lundi 19 juillet 2021

"Bergman Island"

 Avec le temps maussade de la semaine dernière, je suis allée au cinéma pour voir le dernier film de Mia Hansen-Love, "Bergman Island" en compétition au Festival de Cannes. Ce réalisateur suédois de génie  a marqué des générations de cinéphiles et je me souviens encore de "Cris et chuchotements", Persona", "Fanny et Alexandre" et bien d'autres films marqués par l'angoisse, les tourments de l'amour, l'impossibilité du bonheur.  J'ai toujours aimé cet univers scandinave intimiste où rien n'allait de soi. La réalisatrice rend un hommage nostalgique à Bergman en situant l'action de son long métrage dans l'île de Farö en Suède. Un couple de cinéastes s'installe dans l'île, le temps d'un été, pour écrire leur scénario réciproque. Chacun va réagir différemment dans ce lieu inspirant et mythique. Le réalisateur plus âgé que sa compagne, est très connu et il se donne un programme régulier et rigoureux pour écrire alors que sa compagne se laisse distraire par des rencontres inattendues. La jeune femme marche sur les traces de Bergman en visitant l'île avec un jeune étudiant et elle fuit les organisateurs du colloque autour du son compagnon cinéaste. Surgit alors dans ce séjour un film dans le film avec un couple imaginé par la jeune cinéaste en panne d'inspiration. Son scénario raconte les retrouvailles de deux jeunes amants qui se retrouvent à l'occasion d'un mariage alors qu'ils sont en couple chacun de leur côté. Ils n'ont pas oublié leur passion amoureuse commune mais ils ont fait le choix de la séparation quelques années auparavant. Le passé ne peut plus se "rejouer" et malgré ce lien indéfectible qui les unit, ils se quittent à nouveau et retournent dans leur présent réciproque. Cette parenthèse festive sur l'île apporte une légèreté à leur rupture définitive. Les deux histoires s'imbriquent et se répondent car la réalisatrice interroge sans donner de réponse les relations complexes et souvent incompréhensibles dans les couples. L'influence de Bergman se niche dans les méandres psychologiques des personnages quelque peu tourmentés par leurs sentiments. Le film s'enroule autour des paysages magnifiques de cette île dans la Baltique dans les tons de bleu, de gris, de blanc instillant une douceur feutrée dans les maisons en bois, surtout celle du cinéaste que l'on visite avec intérêt. Ce beau film nostalgique n'a rien obtenu au Festival de Cannes, mais je lui donne la Palme d'or ! J'ai retrouvé cette ambiance scandinave de Stockholm où on s'aperçoit vite de la beauté des paysages, de la mer, des maisons colorées, du bois partout et un certain art de vivre des Suédois. A voir et ce film m'a donné envie de lire l'autobiographie de Bergman, "Lanterna magica".