lundi 7 décembre 2015

"Si c'est un homme"

Depuis la rentrée de septembre, je suis inscrite à un cours de littérature animé par Daniel que je suivais déjà, dès janvier 2015. Notre professeur a analysé "Les Fleurs du Mal" de Baudelaire, le surréalisme, la littérature au féminin. Il nous a proposé cette fois-ci le thème de la condition humaine avec trois écrivains : André Malraux, Primo Levi et Robert Musil. Je n'ai pas assisté aux cours donnés sur Malraux et "La Condition humaine" pour des raisons fort agréables de voyages divers. Mais, je ne voulais surtout pas manquer le cycle consacré à Primo Levi. J'ai relu "Si c'est un homme" avec une attention encore plus profonde que dans ma première lecture datant d'une vingtaine d'années. Ce témoignage sur les camps de concentration est unique, irremplaçable, essentiel pour appréhender l'horreur du nazisme et de l'Holocauste. J'ai lu l'ouvrage avec un crayon et j'ai souligné un très grand nombre de phrases sur l'expérience concentrationnaire. Les bourreaux perdent leur humanité alors que les victimes pourtant déshumanisées à l'extrême, luttent pour conserver la leur. Primo Levi décrit avec une précision de scientifique (il était chimiste) la vie dans ce camp terrible avec la faim chronique, le froid glaçant, l'humiliation, l'anéantissement de toute personnalité. Il survit grâce à la solidarité de quelques compagnons. Il raconte sans émotion cet enfer dantesque, cette disparition programmée d'une partie de l'humanité. Il faut absolument lire et relire ce chef d'œuvre de la littérature italienne, car Primo Levi a décrit avec une lucidité froide et une sobriété philosophique, la folie nazie : "J'ai survécu, j'ai raconté, j'ai témoigné". La force de ce témoignage, dépourvu de haine et d'esprit de vengeance, montre que la littérature peut nous aider à comprendre et à combattre  l'insupportable, l'inimaginable, l'insoutenable de l'expérience concentrationnaire et totalitaire. Pourtant, Primo Levi a mis fin à ses jours à Turin en 1987. Sur sa tombe, on peut lire seulement son matricule : 174517... Dans le préambule de l'ouvrage, l'écrivain nous dit : "N'oubliez pas que cela fut. Non, ne l'oubliez pas : gravez ces mots dans votre cœur". Une lecture salutaire et essentielle en ces temps où un certain totalitarisme religieux menace l'humanité. Le cours de littérature m'apporte un nouvel éclairage sur des œuvres que j'avais lues un peu trop superficiellement. Et la relecture est un exercice intellectuel assez surprenant car les années que je cumule ne semblent pas se transformer en handicap... Bien au contraire.