vendredi 14 mai 2010

"Cafés de la mémoire"

J'ai fini de lire cette semaine un ouvrage passionnant "Cafés de la mémoire" de Chantal Thomas. Cette femme-écrivain, philosophe, directrice de recherches au CNRS, spécialiste de Sade, Casanova et de la littérature du XVIIIème siècle, nous livre une autobiographie se situant entre 1945 et 1969. Elle nous raconte son enfance à Arcachon, son entourage familial, ses études et surtout au fil du récit, prend le modèle de Simone de Beauvoir comme art de penser et art de vivre. Le mot-clé de cet ouvrage est le mot "liberté" .Elle décrit tout au long du livre les cafés de sa jeunesse, lieux mythiques et nostalgiques, carrefours de la vie, des rencontres, des retrouvailles, vrais refuges pour les solitaires... Elle monte à Paris en 1968, (mais après le mois de mai) et découvre la vie intellectuelle dans les cafés de la capitale : Les Deux Magots, Le Flore, et tant d'autres. J'ai moi-même vécu en 1981 (année de l'arrivée des socialistes au pouvoir) la même expérience en "montant" à Paris où j'ai déambulé pendant un an dans tous les endroits chargés de littérature : les cafés, les librairies, les rues à plaques d'écrivains célèbres, les musées et les maisons d'écrivains... Son livre autobiographique à quinze ans de distance me plonge dans une recherche du temps perdu et retrouvé. La petite madeleine de Proust agit comme une révélation qui abolit le temps. Ce temps est comme suspendu d'autant plus que le thème des cafés me touche beaucoup car j'ai vécu dans un bar-café dans mon enfance (de cinq à douze ans)... Pour terminer cet éloge de Chantal Thomas, je cite une phrase du livre : "Je passais de longues soirées à lire, accompagnée par le fanal discret d'autres lecteurs, petites lumières sous abat-jour, persistantes clairvoyances, complicités de rêveurs. Membres d'une société qui ne se rencontreront pas, mais partagent, chacun pour soi, l'éblouissement des mots qui s'animent et vous adressent la parole." La lecture m'a toujours semblé un monde solidaire et non solitaire et le passage formidable que je cite, me renforce dans cette idée !