mardi 1 novembre 2011

Atelier d'écriture, séance 3, le vin de mon père

Mylène nous a proposé le thème du vin après nous avoir lu du "Colette"... Le vin, à cette époque des vendanges terminées, des foires aux vins et du Beaujolais Nouveau, m'a inspirée ce texte en hommage à mon père, Germain.
"Le vin de mon père
Boire du vin, aimer le vin, ça s'attrape en famille, à l'origine comme une éducation, comme une évidence, comme un cadeau. Mon père possédait un cave fournie, très fournie. Ses nombreuses relations lui permettaient de rencontrer des représentants de "Bordeaux. Combien de fois ai-je vu mon père baigner dans un bonheur parfait quand il choisissait une bouteille pour un anniversaire, une fête de famille, un repas dominical ! "Aujourd'hui, fermez les yeux et savourez ce nectar." Alors, nous buvions en communion, en silence, tout en concentration et respect du rite. "Alors, qu'est-ce que vous en dites ? Pas mal, papa, il est fort ce Bordeaux... Mais, c'est un Château-Latour !" Je restais souvent silencieuse et je m'en remettais à son expertise. Quand on a vingt ans, ce cérémonial me semblait futile, je préférais un petit rosé tout frais ou un vin blanc pétillant. Quel manque de goût et de savoir-boire pour mon père, le spécialiste du vrai vin... Un verre de Bordeaux en famille se transformait en hostie, on était obligé de l'avaler ! Plus tard, j'ai vraiment appris à déguster des "bons vins". La passion de mon père pour le Bordeaux est gravée dans ma mémoire familiale. Dans les grandes occasions, il ne buvait ni Bourgogne, ni vin de Loire, ni vin du Languedoc. Seul, le Bordeaux représentait la quintessence de la France, l'amour pour ce pays. Ses parents venaient d'Espagne, ayant fui la pauvreté au début du siècle dernier. En buvant ce vin légendaire, il voulait devenir encore plus français que les Français dits "de souche"... Quand je descends dans mon Pays Basque et que je déguste un verre de Saint-Emilion, je lève mon verre à mon cher père, disparu depuis treize ans, et le salue tendrement. Je suis persuadée que le Paradis ressemble au vignoble bordelais..."