lundi 17 février 2020

Anna Enquist

Dans la deuxième partie de l'atelier,  nous avons partagé nos commentaires sur les romans de l'écrivaine néerlandaise, Anna Enquist. Née en 1945 à Amsterdam, elle vit deux passions complémentaires ; le piano et la psychanalyse. Concertiste, elle abandonne sa carrière musicale pour se consacrer à son métier de psychanalyste et à l'écriture. En 2001, sa fille meurt accidentellement et la perte de son enfant devient un des thèmes majeurs de ses romans postérieurs. Dans "Quatuor", un couple a perdu leurs deux fils dans un accident. Comment vivre après ce drame insupportable ? L'écrivaine tente de répondre en composant son œuvre sensible et profonde. Un autre thème traverse tous ses romans : la musique classique. "Le secret" raconte l'histoire de Dora, pianiste qui voit sa carrière s'arrêter brutalement en raison d'une maladie. Des années plus tard, elle se remet au piano et affronte de nouveau son destin de musicienne. Dans "Contrepoint", les Variations Goldberg de Bach servent de trame à de très courts chapitres sur sa vie de musicienne, d'épouse et de mère. Une performance littéraire, une composition musicale. Les superbes romans, "Quatuor", suivi de "Car la nuit approche", ont déjà été évoqués dans ce blog. Dans "Les porteurs de glace", Lou et Nico étouffent sous un secret de famille non-dit, non-partagé. Leur fille traverse une crise et a quitté le foyer familial sans donner de nouvelles. Le gel des émotions, des explications empêche le couple de se parler. Nico, psychiatre de métier, se noie à la tâche et veut tout changer dans son hôpital. Lou, professeur, se jette dans le jardinage. Ils veulent oublier leurs tourments en s'épuisant. Nico finira par déraper au propre comme au figuré. Seule, Lou entreprendra une renaissance. Les lectrices ont apprécié l'univers d'Anna Enquist tout en constatant la noirceur des destins individuels. Mais, un élément atténue le chagrin qui infiltre les textes de cette femme blessée par la vie : la consolation… Les personnages se conduisent toujours avec un courage stoïque, et cultivent, pour apaiser leur profonde mélancolie, la musique classique, l'art et l'écriture. Dans un article du Monde, elle explique que "l'écriture, la psychanalyse et le piano se nourrissent l'une de l'autre. Toutes ces activités reposent sur l'art de mettre du sens sur ce qu'on entend. (…) La grande question, dans tous mes livres, consiste à savoir comment on remonte la pente après un coup dur du destin, comment on repense sa vie après un deuil ou une enfance difficile". Anne Enquist ou la littérature réparatrice.