lundi 13 février 2017

Jeudi des Livres, 3

Je m'attendais à des commentaires mitigés concernant Jean-Bertrand Pontalis. J'imaginais que certaines lectrices, peu attirées par la psychanalyse, ouvriraient un de ses livres en se disant que l'univers de Pontalis leur était étrange, peu familier, même un peu complexe. Tous mes doutes se sont envolés dès que nous avons démarré la rencontre autour de l'écrivain. j'avoue même que leur "devoir de lecture" s'est transformé en "plaisir de lecture". Chacune a pris la parole pour exprimer surprise et étonnement devant ces textes fragmentaires, mêlant faits divers anodins et anecdotes, issues de sa pratique de psychanalyste, sans oublier les remarques psychologiques, morales et philosophiques en fin de chapitre. Mais, après réflexion et relecture, cet écrivain leur a révélé des vérités sur l'intime, sur la vie, sur l'amour, sur le temps qui passe, sur les relations familiales, sur le destin. J.B. Pontalis nous tend un miroir dans lequel ses lecteurs se retrouvent, s'interrogent, se découvrent, se cherchent, se perdent, se mettent à rêver. A chaque ouvrage résumé, toutes ont eu envie de lire des extraits à voix haute et nous nous écoutions dans le silence. J'étais heureuse de partager mon  amitié littéraire pour cet écrivain singulier, modeste et tellement bienveillant sans naïveté et mièvrerie. Comme "Jibé" (son surnom chez Gallimard) était peu connu des lectrices, j'aborde quelques éléments de sa biographie : ce "grand monsieur"  est né en 1924 à Paris, dans une famille de la haute bourgeoisie (il est le neveu du constructeur Renault). En 1945, il obtient un diplôme de philosophie à la Sorbonne. Puis, il participe à la revue des Temps Modernes et devient l'ami de Sartre. Dans les années 60 et après des expériences professorales, il quitte l'enseignement et se lance dans le monde de la psychanalyse (il fera une analyse avec Lacan). Il publie le celèbre "Vocabulaire de la psychanalyse" et crée la "Nouvelle Revue de Psychanalyse". En 1979, il intègre le comité de lectures des éditions Gallimard où il dirige une collection très originale, "L'Un et l'Autre". Il commence à écrire ses ouvrages, mêlant la littérature et la psychanalyse. En 2006, il reçoit le prix Médicis pour "Frères du précédent" et en 2011, le Prix de l'Académie Française pour l'ensemble de son oeuvre. Il meurt le 15 janvier 2013, le jour de son anniversaire...