mercredi 12 décembre 2018

Atelier Lectures, 2

La deuxième partie de l'atelier était consacrée à l'écrivain américain Philip Roth (1933-2018). Avant de relater les romans découverts par les lectrices, quelques éléments biographiques me semblent indispensables pour comprendre son œuvre littéraire. Petit-fils d'immigrés juifs originaires de Galicie (Autriche), Philip Roth grandit à Newark auprès d'un père, agent d'assurances et d'un mère au foyer. Son enfance fut heureuse et il effectue des études universitaires à Chicago. Il sera professeur de lettres dans plusieurs universités jusqu'en 1992.  Dès 1959, il publie son premier recueil de nouvelles, "Goodbye, Columbus". Dix ans après, il rencontre le succès avec "Pornoy et son complexe", un roman comique et grinçant sur la sexualité masculine. Il est considéré par la critique comme l'enfant terrible du roman juif-américain. Il partage sa vie avec une comédienne anglaise, Claire Bloom. Il se rend souvent à Prague pour rencontrer Milan Kundera et retrouver les traces de Kafka qu'il adule. Il fait connaître les écrivains de l'Europe de l'Est en Amérique. En 1995, il publie "Le Théâtre de Sabbath", portrait cocasse d'un marionnettiste nihiliste et lubrique. Deux ans après, il entame un tournant dans son œuvre avec "Pastorale américaine", "J'ai épousé un communiste" et "La Tâche". Son double littéraire vient de naître et il se nomme Nathan Zuckerman.  Il renouvelle cette formule avec un nouveau cycle de trois romans où le narrateur est son deuxième double, David Kepesch.  De 2007 à 2010, il écrit ses plus beaux romans crépusculaires dont le magnifique "Némésis". Il annonce qu'il cesse d'écrire à quatre-vingt ans. Ses influences littéraires prennent leurs racines chez Flaubert, Henry James, Kafka, Saul Bellow, Bernard Malamud. Son œuvre forme une vaste fresque d'une Amérique en proie à ses démons comme l'antisémitisme, le maccarthysme, le politiquement correct, la ségrégation raciale, le poids de l'Histoire, les relations conflictuelles hommes-femmes. Il évoque aussi la maladie, l'angoisse de la mort, le naufrage de la vieillesse. François Busnel résume bien cet écrivain : "Roth est l'un des rares écrivains à avoir vécu une vie d'écrivain au sens strict du terme : très peu de mondanités, des interviews au compte-gouttes. Seule, l'œuvre compte". Philip Roth a répondu à un journaliste qui lui posait une question sur le pouvoir de la littérature : "Très peu. La littérature peut très peu de choses. Et pourtant, elle est bigrement importante". La suite, demain