vendredi 21 février 2020

Rubrique Cinéma

Le film, "La fille au bracelet" du réalisateur, Stéphane Demoustier, pose une question que tous les parents d'adolescents affrontent avec un certain héroïsme : nos enfants si innocents dans leur petite enfance deviennent parfois des êtres mystérieux et inatteignables quand ils grandissent trop vite. Lise, 18 ans, est accusée d'avoir tué son amie, Flora de sept coups de couteau. Les gendarmes viennent l'arrêter sur une plage devant leur maison de vacances. L'image de la scène idyllique d'une famille unie vole en éclats quand Lise disparaît sans protester dans la voiture des gendarmes. Deux ans après, elle n'est pas en prison, mais elle porte un bracelet électronique et vit avec ses parents et son petit frère dans une belle maison. Elle s'apprête à comparaître devant une cour d'assises. Lise est entourée de parents aimants, proches d'elle et ils ne la jugent pas. L'unité familiale est maintenue mais très fragilisée par le procès. Ils sont même persuadés de son innocence. Quand on retrouve Lise au tribunal, le procès se déroule sous son regard vide. Elle reste mutique, inébranlable, presque indifférente à son sort. Les circonstances du drame sont exposées devant le public. La fête battait son plein quand Flora a été assassinée. Lise s'enferme dans son laconisme et raconte avec peu de mots la querelle qui avait éclaté entre elles. Flora avait posté dans un réseau une vidéo porno en filmant son amie avec son petit copain. La scène sexuelle est-elle un motif du crime ? Lise se défend et calmement sans s'énerver, proclame son innocence. Les parents de la jeune fille deviennent au fond des personnages importants au fil du récit judiciaire. Le père découvre la vie sexuelle un peu trop libertine de sa fille qui peut aussi bien faire l'amour avec son amie qu'avec des garçons. Il ne soupçonnait pas ces faits et il commence à douter de sa fille. La mère aussi traverse une crise de méfiance et se pose des questions sur son enfant si opaque qui se mure dans un silence hautain. Le procès, loin de confirmer l'innocence de la jeune fille, alimente le doute. Le procès révèle la personnalité clivante de Lise avec sa sexualité débridée, son manque d'empathie, sa froideur troublante. Je ne dévoilerai pas le verdict surprenant des jurés… Et le doute persiste toujours. Les interprètes sont tous excellents : Mélissa Guers, Chiara Mastroianni, Roschdy Zem. Ce film rigoureux, sobre et fort mérite un large public.