mercredi 7 mars 2018

"Où les eaux se partagent"

Dominique Fernandez, académicien français, et amoureux absolu de l'Italie, de la Russie et du baroque vient de publier son dernier roman : "Où les eaux se promènent", chez l'éditeur Philippe Rey. Un peintre français, Lucien,  et sa femme italienne, Maria, passent leurs vacances en Sicile du côté de Syracuse. Ils visitent un port à l'écart des touristes et rencontrent un vieux prince désargenté. Le peintre voit tout de suite la beauté du lieu et tombe amoureux d'une maison à l'abandon, située sur un éperon rocheux. Lucien adore ce coin d'Italie où les Siciliens cultivent une identité particulièrement forte. Les coutumes, les superstitions, le mode de vie charment le peintre alors que sa femme, origine de l'Italie du Nord, se méfie de ces hommes du Sud, qu'elle considère comme des "barbares"... L'écrivain d'une immense érudition raconte à sa façon l'histoire invraisemblable de ce peuple influencé par tant d'invasions successives en passant des Normands aux Espagnols, des Arabes aux Français tout en sauvegardant leur culture sicilienne. En face de la maison, se situe une ligne de partage entre deux mers et cette ligne de partage s'incruste aussi dans le couple. Maria, décidément déroutée par le comportement machiste des jeunes garçons, ne supporte plus cette façon de vivre. Elle s'éloigne peu à peu de l'enthousiasme naïf de son mari, toujours admiratif de son coin de paradis. Et le soupçon commence à naître. Maria remarque l'intérêt de son mari pour les jeunes hommes qui trainent vers la plage pour voir son corps dénudé. Philippe éprouverait-il une attirance inconsciente pour ces jeunes ? Ce doute sépare le couple et creuse une faille entre eux. Ils finiront par vendre cette maison, symbole de leur échec. Ce roman évoque surtout la Sicile dans les années 60, une terre pleine de contrastes où la hiérarchie sociale commence à bouger. Les propriétaires nobles sont remplacés par  leurs contremaîtres qui s'enrichissent en les dépouillant. L'intrigue du roman se laisse éclipser par le décor, un décor fabuleux, un bout d'Italie encore préservé de la modernité touristique ravageuse. Comme je pars en Sicile en fin avril, j'aime lire des romans et des guides pour m'imprégner du pays à visiter et j'ai donc lu ce roman avec beaucoup d'intérêt....