vendredi 25 octobre 2013

Atelier de lecture, 3

J'avais donné une consigne en septembre : lire ou relire des œuvres d'Albert Camus dont on commémore le centenaire de sa naissance. Albert Camus est né le 7 novembre 1913 à Mondovi (Algérie) et il est mort dans un accident absurde de voiture en 1960, à 47 ans. Il existe des milliers de pages sur lui : biographies, revues critiques, témoignages nombreux d'amis, de compagnons et surtout de sa fille Catherine Camus. Son ouvrage sur son père, "Solitaire et solidaire" est un document unique et essentiel pour connaître dans son intimité, cet écrivain si proche de ses lecteurs(trices). Dans le cadre de l'atelier, j'ai surtout retenu deux interventions : celle de Janine qui a découvert "Le premier homme", manuscrit retrouvé dans une sacoche au moment de l'accident mortel. Le roman posthume, quasi autobiographique, a été édité en 1994 et fut un formidable best-seller (400 000 exemplaires en quelques mois). Janine a relevé la limpidité classique du récit : son enfance pauvre à Alger, la présence muette de sa mère aimante et perturbante de sa grand-mère autoritaire, la rôle de son instituteur Monsieur Germain, sa vie de jeune homme. Ce récit l'a touchée comme il a ému tous ceux qui apprécient son œuvre globale. Régine avait choisi le roman le plus sombre et le plus énigmatique de Camus, "La chute", publié en 1956. Un avocat se retrouve à Amsterdam près d'un pont et raconte sa déchéance morale, ses doutes et ses questionnements sur le sens de l'existence. Ce récit avait étonné son public par sa noirceur, sa désespérance. Mais Camus, comme l'a écrit son ami Roger Grenier, pouvait vivre heureux et malheureux, soleil et ombre. J'ai relu pour ma part, "L'Etranger", et après de nombreuses années, je l'ai trouvé encore plus profond qu'à ma première lecture de jeunesse. J'ai compris la dimension philosophique du livre, la notion de l'absurde, la part de hasard, de liberté et de libre-arbitre de l'anti-héros, n'éprouvant qu'indifférence pour sa mère et ses relations, et forçant son destin en assassinant un Arabe sur une plage. Le style de Camus n'a pris aucune ride et la modernité du sujet reste permanent dans le comportement humain. Pour terminer le billet sur cet écrivain magnifique, je citerai deux phrases emblématiques : "Créer, c'est vivre deux fois", "qu'il n'y ait pas d'amour de vivre sans désespoir de vivre". Je reviendrai en novembre sur la coffret des "Carnets" en trois tomes publiés chez Folio que je savoure à petites doses pour retrouver régulièrement ce compagnon de littérature, toujours aussi vivant pour ses lecteurs(trices)...