vendredi 13 mai 2011

La littérature sans fard

Je suis à la trace cette grande, très grande femme écrivain et j'attends toujours son prochain roman avec impatience. Je lis son billet dans le Monde et chaque fois, Nancy Huston frappe juste, frappe vrai, frappe authentique. Daté du dimanche 8 MAI, Nancy Huston nous raconte dans sa chronique en dernière page du journal, ses rencontres avec de vrais lecteurs, loin des amphis universitaires ou des colloques entre spécialistes de littérature. Dans une prison ou dans un quartier populaire, elle nous montre l'écart qui existe entre des lecteurs novices, simples qui épousent sans problème la vie des personnages et les événements du livre et des lecteurs blasés qui mettent trop de distance en le roman et eux. Elle dénonce le manque de chair de la critique littéraire qui ressemble plus à de l'analyse linguistique : métaphore, allitération, prolepse, etc. Ce langage adopté par le milieu universitaire ne convient pas du tout à Nancy Huston. Le fossé culturel entre des "gens de peu" et des super-cultureux n'est pas à l'avantage des seconds. Je ne résiste pas à vous citer le dernier paragraphe du billet : "O littérature ! Littérature qui sauve un peu la vie ! Qui permet de vivre mille vies et pas seulement la sienne ! D'apprendre le monde par le coeur, par le corps, en se glissant dans la peau et la pensée des êtres différents de nous ! Dostoïevski nous permettant d'écouter des bagnards, O'Connor nous plongeant dans le sub-conscient de grand pervers, Gary nous administrant l'antidote à tous les héroïsmes ! Littérature liberté ! Bol d'air ! De grâce, reviens !"
Quel bel hommage de la place de la littérature dans nos vies de lecteurs...