jeudi 11 janvier 2018

La librairie d'Emmaüs

Cet après-midi, j'avais envie de partir à la recherche de quelques livres concernant les programmes que je proposerai à mes lectrices de l'atelier cette année, de février à juin. J'avais mon petit carnet où je note, par ordre alphabétique, les écrivains que je recherche. La librairie d'Emmaüs se situe à la Motte-Servolex dans la zone industrielle. Il n'est pas toujours facile de se garer même en janvier car les vêtements, les meubles d'occasion, la vaisselle, s'affichent à des prix très bas et attirent du monde. Quand je traverse les espaces dédiés aux objets de toutes sortes, aux meubles démodés, aux canapés fatigués, je ressens une drôle d'impression. Cette accumulation me fait penser aux œuvres d'Arman. Cet artiste contemporain expose des objets cumulés en les intégrant dans des tableaux. La société de consommation bat son plein dans cette brocante humanitaire. Si un volcan surgissait du côté d'Emmaüs et recouvrait le bâtiment d'un nuage de cendres comme à Pompéi et à Herculanum, des archéologues du troisième millénaire s'amuseraient à reconstituer la vie en Europe dans les années 2000. Avec tous les matériaux qu'ils sortiraient de la couche de cendres, je suis sûre que certains objets leur seraient inconnus comme des paires de ski (le climat a tellement changé en mille ans !), des fourchettes à escargots, des moulins à café et tant d'autres gadgets inutiles qui font le bonheur des consommateurs convulsifs... Courage pour ces archéologues de l'avenir ! Seuls, les livres m'intéressent et je passe mon temps dans cet espace bien organisé par les bénévoles. Je suis restée presque deux heures à farfouiller dans les rayons, à déplacer les piles de livres, à trier les caisses, à butiner sur les tables : un travail de cueilleur de champignons dans la masse de papier. Je n'ai trouvé aucun ouvrage que j'avais noté dans mon carnet, mais, je suis repartie avec un sac de livres. Dans le secteur de l'art, un titre a attiré tout de suite mon attention car je le cherchais depuis pas mal de temps. Il s'agit de "La peinture grecque" chez Skira/Flammarion, édité en 1978 en Suisse. Ce livre n'attendait que moi pour l'adopter. J'ai aussi acheté un document sur les Etrusques, des romans (Siri Hustvedt, McEwan, Sapienza) et un récit de Georges Perec (Espèces d'espaces)... Merci à Emmaüs de recueillir tous ces livres donnés et abandonnés par leurs propriétaires... Ils font le bonheur des parents adoptifs !