lundi 29 novembre 2021

Escapade parisienne, 3

 Je voulais voir l'exposition consacrée à la photographe américaine, Vivian Maier (1926-2009), dans le Palais du Luxembourg. J'ai lu récemment le bel ouvrage de Gaëlle Josse, "Une femme à contre-jour" sur cette photographe, disparue dans la solitude et dans l'anonymat, inconnue de tous. L'écrivaine raconte ce destin "d'une invisible, d'une effacée". Parcourant les rues de New York et de Chicago, elle photographie les plus démunis, les marginaux qui ont été oubliés par le rêve américain. Je vais rarement voir des expositions de ce type mais j'avoue que le roman biographique m'a fortement influencée et je n'ai pas été déçue. La photographe réalise des autoportraits, des scènes de rue cocasses, des enfants joueurs, des hommes lisant le journal mais, son regard "cubiste" change la donne : elle fragmente les corps, se concentre sur des attitudes, dévoile des moments fugaces, montre des mains enlacées, des jambes lourdes, des objets délaissés. Cette belle exposition se tient jusqu'au 16 janvier. J'ai noté la phrase de Pascal Quignard au milieu des photographies exposées : "Le regard dresse le corps et tout regard repose dans le regard de l'autre". Plus tard, j'ai retrouvé avec plaisir le Jardin du Luxembourg, haut lieu historique avec l'édifice qui abrite le Sénat. Se balader dans ce parc demeure une des mes marottes quand je monte à Paris. Avec sa Fontaine de Médicis, ses statues, son bassin, ses fauteuils verts en fer, le parc ressemble à une île verdoyante où les promeneurs se délassent dans cet espace privilégié, conservé, protégé. Un lieu culturel dans un écrin de nature. Revoir ce jardin sous le soleil m'a vraiment procuré un sentiment de sérénité retrouvée. Je ne pouvais pas terminer ma journée sans pénétrer dans la librairie Delamain, l'une des plus anciennes de Paris que Colette et Cocteau fréquentaient. J'aime sentir cette atmosphère autour des livres, de la littérature et de la lecture. Je suis repartie avec un livre de recettes de Marguerite Duras, "Le bateau ivre" de Rimbaud et le prix Médicis de l'essai, "Comme un ciel en nous" de Jakuta Alikavazovic qui raconte sa nuit au Louvre. Le soir, j'ai savouré une bonne soupe traditionnelle avec un plateau de fromage dans un bistrot ancien, "le Ragueneau" et je me suis baladée vers la place Vendôme avec sa célèbre colonne et ses bijouteries de luxe hors de portée pour 99 % de la population... Paris et le luxe, ce n'est pas un mirage et s'offrir une montre à quelques milliers d'euros n'appartient pas à mon imaginaire ! Les illuminations de Noël donnaient une image irréelle au lieu comme si tout ce décor n'était que du cinéma. D'ailleurs, j'ai vu des passants attroupés encadrés par la police : se tournait une scène de la série "Lupin". J'étais vraiment au cinéma !