mardi 1 juin 2010

Eloge de la lenteur

Dans ma bibliothèque privée, je conserve des livres lus il y a un certain temps et que je réserve pour ma "retraite" afin de les relire. J'ai anticipé cet acte en relisant l'ouvrage de Pierre Sansot : "Du bon usage de la lenteur" aux éditions Payot, paru en 1998. Ce petit ouvrage de charme n'a pas pris une seule ride et devrait figurer au programme des "politiques" qui veulent nous empêcher de vivre à notre rythme. Que révèle ce cher Pierre Sansot ? "La lenteur, c'était à mes yeux, la tendresse, le respect, la grâce... Pour ma part, je me suis promis de vivre lentement, religieusement, attentivement, toucher les saisons et les âges de mon existence." Quand on consulte la table des matières, on trouve les intitulés suivants : flâner, écouter, un ennui de qualité, rêver, attendre, la province intérieure, écrire, etc. J'adore un chapitre où il aborde la culture de ceux qui veulent "tuer" le temps le plus vite possible : amateurs infatigables du sport, des activités multiples et délirantes de notre société de consommation. Ce livre plein de sagesse, d'ironie et de sérénité me semble contenir un programme tout à fait porté sur le bonheur d'être au monde en toute simplicité. On est loin de l'ambiance sociétale d'aujourd'hui : bouger, s'activer, travailler comme un fou, être le meilleur pour écraser les autres, toujours partir, sinon mourir ! Pierre Sansot a toujours attiré ma sympathie et je dirais ma tendresse. Sociologue et philosophe, il est mort en 2005 à Grenoble. Sur Wikipédia, je lis sa notice biographique : "Son œuvre a la particularité de s'attacher au repérage des petites choses du quotidien qui donnent du sens à la vie des gens ordinaires. Dans Les gens de peu, il décrit les moments de sociabilité que les couches populaires mettent en oeuvre pour enrichir un quotidien trivial et aliéné. D'autres ouvrages prolongent la même démarche en recherchant le jouissif à travers des thèmes aussi variés que la beauté du paysage et la pratique de la conversation, du rugby, de la promenade, de la lenteur, etc. Donc à lire et que toute bibliothèque devrait proposer aux lecteurs :
Le Rugby est une fête, Plon, 1991;
Les Gens de peu, PUF, 1992.
Papiers rêvés, papiers enfuis, Fata Morgana, 1993
Jardins publics, Payot, 1994. Rééd. 1995
Les Pilleurs d'ombres, Payot, 1994 . Rééd. Corps 16, 1995
Les Vieux ça ne devrait jamais devenir vieux, Payot, 1995 et 2001
Les Pierres songent à nous, Fata Morgana, 1995
Demander la Lune, Fata Morgana, 1995
Du bon usage de la lenteur, Payot, 1998. Rééd. Corps 16, 1999 et Rivages, 2000
Chemins au vent. L'art de voyager, Payot, 2000. Rivages, 2002
J’ai renoncé à vous séduire, Desclée De Brouwer, 2002
Bains d'enfance, Payot, 2003
Le Goût de la conversation, De Brouwer, 2003
La beauté m'insupporte, Payot, 2004
Ce qu'il reste, Payot, 2006 [ouvrage posthume]
Roman
Il faudra traverser la vie, Grasset, 1999