lundi 7 mai 2018

Escapade sicilienne, 1

Je suis donc partie le jeudi 26 avril à Palerme en passant par Genève. Après une heure trente de vol, mon avion a atterri et dès que j'ai posé le regard sur le paysage environnant, la mer touchait l'aéroport. J'ai loué une voiture pour commencer mon périple : quatre jours pour la Sicile antique, un jour à Cefalu et quatre pour Palerme. Je me sens parfois frustrée de n'arpenter qu'une capitale dans un séjour. Je prends alors le train pour visiter un site proche mais en Sicile, les liaisons ferroviaires ne permettaient pas ce choix de transport. Je disposais d'un atout majeur : mon frère, pilote expérimenté et prudent. Car, il vaut mieux multiplier son attention dans le réseau routier et le comportement des Siciliens frise l'hérésie : priorité à droite aléatoire, doublement injustifié, prise de risque permanente et surtout, aucun respect des limitations de vitesse. Comme j'écris en ce moment ce billet, je suis revenue vivante grâce à mon pilote ! La voiture s'est dirigée vers Ségeste dans un panorama déjà vallonné et planté d'oliviers, avec parfois quelques éoliennes qui ressemblent aux anciens moulins à vent (que je trouvais plus poétiques) ... A Ségeste, le temple et le théâtre m'attendaient sagement : pas de vagues de touristes en vue et surtout des moyens de locomotion organisés pour atteindre le théâtre et le temple, éloignés du parking unique. J'ai commencé par le théâtre comme suspendu dans le vide, l'un des plus beaux de la région. Une vue sublime sur le mont Inici et sur la campagne constitue aussi le spectacle de la visite. Près de quatre mille spectateurs pouvaient assister aux tragédies mais, un mystère plane sur ce site. Ce ne sont pas des Grecs qui ont construit cet ensemble mais des Elymes, peuple lointain et énigmatique (peut-être des Troyens). Ce peuple voulait témoigner de leur fidélité aux Grecs en érigeant ces monuments. Le temple n'a jamais été terminé et cet inachèvement amplifie le mystère des Elymes. La silhouette massive et d'une couleur jaune ocre magnifie le paysage et quand on pénètre dans le sentier qui mène au plateau, je ressens toujours une palpitation cardiaque émotionnelle, me rappelant l'immense vertige du temps et le savoir faire inouï des artisans qui manipulaient les pierres comme un jeu de lego géant. Ma première visite à Ségeste a duré trois heures entre les deux vestiges antiques (423 av. J.-C.). Nous avons repris la route pour l'hôtel près de Sélinonte, deuxième site de mon parcours antique dont la visite était prévue le lendemain matin. Dès ce premier regard sur Ségeste, j'ai eu l'intuition intime que je basculais dans une autre dimension temporelle...