mercredi 3 mai 2023

Escapade italienne, Bergame

 Un musée important attire de nombreux amateurs et amatrices d'art : l'Academie Carrara. Né à la fin du XVIIIe siècle, Giaccomo Carrara, mécène et collectionneur, fait un legs généreux à la ville de Bergame. Installée dans un bâtiment au style néo-classique en 1810, la galerie présente près de 1800 tableaux. Il faut s'imaginer en 1793 quand ce comte ouvrait sa collection au public pour la première fois, un geste démocratique à souligner. Il souhaita aussi que des cours de dessin et de peinture soient donnés dans le même lieu. J'apprécie les musées à taille humaine et celui de Bergame correspondait tout à fait à mes souhaits et quelle collection ! Devant mes yeux, Pisanello, Botticelli, Mantegna, Bellini, Titien, Tiepolo, Canaletto : que des peintres d'une Renaissance italienne d'une beauté éblouissante. Mais, j'aime aussi découvrir des artistes que je ne connais pas et à Bergame, j'ai rencontré un inconnu, Evaristo Baschenis, né à Bergame (1617-1677), un peintre baroque de l'école vénitienne. J'ai été charmée par ses natures mortes car ses tableaux évoquent des instruments de musique, des partitions, mêlés d'écritoire, de boîtes, de fruits, d'encriers et autres objets, exposés sur des tables couvertes de beaux tissus soyeux. La perfection picturale ! Il arrive même à rendre la poussière sur les objets avec une maestria époustouflante. Pour admirer ce peintre exceptionnel, il faut donc aller à Bergame, ou à Cologne, Bruxelles, Milan, Venise car il n'existe qu'une dizaine de toiles exposées dans les musées. J'ai remarqué un beau Raphaël (Le Saint Sébastien), un Carpaccio, un très étonnant Cosme Tura que l'on reconnaît toujours par l'originalité de ses personnages. Un régal de l'esprit, ce musée Carrara de Bergame. En face de cette institution remarquable, un musée d'art moderne et contemporain (le GAMEC), présentait une collection d'œuvres sur "l'art au-delà de la matière", consacrée à "l'investigation de la matière dans l'art des XXe et XXIe siècle"s. J'avoue que cette exposition m'a un peu sidérée. A part un Magritte, un Picasso et un Kupka, je n'ai vue que des objets du numérique exposés montrant les flux immatériels. Bref, l'art contemporain peine à me plaire... Après la pinacothèque Carrara, le choc était rude ! Pourtant, j'essaie de comprendre l'art conceptuel très courant dans ces institutions. Je me suis alors souvenue des natures mortes de Baschenis, des Botticelli, et de tant d'autres peintres de la Renaissance que j'avais admirés avant de voir ces œuvres dites contemporains. J'avais choisi mon camp, celui du passé mais quel beau passé !