mercredi 2 octobre 2013

Atelier d'écriture

Premier atelier d'écriture de la saison 2013-2014 ce mardi 1er octobre à 9h30. Mylène nous a préparé deux exercices inspirés des lieux de vacances. Nous avons listé des lieux de prédilection visités cet été et Mylène nous a demandé de construire un acrostiche (poème composé de telle sorte qu'en lisant dans le sens vertical, on retrouve le nom du lieu visité). J'ai choisi la Fondation Bodmer à Genève.
"Bodmer, bibliothèque patrimoniale, lieu de beauté, réserve intellectuelle de manuscrits, incunables et livres anciens
Oubli, lutter sans cesse contre l'oubli, se souvenir des anciens, de l'ancien temps, des hommes et des femmes, écrivains, civilisateurs du monde
Délices de l'esprit, écritures de Montaigne, de Proust, le geste de la main noircissant les pages blanches
Manuscrits, éclairés par une lumière diffuse, le monde des origines, la matrice essentielle
Ecrivains, aux étranges coutumes, enfermement, isolement, observation, vigilance, guides spirituels
Rêve, une vraie maison pour les livres, une bibliothèque de rêve, incontournable pour les passionnés de la littérature."

Ensuite, Mylène nous a lu un passage du livre de Jean-Paul Kauffmann, "Remonter la Marne" pour nous donner un exemple de description d'une scène. Ensuite, nous devions choisir dans notre mémoire une scène vécue ou inventée d'un fait divers ou d'un évènement surprenant.
Voilà donc mon deuxième texte :
"Ma table
Il y a assez longtemps, je me baladais régulièrement dans les brocantes des bords de route, chez Emmaüs, dans les magasins chics des antiquaires, toujours à la recherche d'un meuble original, d'un objet singulier, de livres anciens dont je faisais la collection. Un jour, dans un fouillis indescriptible, je tombe sur une petite table en bois blond, une table si mignonne à mes yeux, petite mais pas trop, pas encombrante, idéale pour mes exercices d'écriture, une table-bureau pour mon salon. Cette table, en fait, avait déjà une vie assez longue car elle possédait une originalité qui me touchait droit au cœur. C'était une table de bistrot... De quel bistrot ? mystère. Elle avait au bout de ses quatre pieds une couverture chromée et dorée, une longue tige en fer de la même couleur qui reliait la base et une tablette en bois en dessous du plateau, constitué  de quatre planches encadrées par un rebord. Les messieurs, qui fréquentaient les bars, déposaient leur chapeau sur cette tablette. J'avais enfin trouvé mon bureau idéal, moi qui suis un enfant de bar-café dans les années 50. J'ai acheté cette table sans discuter le prix tellement je sentais qu'elle m'attendait dans ce hangar poussiéreux et obscur d'un village en Savoie. Elle m'a suivie dans mes déménagements successifs : mobile, légère, pratique et jolie. Maintenant que je vis à Chambéry, ma table s'est enracinée dans mon salon, entourée de livres et de CD. Sous mes yeux, une reproduction d'un tableau de Vieira da Silva, "Bibliothèque". A ma droite, le jardin avec ses deux oliviers, des cyprès et un grand massif d'hortensias. J'observe parfois quelques rouge-gorge et des merles, de plus en plus rares dans ce quartier proche de la ville. Je me souviens d'un texte de Virginia Woolf, "Une chambre à soi", manifeste féministe sur la condition des femmes, qui m'avait fortement impressionnée. J'intitulerais plutôt  cet ouvrage, "Un bureau à soi", car ce mot évoque trop le monde masculin, et ce bureau, les femmes ont dû le conquérir... Ma petite table bistrot devient ainsi ma planche de salut, mon espace de liberté et une envie permanente d'écrire !"