vendredi 22 juin 2012

"La petite Venise"

Hier, direction l'Astrée à Chambéry pour voir ce film italien d'Andrea Segre avec Zhao Tao, Rade Serbedzija et Marco Paolini, "la petite Venise". Après une heure quarante minutes, j'ai ressenti une belle émotion, teintée de charme et de mélancolie,  liée aussi à la présence de deux personnages profondément humains. Shun Li, immigrante clandestine chinoise, travaille dans la confection textile. Elle "appartient" aux individus qui traitent les immigrés comme des esclaves contemporains. Elle est envoyée près de Venise dans un bar de pêcheurs. Elle rencontre Bepi, le poète du village qui improvise des vers rimés. Une relation amicale se noue entre eux. Leur marginalité respective, (elle est chinoise et lui est originaire de l'ex-Yougoslavie), les rapproche et les rend solidaires. La communauté des hommes du village et surtout les "esclavagistes" chinois finissent par mettre un terme à cette relation hors-norme. Tout est relaté avec délicatesse : les personnages de Shun Li et de Bepi, essayant de survivre dans ce monde bêtement prosaique et les magnifiques paysages vénitiens, Il lui offre des poèmes, elle lui raconte les traditions de la pêche en Chine. Elle veut revoir son fils de huit ans, laissé en Chine chez son grand-père. Lui veut l'aider et la soutenir. Je ne veux pas dévoiler la fin du film... Il faut aller voir ce bijou cinématographique. Un personnage essentiel  apporte un fil conducteur impressionniste, ce personnage que j'aime tant, c'est la mer et la lagune de Venise. Bepi et Shun Li se retrouvent autour de cet amour qui leur est commun. Le réalisateur  nous invite à regarder tendrement les hommes et les femmes, ces "misérables" d'aujourd'hui, nos contemporains qui viennent de loin pour fuir la misère de leur pays. Ce film sur une drôle d'amitié entre un pêcheur solitaire et une jeune immigrée chinoise nous donne une belle leçon de tolérance et de générosité.