lundi 6 février 2012

"Une année studieuse"

Anne Wiazemsky, petite-fille de François Mauriac, et écrivaine remarquable, a écrit un roman ou récit autofictif très intéressant. Elle dévoile une année de sa vie de jeune femme en 1966, et surtout raconte sa rencontre avec Jean-Luc Godard. Elle a 17 ans et lui, la quarantaine. Cette différence d'âge pose problème pour la famille d'Anne, et sa mère redoute la réputation sulfureuse du cinéaste. Elle entreprend des études de philosophie à Nanterre et se mêle aux étudiants contestataires, dont le turbulent et séduisant Daniel Cohn-Bendit, Il a fallu beaucoup de volonté et de ténacité pour faire vivre cette histoire d'amour entre un cinéaste déjà célèbre et une jeune fille inconnue, même si elle a démarré une carrière d'actrice avec Bresson. L'admiration-fascination qu'elle éprouve pour Godard la rend dépendante de lui et malgré le rejet de sa propre famille, elle passe outre et se marie en Suisse en catimini. Rentrer dans l'intimité de ce couple original peut s'avèrer indiscret mais la littérature sert à révèler les sentiments, les émotions, les histoires de vie jusquà une certaine indécence de la part du narrateur. Je n'aime pas particulièrement Jean-Luc Godard, mais lire "Une année studieuse" nous permet vraiment d'appréhender l'ambiance de l'époque avant 1968, le cinéma d'avant-garde, les idées de la gauche radicale à Nanterre. Les interventions de François Mauriac dans la vie de sa petite fille sont même drôles. Ce roman retrace donc à merveille un passé de notre histoire culturelle à Paris et ne serait-ce que pour cette évocation, la lectrice que je suis, a passé un très bon moment de lecture.