jeudi 6 mai 2021

Revues mensuelles

Les revues sur papier ont un grand mérite : elles peuvent rester sur une petite table de salon, ou sur une table de chevet pendant des jours. Je ne les lis pas en continu mais par "sauts et gambades" dirait Montaigne, selon mon humeur du moment. Ces lectures parcellaires répondent à mes curiosités permanentes : la littérature et la philosophie. Le mensuel, Philosophie Magazine, propose dans son numéro de mai, un sujet intéressant : "Faut-il toujours viser l'utile ?" dans le contexte actuel où l'existence est "entièrement dévolue à des tâches essentielles comme manger, dormir, travailler, s'occuper des enfants". La revue revient sur l'utilitarisme expliqué par Catherine Audard. Alexandre Lacroix, directeur de la rédaction, vient d'écrire un essai, "Comment ne pas être esclave du système ?" où il avance des idées sur le post-utilitarisme : "Maximise ton utilité ou ton profit, mais sous contrainte d'idéal". Le dossier comporte aussi un duo de philosophes sur ce sujet, Peter Singer et Michael Sander. Dans ce numéro printanier, on peut aussi lire un entretien avec Robert Badinter, un portrait de la féministe "qui ne manque pas d'air", Luce Irigaray, et un article passionnant de Frédéric Schiffter sur le pessimisme chic où il évoque en particulier Clément Rosset, un des philosophes français les plus stimulants. Clotilde Leguil, philosophe et psychanalyste, nous invite à revisiter Jean-Jacques Rousseau en ces temps incertains de la pandémie. Un sommaire toujours aussi riche et ambitieux pour tous ceux et toutes celles qui se posent des questions et trouvent parfois des réponses grâce à la philosophie. Lire-Magazine littéraire de mai affiche sur sa page de titre un dossier sur la "graphologie des grands écrivains", une enquête sur les secrets de l'Iliade et l'Odyssée, un grand entretien avec Erik Orsenna sur Beethoven, un article sur les années "facho" de Yann Moix. On trouve les rubriques habituelles concernant les nouveautés du moment. Depuis que les deux revues littéraires ont fusionné, j'avoue que je ne retrouve pas la qualité d'antan du Magazine Littéraire qui proposait des articles plus fouillés, plus érudits, plus sérieux, plus littéraires dans le sens noble du terme. En parcourant la revue dans son format actuel, je constate l'irruption du phénomène "raccourci". Tous les textes semblent courts et légers pour éviter l'effort de lecture, pour ne pas intimider, pour ne pas "donner mal à la tête"...  Bientôt les journalistes écriront avec des smiley ou des dessins... C'est révélateur d'un remplacement générationnel au sein des rédactions. Je prends un coup de vieux terrible sur ma tête quand je remarque ces changements... Tant pis pour moi, je finirai par ne plus les lire mais, je m'accroche car il faut bien accepter avec sagesse le temps qui passe !