vendredi 4 octobre 2019

Athènes, 6

Dimanche, j'avais envie de voir la mer, le musée archéologique du Pirée et la Fondation Stavros Niarchos. J'ai donc pris un bus pour me rendre dans cette ville portuaire, un peu monstrueuse avec ses grues, ses ferries, ses raffineries de pétrole et son aspect industriel. Tous les échanges commerciaux et touristiques partent de là et en général, les voyageurs en partance pour les îles saroniques et les Cyclades transitent vers le port. Fondé en 1935, le musée vaut vraiment le détour. J'y suis allée pour rencontrer Apollon, un kouros archaïque de -520 environ et d'une hauteur de 1,92m, puis ma chère Athéna (2,35m) et deux Artémis. Provenant de Délos, elles devaient repartir peut-être pour décorer des villas romaines. Ces magnifiques statues en bronze furent découvertes dans un entrepôt du port en 1959. J'ai aussi remarqué la reconstitution d'un temple avec des stèles sur les Amazones, un des thèmes que les Grecs anciens illustraient beaucoup. Ce petit musée comporte aussi un amphithéâtre et de nombreuses tombes funéraires sculptées. Evidemment, cet espace muséal, peu connu des touristes, était quasi désert. De telles merveilles sans être gênée : une aubaine... Ensuite, ma deuxième visite de la matinée a été consacrée à un nouvelle fondation qui vient d'ouvrir : celle de Stavros Niarchos. Cet immense complexe culturel, inauguré en 2016, abrite la Bibliothèque Nationale et l'Opéra National. Véritable pied de nez à la crise économique, migratoire et européenne, les Athéniens plébiscitent ce lieu culturel avec ses deux institutions, une librairie, des cafés, un parc arboré, un canal traversant, une terrasse avec vue sur la mer et sur Athènes. Renzo Piano, l'architecte de Beaubourg, a réalisé un projet respectant les normes environnementales : "Nous célébrons l'idée que le pays doit souffler". J'ai surtout arpenté la Bibliothèque où les livres se dévoilent en toute transparence. Verre et béton s'harmonisent pour recevoir la clarté de la lumière, venue de ce beau ciel bleu sans nuages. De nombreuses familles déambulaient dans l'espace dans un respect silencieux. L'armateur grec a légué une partie de sa fortune à cette fondation pour promouvoir la culture. Pari réussi. Il fallait bien que je visite une bibliothèque dans mon séjour…  En revenant à Athènes, j'ai grimpé sur la colline des Muses où des panoramas uniques sur l'Acropole s'offraient à mes yeux éblouis. J'ai atteint le sommet à travers une pinède ombragée et je me suis retrouvée devant le monument de Philopappos. Plus bas, j'ai revu la prison (présumée) de Socrate. J'ai ramassé un brin d'olivier et une pomme de pin pour les emporter chez moi et pour me souvenir de ce sacré philosophe génial, j'ai placé cet objet "votif" dans ma bibliothèque. Cette civilisation grecque antique me met décidément dans un état second, proche d'une communion avec ce monde de mystères comme à Eleusis… Quel voyage dans le temps, un temps si lointain et si proche de nous !