jeudi 8 novembre 2012

"L'herbe des nuits"

Résumer le dernier roman de Patrick Modiano me semble une tâche ardue, mais je vais quand même essayer pour rendre un hommage à cet écrivain français que j'aime tout particulièrement depuis son premier livre, "La Place de l'Etoile", paru en 1968.  J'ai suivi son œuvre tout au long de ces années et j'attendais la sortie de son prochain livre avec plaisir. Au cœur de chacun des textes, le sujet central n'est pas un personnage, un lieu, une intrigue, une aventure, un amour, ou tout autre catégorie romanesque. Ce sujet central, c'est le passé perdu à tout jamais, la mémoire des événements et des personnages, le flou, l'imprécis, la perte des souvenirs, la recherche des bribes mémorielles, une atmosphère, une ambiance, une quête du "disparaître". Dans ce dernier roman, il est question d'un écrivain qui relate une histoire qu'il a vécu avec une jeune femme à l'identité multiple. Elle fréquente des hommes mystérieux, troubles, aux activités quelque peu clandestines. On se retrouve dans le Paris des années 60, à l'atmosphère inquiétante. Le narrateur, à l'aide d'un carnet noir, essaie de localiser les cafés, hôtels, immeubles et même une maison de campagne où il aurait vécu cette drôle d'histoire avec cette femme, aussi fantasmée que réelle. Le lecteur(trice) doit se laisser porter par cette recherche minutieuse de cet amour de jeunesse et des individus qu'il a rencontrés par hasard sans connaitre leurs agissements suspects. Patrick Modiano évoque les rues, les quartiers de Paris en mentionnant souvent des écrivains qui ont vécu dans ces lieux. Il définit ce temps passé de "flottaison", quand on a entre 17 ans et 20 ans, et que la vie est devant soi sans ancrage précis. Ce roman devient une enquête de police au fil du récit et le charme opère encore une fois de plus quand on se laisse tout simplement dériver dans ce flot de mots au parfum suranné du temps qui a passé...