mardi 2 octobre 2018

Naxos, 2

J'avais choisi Naxos pour son histoire, sa mythologie, ses paysages divers : il ne faut pas oublier que Zeus a passé son enfance dans l'île et Apollon y est né ! J'ai donc loué une petite voiture pour traverser le nord de Chora à Apirathos. Le Routard signalait l'existence singulière de deux statues, des Kouroi, abandonnées dans la montagne. J'ai ainsi découvert le premier Kouros dans un jardin privé après une marche dans un sentier forestier. A Flério, petite bourgade traditionnelle, ce kouros inachevé est étendu dans une petite parcelle de jardin et dort là depuis le VIe siècle av. J.-C. Cette statue d'un jeune homme déifié mesure cinq mètres cinquante et sommeille la tête en bas. Comment est-il arrivé là ? On sait que les carrières de marbre sont proches du lieu et une équipe de Naxiens l'a déposé pour l'éternité dans ce petit jardin isolé. Plus haut dans la montagne, à une demi heure de marche, son frère, un deuxième Kouros, nommé Potamias, attend les quelques visiteurs intrépides pour le saluer fraternellement. Ce Kouros mystérieux d'une longueur de huit mètres repose dans un creux d'une colline, près des oliviers et des brebis. Il fallait ouvrir des barrières pour accéder à ce demi dieu antique pour éviter que les brebis ne s'échappent.  Sous un doux soleil de septembre, dans le silence et la solitude du lieu, j'ai ressenti une liesse inhabituelle en m'imaginant dans cette Grèce antique éternelle. Enfin, ce décor n'avait pas été abimé par le temps et ce Kouros veillait pour conserver ces paysages d'Homère.  Après ma rencontre avec ces deux magnifiques statues abandonnées dans la nature, j'ai visité le village d'Apirathos, au pied du mont Fanari et là aussi j'ai retrouvé une part de la Grèce cycladique : ruelles étroites pavées de marbre, placettes, chapelles, tour vénitienne. Les cafés, fréquentés par des vieux hommes (pas de femmes, patriarcat oblige) avec leur "komboloi", donnaient une touche finale et je pensais au livre de Jacques Lacarrière, "Un été grec" quand l'écrivain décrivait une Grèce des années 60... Je ne pouvais pas manquer le petit musée archéologique du village. Evidemment, cet espace modeste n'a pas changé depuis des années et les objets sont présentés dans les vitrines en bois : vases, statuettes, fresques de l'âge de bronze, outils, poteries à Naxos. L'art cycladique est un des plus anciens du monde méditerranéen (-3000 av. J.-C.) et ce petit musée sans prétention présentait avec simplicité des pièces de premier ordre. Plus tard, j'ai visité un petit site antique, les restes d'un temple dédié à Demeter, dans un paysage magnifique, rythmé par des terrasses d'oliviers. Un musée attenant présentait les objets trouvés dans ce lieu isolé. On ne peut pas comparer ce temple aux plus prestigieux comme ceux de Sicile, d'Italie et de la Grèce continentale. Mais, je ne manquerai en aucun cas un vestige de l'Antiquité, surtout dans les Cyclades…