vendredi 7 janvier 2011

Début d'année américaine

Je me rends compte que la littérature américaine reste une des littératures les plus efficaces du monde. Ce début d'année 2011 m'a confirmé cette impression. J'ai lu avec plaisir trois romans publiés en 2010 qui peuvent retenir votre attention. Le premier : "Les sortilèges du Cap Cod" de Richard Russo aux éditions du Quai Voltaire
se lit avec le sourire aux lèvres. On y trouve les ingrédients qui "font" un roman agréable : de l'humour, des personnages pittoresques, une crise de couple, des rancoeurs familiales (les parents du narrateur sont des universitaires imbus de leur statut et avares de sentiments).La vie peut quelquefois réserver de bonnes surprises malgré les erreurs et les préjugés. J'avais déjà parlé de Richard Russo, écrivain américain dont la veine psychologique, l'humour distancié et la critique sociale et familiale se rapprochent de David Lodge, son équivalent anglais.
Le deuxième roman lu : "Un monde parfait" de Laura Kasischke. Cette histoire démarre dans la réalité américaine : un pilote séduisant et père de famille se remarie avec une hôtesse de l'air un peu innocente et mièvre. Elle devient femme au foyer et prend soin des enfants de ce pilote souvent absent de la maison, travail oblige. Jiselle vit un conte de fées qui va, hélàs, se transformer en cauchemar. Il est question dans cet ouvrage d'une épidémie qui va séparer Jiselle de son mari et qui va provoquer un isolement social, Jiselle se retrouvant seule avec les enfants et luttant pour leur survie.J'ai lu les six romans de Laura Kasichke et je la considère comme une écrivaine américaine, très originale, inquiétante et surprenante. Elle invente une planète particulière avec des personnages qui se révèlent face à des conflits inattendus. "En ce monde parfait" parle de nos peurs actuelles face à des phénomènes catastrophiques : épidémies et autres crises. Roman à la fois psychologique et "science-fictionnel" complètement crédible.
Le troisième roman américain : "En attendant Babylone" d'Amanda Boyden aux Editions
Albin Michel. Ce roman polyphonique restitue l'âme et l'ambiance de la Nouvelle-Orléans avec des personnages hauts en couleurs et qui vivent dans un quartier populaire de cette immense cité multiculrelle et hantée par la violence. Il suffit de suivre les péripéties de quelques habitants de ce quartier populaire : Cerise et Roy, personnes âgées généreuses, Fearius le mauvais garçon, Ariel et Ed et leurs enfants, Joe et Philoménia, couple mal assorti. Tous ces personnages se croisent, s'épient, se solidarisent ou se dénoncent... Fresque animée, colorée, en bref, vivante, vibrante d'humanité. Un grand roman américain d'une jeune femmme qui signe son tout premier ouvrage. Il faudra la suivre... Et je me dis : comme la littérature américaine a du talent pour nous dresser un portrait de la société, des hommes et des femmes qui peuplent ce continent encore si neuf pour nous, les Européens...