lundi 21 septembre 2020

Escapade en Provence, 4

 J'avais respiré l'air des musées à Aix en Provence et dès le mercredi a la mi-journée, j'ai fait une halte au Château La Coste à une dizaine de kilomètres de la cité aixoise. Je connaissais de réputation ce domaine viticole d'excellence qui associe à ses vins, un parcours d'art contemporain à travers ses vignes en disséminant des sculptures monumentales de grands artistes. En arrivant sur le lieu, le bâtiment du japonais, Tadao Ando, reflète de nombreux éléments typiques du maître de l'architecture. Une vaste étendue d'eau dissimule le parking et révèle une construction en forme de V où se loge le restaurant de luxe, la librairie et la boutique. Sur l'eau, une araignée immense contemple les visiteurs surpris par cette sculpture incroyable. Louise Bourgeois a conçu cette araignée, une petite sœur de celle du musée Guggenheim. L'œuvre fait référence à la mère de l'artiste et symbolise les métaphores de filage, tissage, soin et protection. Sa mère était restauratrice de tapisseries et Louise Bourgeois l'a perdue quand elle avait 21 ans. L'image fabuleuse de cette araignée géante sur l'eau saisit le visiteur dès son arrivée. J'ai aperçu une sculpture de Calder et comme il fallait marcher pendant deux bonnes heures dans le vignoble très étendu, je n'ai pas eu le temps de les découvrir. Ce lieu luxueux et un tantinet snob attire de nombreux touristes étrangers (la moindre bouteille de vin coûte 25 euros). J'ai déjeuné sur place en goûtant l'excellent rosé avec des plateaux de fromage et de charcuterie. Un petit luxe dans cet environnement magnifique où l'art et la nature se mélangent avec élégance. Une étape originale et réservée à une clientèle huppée. Cet espace haut de gamme peut intimider le visiteur. Je préfère la simplicité et l'authenticité des paysages. Je voulais surtout visiter quelques villages du Luberon et en particulier, le Luberon du Sud. J'avais choisi Cucuron, le village où des films ont été tournés dont "Le hussard sur le toit", d'après le roman de Jean Giono. Quand je suis arrivée à destination, j'étais heureuse de remarquer que Cucuron est resté fidèle à sa légende d'une Provence chaleureuse. Je me retrouvais dans le XXe siècle sans chichis, ni demeures luxueuses comme à Gordes. Ce village charmant possède un patrimoine étonnant : églises romanes, beffroi du XVIe, petits hôtels particuliers Renaissance et un étang classé avec des peupliers grandioses datant de deux cents ans. J'ai logé dans un petit établissement, "La Dame Jeanne" où nous avons été très bien accueillis. L'hôtelier, cuisinier de métier, nous a concocté un très bon repas le soir. De ma chambre avec une terrasse, je contemplais les toits réputés du village : des tuiles dorés reflétant la lumière de Provence. Et j'imaginais le héros de Giono gambadant sur ces espaces. Encore un moment gionesque. La littérature me suit partout où je vais. Une compagnie permanente. Le Luberon cache encore des lieux préservés, loin d'un tourisme de masse. Pourvu que la télévision ne consacre pas un magazine sur cet îlot authentique...