mardi 31 mai 2011

"Les privilèges"

L'écrivain américain Jonathan Dee a écrit un très bon roman remarqué par la critique. Le titre encore une fois est choisi à merveille car il raconte l'ascension fulgurante d'un trader à New York qui devient milliardaire en jouant à la Bourse et en plaçant son argent dans un paradis fiscal. Il ressemble à cet escroc du siècle, Madoff, qui a ruiné des milliers d'épargnants. On vit sur la planète des "très riches" américains qui, pour se donner une bonne conscience, passent leur vie sociale dans des fondations et des organisations caritatives. Ce portrait d'un couple soudé par les privilèges que leur procure l'argent ressemble à un conte de fées moderne et aseptisé. Tout leur réussit : amour, santé, argent, relations sociales. Adam, le trader audacieux est vraiment fou amoureux de sa femme Cynthia. Ils ont deux beaux enfants mais qui déraillent un peu dans leur jeunesse dorée. April, leur fille aînée dérivera du côté des fêtards drogués et leur fils Jonas essaiera de se trouver un voie dans le monde de l'art brut. Adam et sa femme, face aux égarements de leurs progénitures, feront en sorte de les protéger et de les ramener dans le cercle fermé de leur micro-société des "ultra-riches". Cette fresque familiale et sociale sur les privilèges renseigne le lecteur sur le mode de vie d'Adam et de Cynthia, symboles d'une classe sociale inaccessible et ultra-minoritaire. Un article dans la Quinzaine littéraire du 1er mai explique la grande portée du roman. Je relève cet extrait : "Tout s'achète : le loisir, le silence lors d'une sale affaire, l'art et la bonne conscience, tout, même l'exclusivité d'un deuil". L'argent tient lieu d'idéal, d'objectif, de raison de vivre. Lire ce roman, c'est se retrouver sur une autre planète, celle des "pauvres" milliardaires, pitoyables à mes yeux... Un écrivain américain à suivre dorénavant et qui va compter dans le panorama littéraire anglo-saxon.