mardi 14 août 2018

Mon après-midi livresque

J'ai consacré mon début d'après-midi à la médiathèque de Chambéry pour rendre et emprunter des documents. Les règles de prêt ont considérablement changé car tout lecteur peut emporter chez soi vingt-cinq documents, tous supports confondus. J'aime bien me balader dans les rayonnages et farfouiller sur les étagères. J'ai l'impression de me retrouver dans une forêt de papier avec des sentiers bien dessinés et parsemés de clairières pour s'asseoir et feuilleter les ouvrages. J'ai ainsi parcouru la revue "La Quinzaine littéraire", des revues sur l'art, des nouveautés sur les tables et j'ai trouvé un essai d'Umberto Eco sur l'écriture, un livre de Cynthia Fleury sur le courage, la revue "Critique" sur un philosophe italien, Giorgio Agamben qui est souvent cité par Patrick Boucheron. Je suis repartie très satisfaite de ma cueillette et j'aime avoir des provisions comme un écureuil qui engrange ses graines pour l'hiver. Peut-être que je lirai ces documents jusqu'au bout, peut-être que je ne les terminerai pas. L'avantage des prêts de livres me semble donc considérable : la lecture est une activité buissonnière et les bons livres se flairent comme des fruits ou des légumes pour deviner la saveur des textes. Après ma visite d'une bonne heure dans ce paradis chambérien, j'ai mené mes pas vers la librairie qui se nomme "le libre erre" où je cherchais des poches d'occasion pour mes voyages. Une belle surprise m'attendait. J'ai remarqué la discrétion extrême du jeune homme libraire et sa timidité ne correspond pas beaucoup avec ce métier de dialogues. Comme il ne pose aucune question, ni ne demande rien, la librairie perd son charme intrinsèque. Seuls, les livres apportaient une chaleur humaine, ce qui me semble très paradoxal… En farfouillant une étagère, je découvre un roman que j'avais envie de relire depuis que j'avais visité le site magique de Sélinonte en Sicile. Je savais qu'un écrivain français, Camille Bourniquel, avait écrit "Sélinonte ou la chambre impériale", édité au Seuil en 1970, prix Médicis, cette année là. Cet écrivain a disparu du panorama littéraire et il est complétement oublié comme beaucoup de ses confrères de l'époque. Qui lit encore Maurice Druon, Gilbert Cesbron, Hervé Bazin, Henri Troyat ? Pourtant, ces auteurs avaient un succès fou… Ce roman m'attendait dans cette librairie chambérienne et je l'ai évidemment acheté au prix modique de deux euros ! Une coïncidence heureuse pour moi, "Sélinonte" s'était perdu dans le cimetière des livres oubliés et je l'ai sorti de l'oubli. Va-t-il tenir sa promesse de bonheur de lecture ?