lundi 1 août 2016

"Les passants de Lisbonne"

J'ai emprunté ce roman, "Les passants de Lisbonne", par curiosité et surtout pour le mot magique, "Lisbonne", le lieu de ma future escapade en fin septembre. Je me doutais que ce roman n'allait pas me fasciner comme un roman de Pascal Quignard que je relis cet été, mais, l'auteur, Philippe Besson, réussit à nous brosser un portrait en filigrane de cette ville portuaire si célèbre pour sa beauté. Les deux personnages principaux se rencontrent dans un hôtel et tissent une amitié amoureuse "thérapeutique". Hélène a perdu son mari dans un tremblement de terre à San Francisco et s'est refugiée dans un hôtel de la ville. Sa solitude volontaire attire l'attention d'un Français, Mathieu, qui travaille au Portugal. Ils s'observent et un jour, il ose l'inviter au bar et à partir de cette rencontre, ils vont s'apprivoiser et se connaître. Hélène lui révèle son désespoir, son attente de la nouvelle fatidique, le besoin de s'isoler et de quitter Paris. Mathieu lui confie son histoire d'amour : son amant lisboète l'a quitté, lassé des séjours parisiens de son ami. Philippe Besson joue une musique lancinante sur la perte, sur le deuil, sur la dépression qui taraude les deux personnages. Ils déambulent dans les rues, sur les places, s'installent sur les terrasses et retrouveront l'espoir et la résilience. Lisbonne accompagne leur spleen, déclenché par leur situation réciproque. Philippe Besson cite évidemment le grand poète-écrivain Pessoa, maître de ce sentiment nostalgique, baptisé "Saudade". Je cite cet extrait qui résume le style de cet écrivain intimiste : "Il appris que l'on a presque toujours tort de vouloir rester seul avec son anxiété, pourtant il sait aussi qu'on a ce réflexe, qu'ainsi on se protège, que ce blanc autour de soi est une sorte d'ascèse. Il aurait sans doute agi comme elle. Il aurait refusé la présence des autres, leur pollution." Philippe Besson joue à travers ses mots et ses personnages un sonate mélancolique, un fado chanté dans un bar de Lisbonne. Un roman sensible, bien écrit qui m'a donné un petit air de vacances avant de partir là-bas...