vendredi 12 décembre 2014

"Sauve qui peut Madrid !"

Je ne connaissais absolument pas cet auteur, Kiko Herrero, mais le titre du livre m'a convaincue de le choisir. Comme je viens de faire une escapade dans la capitale espagnole, j'avais envie de me replonger dans cette ambiance. Quand on ne trouve aucune critique dans les médias littéraires (papier et Internet), il reste une solution : aller chercher des informations précieuses chez l'éditeur de l'écrivain, la célèbre et exigeante maison, P.O.L.. J'ai donc parcouru la notice biographique de Kiko Herrero et j'ai appris qu'il était né en Espagne en 1962, s'est installé à Paris dans les années 80 et a monté une galerie d'art. "Sauve qui peut Madrid !" est son unique récit autofictionnel et dès les premières lignes, j'ai été embarquée dans cette prose fiévreuse, atypique et drôle. Les petits chapitres forment des mini-nouvelles souvent percutantes sur des événements que l'écrivain a vécus dans une Espagne franquiste des années 60. Le narrateur évoque une enfance entre un père, spécialiste des rats et une mère à la maison. Il raconte sa famille élargie, ses voisins, ses copains. Il fréquente le lycée français de Madrid où il apprend des références culturelles teintées de liberté. Et s'enchaînent à un rythme endiablé des micro-histoires drôles et pittoresques : celles de la baleine morte, de la sierra de Madrid, des forains,  de la mort, de la Cruz de los Caidos, des rats et d'un gorille,  d'un exhibitionniste, d'une source miraculeuse, du Caudillo, du lycée, d'un arc de triomphe, et de bien d'autres sujets saugrenus, loufoques et tous marqués par une culture à la Almodovar... Il est certain que ce type d'ouvrage concernera les lecteurs(trices) imbibé(e)s de culture espagnole. Un premier récit vraiment original, servi par une écriture électrisante. Les éditions P.O.L. proposent des livres souvent taxés de "littéraires", avec une exigence qui déroute paradoxalement les amateurs de littérature... Je crois que la curiosité est une très belle qualité pour découvrir des chemins d'écriture hors circuit médiatique...