mercredi 7 octobre 2020

Escapade à Paris, 3

 Mercredi, j'ai démarré ma journée au Musée de l'Orangerie. Pas de file d'attente, une entrée fluide et agréable. Je voulais absolument voir l'exposition de Giorgio De Chirico (1888-1978), ce peintre italien que l'on qualifie de métaphysicien. Les toiles exposées proviennent du MOMA à New York, de Philadelphie, de Chicago, de Londres, etc. Cette initiative tient presque du miracle en considérant que les déplacements de ces œuvres picturales devenaient périlleuses en fonction du virus. Chaque toile possède un mystère particulier qui déconcerte, interroge, surprend, déroute... Pourquoi deux artichauts dans un tableau intitulé "La conquête du philosophe" ? Philippe Dagen dans un article du journal, "Le Monde", apporte cette réponse : "Parce qu'ils se mangent lentement, feuille à feuille, lenteur qu'exige aussi la philosophie qui effeuille le monde". Les titres défilent : "La Nostalgie de l'infini", "La mélancolie du départ", "La récompense du devin", "La tour rouge". Mannequins aveugles, paysages urbains déserts, objets insolites, colonnes antiques, jeux d'ombre et de lumière, tous ces éléments composent des tableaux surréalistes, oniriques, fantastiques. Pourquoi évoquer l'aspect métaphysique de cette peinture moderne ? Pour le critique d'art déjà cité, il note ceci : "La métaphysique selon De Chirico a pour dessein de rendre mieux visible l'absurdité du monde et des activités humaines". A côté des tableaux de Chirico, j'ai vu des Morandi que j'aime beaucoup et d'autres italiens influencés par la peinture métaphysique. Le Musée de l'Orangerie possède une collection importante de Claude Monet dont les célèbres "Nymphéas". Après l'Orangerie, j'avais rendez-vous au Louvre : plus aucun touriste étranger, peu de touristes nationaux et personne devant la Pyramide. J'avais visité le Louvre l'année dernière en fin novembre où j'avais été quasi bousculée par la masse des visiteurs qui se pressaient aussi pour voir l'exposition consacrée à Leonard de Vinci. Dès que je suis entrée à l'intérieur de la Pyramide, l'ambiance avait complètement changé. On pouvait prendre son temps, flâner comme au bord d'un lac, s'arrêter devant un tableau sans gêner personne. J'ai décidé de commencer par l'aile Denon où se trouvent les Antiquités grecque et romaine. J'étais seule devant la Vénus de Milo, devant la victoire de Samothrace, devant les Kouroi, devant les idoles cycladiques, etc. Une aubaine, évidemment pour les amateurs d'archéologie... Ce labyrinthe où se nichent tant de trésors artistiques ne se visite pas en une seule fois. Il vaut mieux revenir le lendemain pour mieux "assimiler" dans son esprit tous ces fragments d'un passé fondateur.  Du côté des antiquités égyptiennes, Anselm Kiefer, cet immense artiste contemporain allemand, a confié trois œuvres au Louvre dont une toile, "Athanor" représentant un homme gisant au sol, fixant un ciel étoilé. Cette toile d'une dimension impressionnante est installée dans une niche sous une voûte en arêtes, encadrée par deux chapiteaux corinthiens. Un dispositif qui donne une ampleur "mystique" au tableau. Quel bonheur de visiter ce musée sans la foule autour de soi...