lundi 24 octobre 2016

"Judas"

Amos Oz, l'un des plus grands écrivains israéliens, vient d'écrire "Judas", édité chez Gallimard. Il s'agit d'une histoire complexe sur les plans historique et politique qui se situe en 1959, mais on peut le lire avec intérêt. Le personnage central, Schmuel, un jeune étudiant de 25 ans, se fait larguer lamentablement par sa petite amie et interrompt sa vie universitaire. Ce garçon est qualifié de "corpulent, barbu, timide, émotif, socialiste, asthmatique, cyclothymique". Il prépare un mémoire sur Jésus dans la tradition juive. Il répond à une annonce pour un poste d'homme de compagnie d'un certain Gershom Wald, un érudit très âgé, bavard et doté d'une causticité sans limite. Il rencontre lors de son entretien sa belle fille, Atalia, qui s'occupe du vieux monsieur et de la maison. Entre ces trois personnages, se lie une relation quasi familiale. Schmuel se refugie dans sa petite chambre et observe les us et coutumes de la maison. Il tombe amoureux d'Atalia qui a pourtant vingt ans de plus. Elle le cantonne à son rôle d'assistant de son beau-père et l'évite en organisant sa vie quotidienne. Le roman se lit sur deux niveaux : l'histoire de Schmuel en proie à la frustration amoureuse et celle du discours de l'écrivain à travers les nombreuses conversations du jeune homme avec l'érudit. En filigrane, le personnage de Judas obsède le jeune étudiant comme la figure du traître. Le propre père de la jeune femme, un homme politique influent, a toujours été considéré comme un traître car il refusait la création de l'état d'Israël, voulant cohabiter pacifiquement avec les Palestiniens. Dans un article du journal Le Monde des Livres, Amos Oz explique le rôle des traîtres dans l'Histoire qui sont parfois des visionnaires et le parallèle entre Judas et Abravanel en est l'illustration. Il peut arriver que l'on se perde un peu dans les pensées du jeune homme et de l'érudit parce que le monde d'Amos Oz n'est pas simple à comprendre. La lecture demande parfois des efforts, mais et il suffit de s'informer sur Israël pour surmonter les difficultés que l'œuvre d'Amos Oz peut entraîner.