vendredi 7 octobre 2016

Rubrique cinéma

J'ai donc vu le film de Xavier Dolan, "Juste la fin du monde" et j'ai reconnu la griffe "dolanesque" dans la thématique du mal être, des dégâts psychiques qu'une famille mal assortie peut provoquer. Ce film dramatique dans son austérité théâtrale peut déranger par sa violence et sa désespérance. Le personnage principal, écrivain et homosexuel, revient dans sa famille après douze ans d'absence. Dès la première minute, on sait qu'il va mourir et il veut annoncer cette nouvelle à son frère, sa sœur et sa mère. Quand il se rend dans la maison familiale, sa mère sèche ses ongles, sa sœur hurle sur elle, son frère éclate de colère et sa belle-sœur est la seule à le recevoir gentiment sans le heurter. Ce film réunit les personnages dans un huis clos hystérique. La mère futile et agitée ne comprend pas son fils mais elle lui déclare son amour. Sa sœur a grandi mais elle reproche avec amertume et rancœur l'absence de ce frère, devenu un écrivain célèbre. Elle se sent rejetée et se dispute sans cesse avec le frère aîné. Ce frère résume à lui seul les relations familiales tissées d'incompréhension. Le verbe comprendre revient souvent dans leurs échanges volcaniques : "Je ne te comprends pas mais je t'aime quand même." Le jeune homme a abandonné cette famille à cause de sa vie amoureuse et ce retour raté lui fait comprendre que la paix et la sérénité ne règneront jamais dans ce milieu anxiogène et explosif. Une scène dans la voiture entre les deux frères me semble significative : ils ne peuvent pas communiquer. Le frère aîné lui reproche d'être dans les mots, le langage, la parole construite et élaborée et surtout, son silence, lourd de sens. Un gouffre infranchissable les sépare et le jeune écrivain finit par se taire par impuissance. Il ne dira rien, au fond. Il renonce à annoncer cette nouvelle funeste. Il préfère partir, quitter cette famille où il est impossible de se comprendre. Xavier Dolan raconte à sa façon excessive et passionnée les liens inextricables d'une famille complexe et frustre. Un film fort, troublant et intense comme son réalisateur...