lundi 11 mars 2024

"Rubrique cinéma, "Anatomie d'une chute"

 Récemment, j'ai enfin vu le film de Justine Trier, "Anatomie d'une chute", palme d'or de Cannes et d'autres prix prestigieux. Dès les premières images, j'ai vite été captée par l'ambiance angoissante qui émanait des personnages : Sandra, l'écrivaine à succès, Samuel, son mari lui-aussi écrivain raté et Daniel, onze ans, handicapé par sa vue. Ils vivent à la montagne dans un beau chalet familial non loin de Grenoble. Alors que Sandra est interrogée par une étudiante, son mari écoute très fort de la musique dans son grenier et les deux femmes ne peuvent pas échanger leurs paroles. L'étudiante quitte le chalet. Entretemps, le jeune garçon revient d'une longue promenade avec son chien Snoop et découvre son père étalé dans la neige, mort en dessous de la fenêtre du grenier. A partir de ce drame, Sandra est soupçonnée d'avoir commis ce meurtre. Elle appelle un ancien ami, un avocat, qui va l'aider dans sa défense. Sandra assure que son mari est tombé de sa fenêtre en se suicidant. Son ami Vincent va tout de suite annoncer à Sandra qu'elle sera soupçonnée de son meurtre. Le film s'articule sur le doute : la chute de son mari est-elle due à un accident ou à un homicide ? Elle est mise en examen et peu à peu le procès en cours révèle les problèmes du couple. Samuel avait fait une tentative de suicide en absorbant des médicaments. La blessure à la tête lors de sa chute semble suspecte. Un enregistrement audio retrouvé révèle une dispute violente dans le couple. Pendant le procès, l'équipe de la défense explicite toutes les accusations du procureur. Peu à peu, la vérité affleure par touches successives. Samuel était jaloux du succès littéraire de sa femme et il l'accusait de plagiat. L'infidélité de Sandra, bisexuelle, exaspérait son mari. Daniel découvre avec stupéfaction les relations tendues entre ses parents. Il insiste auprès de la présidente du tribunal pour témoigner avant les plaidoiries finales. Son père lui a avoué qu'il pouvait se passer quelque chose de terrible, comme une prémonition suicidaire. La défense du garçon sera déterminante pour sa mère qui sera acquittée. Ce film efficace ne tombe jamais dans le pathos et les personnages dont le jeune garçon jouent "juste" en respectant une certaine discrétion dans une tension permanente. La vie familiale conservera toujours un théâtre mystérieux pour des yeux étrangers et Justine Trier a bien montré avec son grand talent les complexités d'une réalité vécue par un couple. Il méritait tout à fait la Palme d'or de Cannes.