mardi 3 mai 2011

Bernard Pivot, zéro défaut

Un lecteur idéal, voilà comment je résumerais Bernard Pivot... Son autobiographie sous la forme d'un abécédaire vient de sortir : "Les mots de ma vie" aux éditions Albin Michel. La revue Lire de mai en fait sa "une" et lui consacre un grand article. La revue Marianne lui rend un hommage appuyé, "La grammaire d'un triomphe". Je ne vais pas reprendre sa carrière journalistique depuis 1958, mais il a été surtout pour moi le médiateur génial de l'émission "Ouvrez les guillemets" en 1973 et du célébre et incontournable "Apostrophes" de 1975 à 1990. J'ai suivi très souvent ce rendez-vous du vendredi soir car mon métier de libraire et de bibliothécaire l'exigeait. Les lecteurs me demandaient le samedi les romans et essais qui étaient au programme de l'émission. Je bascule moi aussi dans la nostalgie quand je pense aux "spéciales" consacrées à Marguerite Duras et Marguerite Yourcenar qui m'avaient enchantée à l'époque. La liste des écrivains qu'il a interrogés est extraordinaire et beaucoup d'entre eux doivent éprouver de la reconnaissance. Pour ma part, je ne serai peut-être pas devenue cette lectrice passionnée sans ces médiateurs comme Pivot et surtout Pierre Dumayet, critique d'une envergure non égalée. Je regrette qu'aujourd'hui, ces merveilleux médiateurs télévisuels n'aient pas été remplacés. Je n'ai qu'un nom à citer, François Busnel, qui présente la seule émission littéraire que je ne rate presque jamais, "La grande librairie", sur France 5. Comme il est aussi éditorialiste dans la revue Lire, longtemps dirigée par Bernard Pivot, il est le très digne héritier de Bernard Pivot. Je vais évidemment lire les "mots de ma vie" avec gourmandise et je reviendrai sur ce livre dans mon blog. J'aimerais aussi que Pierre Dumayet nous livre ses mémoires comme l'a fait un autre grand monsieur des Lettres, Maurice Nadeau, directeur de la Quinzaine Littéraire et qui vient de fêter ses cent ans !
La littérature a besoin de passeurs, de médiateurs qui permettent aux lecteurs de rencontrer les écrivains et leurs oeuvres. j'ai été à une très, très modeste échelle une "passeuse" de livres dans mes beaux métiers de libraire et de bibliothécaire et lorsque j'animais des clubs de lecture au sein des bibliothèques, j'essayais d'insuffler cette passion de la littérature. Lire sera toujours une aventure intellectuelle qui procure un bonheur indescriptible et Bernard Pivot m'a toujours donné l'impression que son métier de lecteur l'avait rendu heureux !