mardi 6 décembre 2016

Michel de Montaigne, 1

Depuis un mois, j'assiste aux cours de Daniel, mon professeur de philosophie, sur Montaigne. J'avais lu Montaigne trop tôt et il vaut mieux redécouvrir cet écrivain plus tard, comme Marcel Proust et d'autres classiques. La maturité apporte un nouveau regard sur les œuvres littéraires. Je le vérifie tous les lundis avec ce Montaigne commenté, décortiqué, disséqué et expliqué. La stimulation intellectuelle se réactive au contact d'un médiateur littéraire et dès que j'ai ouvert la pléiade de Montaigne, je me suis retrouvée au XVIe siècle. Les six cours de deux heures s'articulent sur la connaissance de ce siècle extraordinaire (le vrai siècle des Lumières, d'après notre professeur) : la Renaissance. Imaginons cette effervescence : les découvertes scientifiques, l'invention de l'imprimerie, le Nouveau Monde, l'homme au cœur de la société, la Réforme, le génie italien, la langue française, en un mot, la naissance de l'humanisme. Montaigne, notre Gascon des Lettres, naît en 1533 dans ce foisonnement artistique, intellectuel et politique. Il est élevé dans le château de Montaigne dont il prendra le nom. Son père l'éduque au latin dès son jeune âge et ce jeune homme, imprégné de lectures antiques, va occuper un poste de jurat dans la mairie de Bordeaux. Il rencontre l'ami de sa vie, Etienne de la Boétie, une relation d'admiration réciproque selon Montaigne. Il assiste aux événements sanglants de la guerre des religions entre Huguenots et catholiques. Avant de composer les Essais, Montaigne voyage à travers l'Europe, se marie, conçoit des enfants qui ne survivront pas. En 1571, il se retire dans sa tour d'ivoire, sa bibliothèque où il fait inscrire sur une des poutres : "Puisse le destin lui permettre de parfaire cette habitation, des douces retraites de ses ancêtres qu'l a consacrées à sa liberté, à sa tranquillité, à ses loisirs...". Et il écrit une sorte de journal intime, philosophique, historique, ethnologique, etc. Son projet d'écriture est le premier du genre dans l'histoire littéraire. Il n'est pas facile de le lire dans son texte d'origine car son français de l'époque est assez loin du nôtre, mais, je préfère le savourer dans cette langue râpeuse, imagée, bigarrée à l'orthographe fantaisiste et à la grammaire latinisée. La preuve avec cette phrase : "Certes, c'est un subject merveilleusement vain, divers et ondoyant que l'homme. Il est malaisé d'y fonder jugement constant et uniforme". La suite, demain.