lundi 2 septembre 2019

Mes cabanes à livres

J'aime bien me balader, été comme hiver, du côté du lac du Bourget. Non seulement, ce lieu enchanteur, tout près de chez moi, m'attire par sa beauté naturelle mais comme je suis toujours dans ma tête, envahie par mon goût des livres, j'effectue ma promenade physique, doublée d'une découverte livresque. Je parle des cabanes à livres que je visite deux à trois fois par mois sur le secteur d'Aix les Bains et sur le Bourget du Lac. Evidemment, j'utilise aussi la cabine téléphonique de Bassens, située sur un parking et je vais aussi voir le stand des Halles de Chambéry sans oublier les chariots d'ouvrages à la Médiathèque. Dans un article du Monde, paru le 17 août, le journaliste évoque l'engouement croissant des livres vagabonds, déposés dans de nombreuses boîtes à livres sur tout le territoire. Ces dépôts prennent toutes les couleurs, ressemblent à des maisonnettes, à des vieilles cabines désaffectées. J'ai même vu à Stockholm un grand frigidaire repeint, objet insolite dans un parc. Ce dispositif en libre-service permet à tous les lecteurs d'emprunter, de rendre, de donner. Quand je m'approche d'une boîte, je me sens comme une exploratrice fiévreuse : que vais-je trouver aujourd'hui ? Je remarque souvent des pêcheurs à l'affût et si leur bout de canne bouge, il relève le fil. Je ressens cet esprit d'attente et d'espoir. J'imagine ces ouvrages comme des poissons, cachés dans le flot de papier. Dans ce fouillis, il faut soulever, déranger, déplacer les piles pour enfin ferrer ma proie. Hier, ma pêche s'est révélée fructueuse : un guide bleu Hachette des années 80 sur Rome, avec des textes vraiment très intéressants, un roman de Malaparte, "Kaputt" dont je venais de lire un ouvrage sur lui, un livre de classe de 6e sur l'Antiquité. Parfois, je repars bredouille… Le phénomène des boîtes à livres remonte en 1991 en Autriche où deux artistes ont installé leur première bibliothèque à Graz et plusieurs suivront à Berlin et à Mayence. En Bretagne, les livres nichent dans un ancien lavoir à Morlaix, dans un pigeonnier à Cancale, et on dénombre aujourd'hui en France, plus de 4000 mini-bibliothèques vagabondes dont une quinzaine les gares franciliennes. Ces boîtes à livres font-elles concurrence aux librairies et aux bibliothèques publiques ? En  aucun cas, ce vagabondage des livres symbolise l'échange non marchand, le don gratuit où les lecteurs(trices) butinent en toute liberté… Une aubaine !