mercredi 16 février 2011

la petite musique d'Anita Brookner

La critique a comparé Anita Brookner à Jane Austen et Henry James. Pourquoi pas ? Je la trouve absolument "anglaise" et elle fait partie de cette famille littéraire que j'aime tant : les soeurs Brontë, Virginia Woolf, Doris Lessing, Iris Murdoch, Margaret Drabble, Penelope Lively, A.S. Byatt, Zadie Smith, Sarah Waters, et j'en oublie certainement. Le Magazine littéraire de juin 2008 a proposé un grand dossier sur ces romancières anglaises. Anita Brookner, née en 1928, est qualifiée de subtile observatrice des gens et des situations. A travers sa trentaine de romans, elle aborde la question essentielle de la solitude souvent vécue à Londres, dans un milieu aisé. Son oeuvre reste fidèle à cette petite mélodie mélancolique : comment vivre avec ce sentiment de solitude ? Dans son dernier roman, "Etrangers", il est question d'un retraité, qui se nomme Sturgis. Ce célibataire "vivait seul, dans un appartement qui avait représenté le sommet de ce à quoi il pouvait prétendre, mais qui aujourd'hui le déprimait au-delà de toute expression". Il déambule tous les jours dans les rues de Londres où il ne croise que des "étrangers", devenus des "familiers" mais non des intimes. Or, il va partir à Venise pour se changer les idées. Il discute avec une femme d'une cinquantaine d'années dans l'avion et la rencontre par hasard dans une rue de Venise. Ils vont déjeûner ensemble et va suivre une série de retrouvailles à Londres car cette femme lui demande de garder quelques affaires chez lui. Sturgis est fasciné par la vie nomade de cette "amie" divorcée qui, en fait, ne se confie jamais sur son passé. Elle voyage, dit-elle, a beaucoup d'amis. Il va aussi retrouver son ancienne maîtresse qui est devenue malade et pour laquelle il éprouve un regain d'amour. La vie quotidienne de Sturgis en est bouleversée : ces deux femmes vont déclencher une envie de changement pour fuir sa "déprime" londonienne. Le roman se termine sur une note de musique teintée d'espoir. Sturgis va enfin prendre quelques risques pour rechercher ce sentiment d'intimité tant rêvé... Il ne sera plus un "étranger" parmi tous les étrangers cotoyés...