mardi 24 janvier 2012

"Ma médiathèque mute"

Dans Le Monde du samedi 21 janvier, je trouve un article sur la mutation irréversible des médiathèques et des bibliothèque à l'ère numérique. Cet article logé dans le cahier Culture et Idées, signé Pascale Kremer, montre le déclin de la fréquentation des lecteurs dont le pourcentage baisse de trois points (18 à 14). Seulement, 14 français sur 100 utilisent le réseau des bibliothèques municipales. Malheureusement, ce chiffre ne fera que baisser... Les jeunes en particulier consacrent leurs heures de loisirs sur internet et les réseaux sociaux. Le livre leur est de plus en plus étranger et obsolète. Ainsi va la vie de ces lieux de culture et de sociabilité. Un directeur de bibliothèque ose même dire : "A quoi sert une bibliothèque quand l'information est partout ?". Il faut, soit disant, changer l'image traditionnelle et vieux jeu de ces institutions archaïques. Il est impératif pour ces cadres informatiques qui ont oublié leur métier de base, l'amour des livres et de la lecture, proposer des écrans partout, des liseuses électroniques, de la musique "dématérialisée", un marketing culturel... Une autre phrase dans l'article d'un responsable ministériel du livre et de la lecture :"Il y a un rôle d'intermédiation avec le monde numérique à développer. Faire de la guidance (?), aider à se repérer sur Internet...". Apprécions le jargon "technocratique" de ce grand commis de l'Etat... Les bibliothèques se vident, car elles vont se deshumaniser en ressemblant de plus en plus à des espaces ouverts envahis d'écrans, de jeux, de vidéos, de tout sauf des livres. Heureusement que j'ai pris ma retraite au bon moment... Travailler pour rendre Internet accessible à tous me semble une mission peu passionnante. J'espère qu'il restera encore sur quelques étagères des livres en papier pour les enfants, les adultes démodés de l'ère Gutenberg où tout le monde pouvait se saisir d'un volume matériel et le consulter sans écran. Je sais que la nostalgie m'envahit en lisant cet article qui se termine par une nécessaire remise en question de la profession. Le bibliothécaire va devenir un "webmaster", un journaliste à l'affût des informations sur le net. Et les livres numériques triompheront au détriment de nos chers livres faits de chair et d'os... Cette mutation me fait peur et même si les bibliothèques traditionnelles se transforment en fantômes numériques, je conserve assez de livres chez moi, des vrais livres, pour l'éternité ! Si les responsables de bibliothèques préfèrent nous offrir des halls de gare, des lieux vides et propres, des écrans sans vie, j'espère qu'une poignée de lecteurs résistera à cette nouvelle mutation des médiathèques, déjà amorcée dans les grandes villes... Soyons optimistes et conservons l'espoir que cette mutation de la sphère Gutenberg à la "numérisphère" épargnera nos campagnes et nos villes moyennes...