mardi 14 novembre 2017

"Un certain M.Piekielny"

François-Henri Désérable participait jeudi dernier à la Grande Librairie et se retrouvait en très bonne compagnie littéraire : Patrick Modiano pour son dernier roman, "Souvenirs dormants" et de sa pièce de théâtre, "Nos débuts dans la vie", Pierre Michon à l'occasion du cahier de l'Herne qui lui consacre un numéro et Marie-Hélène Lafon, héritière de l'école Michon-Bergounioux. Ce jeune écrivain, né en 1987, a présenté son "Un certain M. Piekielny", un roman un peu loufoque sur un personnage imaginé par Romain Gary dans la "Promesse de l'aube". Ce voisin du petit Romain vivait dans le même immeuble à Vilnius et connaissait donc la mère de l'écrivain. Romain Gary évoquait cet homme modeste et timide qui lui avait suggéré : "Quand tu rencontreras de grands personnages, des hommes importants, promets moi de leur dire : au 16 de la rue Grande-Pohulanka; à Wilno, habitait M. Piekielny...". L'écrivain n'a jamais oublié cette promesse et a, paraît-il, cité le nom de son voisin lors de ses rencontres fabuleuses avec le Général de Gaule et d'autres Grands de ce monde. Ce roman raconte la vie agitée de Romain Gary, sa carrière diplomatique, ses amours, ses romans en mêlant aussi la démarche du narrateur, amoureux de la littérature. Il invente la vie de ce personnage fictif : ce M.Pielkielny a-t-il été déporté dans un camp ? A-t-il fui les Russes ? Est-il mort de maladie ? Toutes les hypothèses se heurtent au mystère de son existence comme une ombre insaisissable. Ce roman ressemble à un journal d'enquête sur son mentor littéraire, Romain Gary, légende à lui tout seul, maquillant ses vérités en mensonges vraisemblables. Dans un article du Monde, le journaliste souligne le charme évident du livre avec ce personnage fantomatique qui le relie à l'œuvre de Gary. L'auteur rend un hommage fervent  à la fiction et à son "désir de littérature". Les dernières lignes éclairent le projet de F.-H. Désérable : "Gary écrit le nom de Piekielny sur la page. Le fait-il naître ? Renaître ? Jaillir du tréfonds de sa mémoire ? (...) Je ne sais pas. Il est tout puissant. Il écrit. Il ne pense qu'à cela. Ecrire. Tenir le monde en vingt-six lettres et le faire ployer sous sa loi." Un très bon roman de cette rentrée littéraire qui aurait mérité un prix...