie la plus importante en livres d'occasion sur le secteur. Il n'y avait pas trop de bibliomanes cet après-midi là alors qu'en été, une fréquentation massive rend le butinage malaisé, dans ce local dédié aux livres. J'ai pratiqué la chasse aux trésors en même temps qu'un bouquiniste qui vérifiait sur sa tablette les prix des ouvrages qu'il sélectionnait avec un espoir de revente et de gain comptable. Il paraît que beaucoup de professionnels puisent leurs ressources dans les travées des librairies d'Emmaüs. En fouillant les tables, les rayonnages, les vitrines, j'ai remarqué une majorité de best-sellers des années précédentes sans intérêt. Quand je cherchais un écrivain très littéraire, je ne le trouvais pas (aucun Virginia Woolf, ni Pascal Quignard). Après deux heures de recherche et de musculation, (il faut soulever une quantité industrielle de livres sur les tables), j'ai déniché quelques pépites en me restreignant sur mon choix. J'ai donc sauvé du froid et de l'humidité (l'espace n'est pas chauffé), quatre ouvrages : "L'histoire de l'art pour les nuls", "Adieu, Montaigne" de Jean-Michel Delacomptée, "Elles" de J.B. Pontalis et "L'origine des basques" de J. Espagnolle. Je venais de passer une très bonne après-midi en revenant chez moi avec ma bonne pêche livresque pour une somme modique ! Ces livres ont rejoint leurs congénères qui attendent patiemment leur tour pour être enfin ouvert... Quel plaisir de disposer à Chambéry d'un nombre satisfaisant de librairies : de Garin à Decître,  de la Fnac à Jean-Jacques Rousseau, du Bois d'amarante à la nouvelle librairie Le Libre Erre sans oublier les bouquinistes ! Les lecteurs(trices) chambériens(nes) peuvent arpenter avec bonheur les allées de ces milliers de livres, des centaines de milliers de livres si on s'amusait à les réunir...

lundi 9 janvier 2017

Mes 10 meilleurs séries de l'année

J'ai évoqué dans le blog quelques titres de séries que j'ai particulièrement appréciés et comme pour le cinéma, j'éprouve le besoin de tirer un bilan de l'année. Les séries se décomposent en saison et dans chaque saison, le spectateur peut regarder de six épisodes à une dizaine. Dans les années 90, quelques séries mythiques déroulaient une vingtaine d'épisodes comme "Urgences", "Lost", "Dexter", etc. Le monde de ces films de longue durée a conquis un très vaste public, des jeunes aux séniors... Il me semble pourtant que cette forme cinématographique est souvent considérée comme un art mineur. Ce préjugé ne me gêne pas et suivre les aventures des personnages pendant quelques saisons ressemble à des retrouvailles amicales. Même la chaîne Arte diffuse d'excellentes séries venues souvent des pays scandinaves et c'est un vrai régal de partager la vie de ces héros qui nous ressemblent. Pour l'année 2016, j'ai donc retenu ces dix titres :
1. "House of cards", saison 4, le couple infernal au sommet du pouvoir aux Etats-Unis, cynisme et machiavélisme, la politique ou l'art du mensonge.
2. "Vikings", saison 3, une saga formidable au VIIIe siècle entre la vie rude de ces guerriers et les combats sans fin entre tribus et invasions lointaines.
3. "Le Bureau des légendes", un agent double, le terrorisme, l'ambiguïté, l'actualité.
4. "The Leftovers", une série originale sur le danger sectaire, l'apocalypse à venir.
5. "Deutschland  83", une plongée dans une Allemagne de l'Est où un soldat espion découvre la liberté de l'Ouest.
6. "Rectify", saison 2, Comment un homme innocenté, sortant de prison, tente de se reconstruire, mais son entourage doute de lui.
7. "Les Hommes de l'ombre", saison 2, la comédie du pouvoir, les alliances politiques et la communication dénoncée.
8. "Acquitted", une série scandinave sur une famille désunie mêlant les affaires et les vengeances, un thriller réussi.
9. "Indian Summers", une saga historique anglaise sur l'Inde de Gandhi et la corruption des colonisateurs.
10. "Happy valley", saison 2, une policière humaine face à la misère sociale.
Pour choisir ces séries, je regarde Allociné et surtout la revue Télérama qui décrypte avec un esprit critique celles qui passent à la télévision. Le phénomène "séries" s''amplifie au fil du temps et la qualité s'améliore sans cesse...
 

vendredi 6 janvier 2017

Mes 10 meilleurs films de l'année

Evidemment, j'accuse un assez mauvais "rendement" en matière de cinéma. La production du 7e art ne correspond pas toujours à mes goûts personnels et j'avoue qu'il m'arrive de suivre les critiques dans divers journaux qui m'influencent trop pour ne pas aller voir tel ou tel film. Malgré tout, j'assiste à une vingtaine de films par an et il m'est plus facile d'établir la liste de mes préférences en choisissant un titre sur deux. A Chambéry, nous avons la chance de disposer d'un cinéma charmant, récemment rénové, avec quatre petites salles. L'Astrée propose un programme de films dits d'auteurs de toutes nationalités et ce lieu vraiment vintage rappelle les meilleurs moments que j'ai vécus dans ma petite commune du Boucau, près de Bayonne où, petite fille, j'allais au cinéma l'Apollo, pour voir les plus grands films populaires des années 60. Je me souviens d'un "Ben Hur" magnifique à mes yeux d'enfant... La magie du cinéma est née de cette salle, immense à ma taille enfantine, qui attirait toute la petite ville le dimanche après-midi. Je vous livre donc, mes dix meilleurs films de l'année :
1. "L'Avenir" de Mia Hansen-Love avec Isabelle Huppert, les réactions courageuses d'une professeur de philosophie face aux échecs de sa vie conjugale, professionnelle et morale.
2. "Elle" de Paul Verhoeven, Isabelle Huppert, toujours aussi extraordinaire dans une vengeance impitoyable.
3. "Juste la fin du monde" de Xavier Dolan, un film dramatique sur la famille, l'hystérie, l'incompréhension et l'intolérance.
4. "Julieta" de Pedro Almodovar, un film volcanique sur les relations familiales.
5. "Réparer les vivants", de Katell Quillévéré, d'après le roman de Maylis de Kerangal, un film généreux, empathique, diffusant un bien fou dans ce monde difficile.
6. "Carol" de Todd Haynes, un film audacieux, délicieux, élégant sur l'amour irrésistible entre deux femmes.
7. "Manchester by the sea" de Kenneth Lonergan ou comment revivre après un deuil terrible.
8. "Quand on a 17 ans" d'André Téchiné, sur la difficulté d'aimer à l'adolescence, sur la violence des sentiments.
9. "Le Mal de pierres" de Nicole Garcia, un film fort sur la folie d'une femme, amoureuse de l'amour.
10. "Les Innocentes" d'Anne Fontaine, sur un sujet austère et dérangeant, le viol de quelques nonnes polonaises par des soldats allemands.
Je me réjouis par avance de fréquenter l'Astrée durant toute l'année avec d'aussi bons films que j'ai cités dans cette liste...

jeudi 5 janvier 2017

Mes 10 meilleurs récits de l'année

Hier, j'ai dévoilé ma liste des dix meilleurs romans de l'année et aujourd'hui, j'avais envie de valoriser les essais, les biographies, les autobiographies, les témoignages car les récits non-fictionnels représentent cinquante pour cent de mes lectures annuelles. Je me nourris de plus en plus de documentaires pour diverses raisons : une envie d'approfondir mes cours de philosophie, un besoin de lire de nombreuses publications pour préparer mes voyages culturels, une curiosité insatiable pour analyser les problèmes sociétaux, les comportements humains, la vie politique, etc. Je feuillette aussi des dictionnaires spécialisés, des anthologies, des ouvrages de références, des lexiques, des livres d'art, d'histoire et des catalogues de musées. Pour l'année 2016, j'ai donc retenu les dix meilleurs livres dans cette catégorie :
1. "Pascal Quignard" de J.-C. Pautrot, une biographie indispensable pour appréhender l'œuvre de cet écrivain, le plus grand d'aujourd'hui.
2. "Laetitia" d'Ivon Jablonka, un livre majeur sur la violence faite aux femmes et un hommage vibrant à cette jeune fille rayonnante, assassinée par un barbare contemporain.
3. "Le silence" de Jean-Claude Pirotte, le dernier opus mélancolique d'un écrivain original et émouvant.
4. "Le plus ou le moins" d'Erri de Luca, une prose poétique unique dans la littérature italienne.
5. "Rien où poser sa tête" de Françoise Merkel, le témoignage bouleversant d'une libraire berlinoise dans le chaos du nazisme.
6. "Qu'est-ce que la philosophie antique ?" de Pierre Hadot, un ouvrage indispensable et accessible pour les amateurs philosophes.
7. "Je suis en vie et tu ne m'entends pas" de Daniel Arsand, un témoignage poignant d'un homosexuel sous le nazisme.
8. "On ne meurt pas de chagrin" de Frédéric Schiffter, le philosophe de Biarritz raconte son enfance entre une mère dévoreuse et un père absent.
9. "Montaigne" de Stefan Zweig, une belle biographie intellectuelle de notre grand Aquitain philosophe.
10. "Freud", une biographie très complète, éditée dans la collection Folio et la psychanalyse n'a plus de secrets pour les curieux.
Les ouvrages élus dans cette liste ont marqué mon temps de lectrice et ont montré l'éclectisme de mes intérêts. De la philosophie à la sociologie, de la vie littéraire aux témoignages historiques, les ouvrages documentaires m'éclairent, me surprennent et comblent ma passion de la Connaissance.

mercredi 4 janvier 2017

Mes 10 meilleurs romans de l'année

Comme tous les ans, j'établis ma liste des dix meilleurs romans de l'année en toute subjectivité et surtout en choisissant ceux qui ont marqué ma vie de lectrice. Je remarque plus d'éclectisme dans mes choix avec un penchant pour des ouvrages de philosophie. Malgré cette tendance nouvelle, la fiction reste mon domaine de prédilection. Je n'ai pas eu trop de mal à élire mes coups de cœur sur la petite centaine de lectures en 2016. Le nombre de titres mensuels varie en fonction de mes "bougeottes" hors du foyer et l'été représente un îlot temporel profitable. De quatre livres à dix livres par mois, le rythme se régularise depuis que je suis à la retraite. Et la quantité mensuelle dépend de l'épaisseur du document. Si certains se lisent en deux jours, d'autres demandent une semaine et parfois plus. Il peut m'arriver d'interrompre la lecture au bout d'une centaine de pages par lassitude du sujet ou d'un manque de style. Je regrette le temps perdu avec un roman qui ne me satisfait pas, mais ce phénomène ne m'arrive que très rarement. J'abandonne avec regrets des titres intéressants et j'ai donc retenu mes dix préférés de l'année passée :
1. "Mémoire de fille" d'Annie Ernaux, un témoignage littéraire sans complaisance sur la jeunesse de l'auteur, une réflexion sur le temps, sur la matrice de son œuvre.
2. "Le nouveau Nom" d'Elena Ferrante, pour Naples, pour l'amitié entre filles, un grand roman d'éducation.
3. "Quatuor" d'Anne Enquist, un roman passionnant sur un groupe d'amis à Amsterdam.
4. "L'intérêt de l'enfant" de Iam McEwan, la rencontre troublante d'une femme juge avec un adolescent fragile et suicidaire.
5. "Les vies de papier" de Rabih Alameddine, une vie de libraire au Liban, un hommage à la littérature, une femme rebelle et libre dans une ville en guerre.
6. "Continuer" de Laurent Mauvignier, un face à face déterminant entre une mère et son fils dans un voyage de l'espoir.
7. "Tout dort paisiblement, sauf l'amour" de Claude Pujade-Renaud, un roman subtil sur le philosophe danois, Kierkegaard.
8. "L'Insouciance" de Karine Tuil, un tableau tonique et critique de nos mœurs contemporaines avec le thème de l'identité au centre du roman.
9. "Les Intéressants" de Meg Wolitzer, un roman américain dense sur le destin d'une tribu amicale, leurs espoirs et leurs désillusions,
10. "Les bottes suédoises" de Henning Mankell, son dernier roman crépusculaire, la suite des "Chaussures italiennes".
Les femmes écrivains ont la majorité (six sur dix) alors que je n'avais pas l'intention d'équilibrer mon choix. Heureusement, j'ai mis à l'honneur plusieurs pays  : France, Italie, Suède, Etats-Unis, Angleterre. L'année qui commence m'apportera-t-elle d'aussi bons et grands romans ? Rendez-vous l'année prochaine...

lundi 2 janvier 2017

Balade au bord du lac

Pour ce premier billet de l'année, j'adresse tous mes meilleurs vœux pour cette année 2017. Il parait qu'il faut prendre des bonnes résolutions quand l'année démarre et à part des souhaits habituels sur la santé, le bonheur, la sérénité, je préfère pour ma part proposer des heures merveilleuses, nichées dans le creux des pages de nos chers livres. Je sais déjà que des romans, des essais, des beaux livres, des classiques, des poèmes vont m'enchanter en 2017 et d'autres textes me décevront, me tomberont des mains. Mais, je persévère dans cette attente prometteuse de rencontrer des écrivains, des poètes, des philosophes qui vont m'étonner, m'épater, me "bluffer", me perturber, me bousculer, m'émouvoir. Lire, c'est vivre avec plus d'intensité, plus de gravité. Lire, c'est partir à la découverte des vies multiples que l'on ne pourra pas s'offrir. Lire offre un immense espace de liberté. Lire ressemble à un acte de gourmandise intelligente et dans ce mot intelligente, je vois le verbe comprendre. Lire, c'est donc ce besoin de comprendre son "moi", le soi des autres, la vie tout simplement. Dans nos agendas respectifs, il faut noter la lecture comme un rendez-vous amoureux quotidien...   J'ai pris le temps cet après-midi de marcher pendant deux bonnes heures au lac du Bourget, en partant des Mottets jusqu'à Aix les Bains. Comme la littérature m'accompagne à tous moments, j'ai pensé à Alphonse de Lamartine, l'icône de notre lac savoyard. On connaît ses vers célébrissimes "O lac, suspends ton vol, et vous heures propices ! Suspendez votre cours. Laissez nous savourer les rapides délices des plus beaux de nos jours." La modeste marcheuse que je suis. apprécie cette mélancolie lamartinienne tout au long de la berge sous un soleil timide mais qui donne aux flots des teintes d'un gris argenté magnifique. Le poète romantique a donné ses lettres de noblesse à ce lieu magique et pour atténuer le bruit agressif des voitures qui longent malheureusement les berges du lac, j'écoute les lieder  de Schubert, interprétés par Mathias Goerne... Mon année commence dans une ambiance romantique avec cette balade sur les rives du Lac du Bourget en compagnie des cygnes, des canards, des mouettes, des cormorans, sans oublier mon adorable Schubert et son ami nostalgique,  Lamartine...