jeudi 3 décembre 2015

"Palmyre, l'irremplaçable trésor"

J'avais lu les mémoires passionnantes de Paul Veyne, un des plus grands historiens français, et je conseille encore son autobiographie : "Et dans l'éternité, je ne m'ennuierai jamais", parue en 2014. Il vient d'écrire un essai sur la cité de Palmyre, tristement célèbre par sa destruction perpétrée par la horde D. L'historien prend la parole pour raconter la fabuleuse histoire de cette cité antique. Il écrit : "Malgré mon âge avancé, c'était mon devoir d'ancien professeur et d'être humain de dire ma stupéfaction devant ce saccage incompréhensible et d'esquisser un portrait de ce que fut la splendeur de Palmyre qu'on ne peut plus désormais connaître qu'à travers les livres". Comme un beau conte oriental, Paul Veyne rend hommage à la cité pour son syncrétisme culturel. Au milieu du désert syrien, à côté de la Perse (Iran), ce lieu magique surgit comme une oasis et appartenait au vaste empire romain. On y parlait le grec, l'araméen et les habitants vivaient de commerce. L'historien décrit les monuments, les temples, les coutumes de cette cité à la croisée des deux mondes, l'occidental et l'oriental. Le désastre de sa démolition constitue un crime contre la culture "humaine". Les terroristes ont même assassiné l'archéologue Khaled al-Assaad, directeur des antiquités de Palmyre, auquel ce livre est dédié car il s'était intéressé aux "idoles". Imaginons l'anéantissement de Pompéi, de Syracuse, de Taormina et d'autres lieux magiques de l'Antiquité car Palmyre appartenait au patrimoine mondial  de l'Unesco. Comme l'archéologie raconte l'histoire de l'humanité, l'ouvrage de Paul Veyne apporte une lumière essentielle sur cette catastrophe historique. "Oublier le passé, c'est se condamner à le répéter" écrivait Primo Levi.  Palmyre restera toujours dans nos mémoires même si les traces ont disparu...